La Presse sénégalaise au bord du gouffre : l’heure des responsabilités - Par Adama SOW*

Ce jeudi 21 août 2025, les travailleurs du Groupe Futurs Médias (GFM) sont convoqués en assemblée générale. À l’ordre du jour : le licenciement annoncé par la Direction. Une simple ligne sur un communiqué, mais derrière ces mots froids se cache un drame humain, social et national. Des pères et des mères de famille qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Des journalistes, des techniciens, des animateurs qui, hier encore, donnaient de la voix pour informer, divertir, éveiller les consciences, et qui aujourd’hui se retrouvent à trembler pour leur avenir.

Ce qui se passe au GFM n’est pas un cas isolé. C’est le visage le plus éclatant d’une crise silencieuse qui gangrène toute la presse sénégalaise. Nous savons tous que les rédactions suffoquent. Les recettes publicitaires s’évaporent au profit des géants du numérique. Les journaux peinent à vendre leurs exemplaires dans un monde où les jeunes s’informent sur TikTok et WhatsApp. Les radios et télévisions accumulent les charges, tandis que les revenus stagnent. Cette réalité, nous la connaissons. Mais que faisons-nous face à elle ?

Allons-nous rester spectateurs d’une lente agonie ? Allons-nous regarder s’éteindre, un à un, les foyers de la liberté d’informer dans ce pays, comme on regarde tomber les étoiles d’un ciel jadis lumineux ?

J’interpelle ici chacun devant ses responsabilités.

Aux autorités publiques, je dis : la presse n’est pas un luxe. Elle est un pilier de notre démocratie, au même titre que la justice ou l’école. Laisser mourir les médias, c’est affaiblir le contrôle citoyen, c’est fragiliser la démocratie. L’État doit créer un cadre clair et équitable de soutien aux médias, à travers des subventions transparentes, un fonds pérenne et une fiscalité adaptée. Pas pour acheter des consciences, mais pour préserver un bien commun.

Aux patrons de presse, je dis : vous avez une part immense de responsabilité. Trop souvent, les médias ont été gérés comme des entreprises ordinaires, oubliant que leur première richesse n’est pas la publicité mais la crédibilité. La course au buzz, la précarisation des journalistes, les retards de salaires, tout cela a fragilisé la profession. Il est temps de réinventer nos modèles économiques, de miser sur le numérique, de valoriser les contenus de qualité et surtout, de placer l’éthique et la dignité des travailleurs au cœur de vos décisions.

Aux journalistes et syndicats, je dis : il est temps de dépasser les divisions et les rivalités. La crise que nous vivons impose un sursaut collectif. Sans unité, nous serons balayés un à un. Ensemble, nous devons bâtir un front pour défendre la dignité du métier, exiger des conditions de travail décentes et être force de proposition dans la refondation du secteur.

À l’opinion publique, je dis enfin : ne détournez pas le regard. Derrière chaque émission, chaque article, chaque reportage, il y a des femmes et des hommes qui travaillent jour et nuit pour vous informer, souvent au prix de leur sécurité. Soutenir la presse, ce n’est pas soutenir des entreprises, c’est protéger votre droit fondamental à être informés. Quand une rédaction ferme, c’est une voix citoyenne qui s’éteint.

Ce qui arrive au GFM doit être un électrochoc. Si même le premier groupe de presse du Sénégal chancelle, qui peut se croire à l’abri ? Aujourd’hui ce sont des dizaines de travailleurs qui sont menacés. Demain, ce sera peut-être tout un pan de notre mémoire collective et de notre capacité à débattre librement qui disparaîtra.

Le Sénégal a toujours été fier de sa tradition démocratique, de sa presse vivante, libre et critique. Mais cette fierté est en danger. Nous ne pouvons pas accepter que la survie de nos médias dépende de la charité, des intérêts politiques ou des calculs économiques de court terme.

L’heure n’est plus aux constats. Elle est à l’action. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, demain il sera trop tard.
*Journaliste

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6 commentaires

  1. Sylla

    Propos hypocrites.

    Ce Adama ne dit rien sur la mafia politico médiatique dont GFM était au cœur, et qui consistait en une campagne de désinformation et de perversion des masses, en échange d’une perfusion honteuse des comptes de ces média par l’argent du contribuable.

    Honte à vous de ne pas avoir osé pointer la source du mal.


  2. Aly

    En realité une bonne partie de la presse etait inféodèe au regime de Macky Sall

    C’est pourquoi le peuple lui a tourné le dos

    Cette presse a joué et a perdu.

    Inèluctablement elle va disparaitre.

    C’est le prix á payer quand on vend son âme au diable


  3. NOUROU

    Pendant pourquoi ne pas subventionner le transport les cordonniers les marchands ambulants elles sont la que pour mettre la pression sur les autorités avec ceux qui sont cava pas le faire elles étaient contre eux avant qu’ils soient pouvoir donc si la presse pense être forte pour les combattre allé s’y de tout les façon on ne vois écouter plus depuis 2021 bande de voyou


  4. Malick

    Aller non d’ébriété a jamais vous avez gratté le pays avec vos langues vulgaires. Pourquoi ne pas aller au Maroc trouver votre mentor


  5. Blankagiga

    L’État n’est pas une banque

    Au lieu de se plaindre de la fin des subventions, la presse devrait se remettre en question. Elle a longtemps été dépendante de l’État. C’était une relation de clientélisme qui, en plus d’être injuste, minait sa crédibilité. La vraie liberté de la presse ne vient pas des subventions, mais de son autonomie financière.

    L’heure est à l’innovation, pas à la charité

    La presse a des modèles économiques obsolètes. Plutôt que de mendier un soutien de l’État, elle devrait trouver de nouvelles sources de revenus : abonnements numériques, partenariats, événements. Ces transformations, aussi difficiles soient-elles, sont les seules qui garantiront sa survie à long terme.

    La responsabilité avant tout

    Si la presse veut être considérée comme un pilier de la démocratie, elle doit se montrer à la hauteur de son rôle. Cela implique d’être un modèle de transparence et de bonne gouvernance. On ne peut pas demander des fonds publics quand on est incapable de justifier leur bonne gestion.

    En résumé, Adama Sow, l’État a fait son choix. Maintenant, c’est à la presse de faire le sien : s’adapter pour devenir plus forte et plus indépendante, ou continuer à se plaindre au risque de disparaître.

    Senegal sunu reew


  6. Cheikh

    Moi je ne dirai le premier groupe de de presse du SÉNÉGAL, je dirai plutôt le groupe de presse le plus corrompu du SÉNÉGAL.

    Qui séme le vent récolte la tempète, GFM est entrain de récolter ce qu’ il a semé.

    Pas de pitié pour eux.C’ est le groupe le plus destesté parmi les jeunes, gage de notre démocratie.

    A bon entendeur salut!


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