La Cohabitation: «état de renforcement démocratique et gage de transparence économique», Par Maguette DIAW*
Depuis quelques semaines l’idée ou la possibilité d’une cohabitation hante le régime actuel.
Car au regard de leur bilan peu satisfaisant, l’inquiétude et la peur a fini de gagner leur rang.
Insultant l’intelligence des Sénégalais ils essaient de dissuader le peuple en cherchant des prétextes futiles de l’impossibilité d’une cohabitation au Sénégal.
La 1ere des méthodes est une stratégie de la peur, en affirmant que : cohabitation égale impossibilité et incapacité de gouverner, égale blocage du système politique de notre précieuse République, et pour renforcer leur argument ils prennent exemple sur la crise de 1962.
Or les systèmes et les régimes diffèrent, en 1962 nous étions dans un Régime de parti unique, le pouvoir était tenu par l’UPS (union progressiste sénégalais) dont étaient membre les Présidents Mamadou DIA et Léopold Sédar Senghor,
Alors que, l’esprit d’une cohabitation est impossible dans un régime de parti unique, pour avoir une cohabitation, il faudrait que l’exécutif et le parlement ne soient pas dans un seul parti politique, la cohabitation naît et évolue dans une démocratie multipartite véritable, elle se nourrit de l’évolution de la mentalité des peuples et de sa volonté de changer la gouvernance tortueuse.
Mais en plus, sur le plan institutionnel, la constitution de 1960 était trop contradictoire et floue elle conférait au Président du Conseil Mamadou Dia, dans son article 26 le droit de déterminer et de conduire la politique de la nation, il dirigeait l’action du Gouvernement, il était le responsable de la défense nationale, disposait de l’Administration et de la force armée.
Au président de la République Senghor, la constitution de 1960 dans son article 24, conférait, l’obligation de garantir la constitution et d’assurer par son arbitrage le fonctionnement des institutions, il était le chef des armées et présidait le conseil supérieur de la défense., il va de soi que des divergences profondes vont naître dans la conduite des affaires de l’Etat entre des personnalités disposant tous les deux de la force armée légale.
Hors dans notre constitution actuelle de 2001, il est claire que dans son article 42 le Président détermine la politique de la nation dans son article 45, le Président de la République est responsable de la défense nationale il préside le Conseil supérieur de la défense nationale et le Conseil national de Sécurité. Il est le Chef suprême des Armées ; il nomme à tous les emplois civils et militaires et dispose de la force armée. Le Premier ministre dans l’article 53 conduit et coordonne la politique de la nation uniquement.
Donc il ne peut plus y avoir, dualité ni divergence, dans ce cas la peur et la crainte de conflit grave est inexistante.
2eme stratégie la théorie du vide juridique, qui est infondée affirmant que la cohabitation n’est pas prévue dans la constitution actuelle, ce prétexte est caduque, car la cohabitation n’est pas une loi, elle est une conséquence de la loi, le mot cohabitation n’existe pas littéralement dans aucune constitution au monde, la cohabitation est un fait, une situation, mais pas une loi.
La France qui a connu trois cohabitations (1986-1988) (1993-1995) et (1997-2002), dans sa constitution de la 5eme République, il n’est nullement mentionné dans aucune page ou article le terme cohabitation
« La cohabitation désigne la coexistence institutionnelle entre un chef de l’Etat et un chef du gouvernement (issu de la majorité parlementaire) politiquement antagonistes » (Larousse)
Hors la constitution de 2001 révisée en 2016 dit clairement dans son article 58, l’opposition parlementaire est celle qui est représentée à l’Assemblée nationale par ses députés. Maintenant si cette opposition est majoritaire à l’Assemblée nationale, il est évident que la cohabitation doit s’établir.
Cependant, la cohabitation ne sera pas une question simplifiée de contradiction entre pouvoir- opposition, elle offrira une avancée démocratique, dans la mesure où l’Assemblée nationale jouera pleinement son rôle de contrôle de l’action du gouvernement.
Les députés pourront jouir de leurs prérogatives (motion de censure, question écrite, question orale, commission d’enquête et amendement) pour la bonne conduite de notre nation.
Donc, outre l’aspect politique, la cohabitation est un instrument de suivi de notre santé économique à travers des orientations budgétaires plus cohérentes, le control des finances, la cohabitation est donc et surtout gage de transparence,
pensez-vous que notre pétrole serait bradé, si l’Assemblée nationale avait pris toute la responsabilité qu’il fallait ?
Pensez-vous que les rapports de l’OFNAC, de l’IGE de la Cour des comptes serait traité d’une manière discriminatoire, si l’Assemblée nationale jouait son rôle ?
Pensez-vous que l’octroi de marchés comme la TER sans aucune préférence nationale ni Africaine sur un projet dont la rentabilité et la pertinence économique sont incertaines, serait-il possible ? etc.
Notre responsabilité première à nous politiques, est d’éclairer nos concitoyens sur la nécessité de voter pour l’opposition qu’incarne Manko Takhawu Sénégal et non voter Benno Bokk Yakaar.
De dire aux Sénégalais que nous avons confiance en votre bon sens, nous n’insultons pas votre intelligence et nous croyons en votre capacité à pouvoir toujours adapter la valeur culturelle du vivre ensemble dans l’harmonie que nous partageons tous depuis 1960 avec des phases de transitions politiques que nous avons toujours connus depuis 1960 avec responsabilité et dans la paix démocratique.
Lorsque Senghor, craignait des risques du multipartisme au Sénégal, vous peuple sénégalais lui avait démontrait le contraire.
Lorsque Diouf, s’inquiétait du danger de l’alternance, vous peuple sénégalais avait prouvé le contraire
Lorsque Wade n’imaginait pas une transition politique sans sa bénédiction, vous peuple sénégalais avait montré que vous êtes maitre de notre destin.
Aujourd’hui Benno Bokk yakaar dans la tourmente et qui vous dit que vous êtes incapable de gérer une cohabitation, le 30 juillet faite lui subir la même sentence : celle de la volonté du peuple.
*Parti Rewmi Thiès