Nous ne t’oublierons jamais ! C’était le 07 mai 2012 sous le ciel de Metz que, victime d’un accident vasculaire cérébral, Jules Bocandé rendit l’âme. A peine la Seconde Alternance démocratique du Sénégal venait-elle de vagir ; le Destin jaloux prononça l’oraison funèbre de ce digne fils du Sénégal. Si, en ce jour de 07 mai, la France se rappelle sa cinglante défaite en Indochine, le Sénégal, lui, continue de pleurer la perte de l’un de ses plus talentueux défenseurs : Jules-François Bertrand Bocandé.
Né le 25 novembre 1958 à Ziguinchor dans le sud du Sénégal, Jules « Beau-Gaindé » montra très tôt ses qualités de footballeur talentueux. Il dépasse ,surpasse et surclasse tous les garçons de son âge. Ce talent hors de pair va être sanctionné positivement par la Fédération Sénégalaise de Football, puisqu’il est élu meilleur espoir du football sénégalais en 1974. C’est au Casa-sports, club de sa ville natale et de toute la verte Casamance, qu’il reçut la reconnaissance de son talent. Avec ce club fétiche, il connut deux finales de Coupes du Sénégal.
La première est jouée en 1979 au stade Demba Diop qu’il remporta en compagnie de Demba Ramata Ndiaye, d’Ousmane Ndiaye « compliqué », Bassirou Ndiaye, entre autres. Bassirou Ndiaye, justement, s’illustre en marquant les deux buts lors de cette finale historique contre le Diaraf de Dakar présidée par le Poète-Président Léopold Sédar Senghor qui, en remettant la coupe aux Casamançais, fit l’éloge du régionalisme au détriment du tribalisme. (RTS 1) La seconde finale est disputée en 1980 entre le Casa de Jules Bocandé et la Jeanne d’Arc de Dakar. Cette finale, jouée à deux reprises, sera perdue par le club du Sud.
Après avoir quitté le championnat sénégalais, c’est en Belgique que Jules Bocandé dépose ses baluchons puis en France. C’est au FC Metz notamment que Bocandé va inscrire son nom dans les annales du football international. Il réussit à être le premier Sénégalais meilleur buteur du championnat français et l’un des premiers Africains à obtenir ce prestigieux titre. Il inscrit 23 buts !(Seneweb. Com) Sous le maillot de Metz, c’est le Sénégal qu’il honora par la plus belle des manières ! Comme Léopold Sédar Senghor sous la coupole de l’Académie française, Jules Bocandé venait de faire entrer son nom et celui de son pays dans l’Histoire du football français.
Très attaché à son pays, Bocandé a fait aussi les beaux jours de l’équipe nationale du Sénégal. C’est dans cette équipe qu’il manifesta le plus son patriotisme. Ayant du mal à se libérer de son club messin pour jouer le match qualificatif de la Coupe d’Afrique de 1986 en Egypte, Jules Bocandé use d’une ruse pour rejoindre ses coéquipiers sénégalais. A ce titre, il explique : « Je ne devais pas venir jouer ce match. Le même week-end contre le Zimbabwe, on avait une rencontre en coupe de France à jouer, le FC Metz voulait me garder, il fallait que j’insulte l’arbitre, une semaine auparavant, pour qu’il me donne un carton rouge afin que je puisse venir en équipe nationale » (L’Observateur).
Jules Bocandé réussit à marquer trois buts somptueux qui qualifièrent le Sénégal en Coupe d’Afrique des nations, après 17 ans de disette puisque, depuis Asmara 68, le Sénégal ne s’était plus rendu au banquet du football africain. (Abdoulaye Diaw dit Laye). De 1985 à 1993, Jules portera très haut le drapeau national. L’on se rappelle cette victoire historique à la CAN d’Algérie du Sénégal de Bocandé sur le Cameroun de Mila, champion d’Afrique en 1984 et 1988 et futur vainqueur en match d’ouverture de la Coupe du Monde 1990 de l’Argentine championne du monde en titre avec Maradona sous sa houlette. Le Sénégal élimine le Cameroun et joue sa première demi-finale de l’histoire en CAN.
Bocandé, à la fin de sa riche carrière d’international, se consacre au rayonnement du football de son pays. Il amène, en tant qu’entraineur, avec son ami Boubacar Sarr ‘Locote’, l’équipe nationale du Sénégal à la CAN de Tunisie 1994. (Le Soleil)
Jules-François Bocandé a inspiré des joueurs africains tels que Samuel Eto’o et El Hadji Ousseynou Diouf. (Le Stade) Aujourd’hui, plusieurs instituts de football portent le nom de ce grand footballeur.
Jules Bocandé était un « beau gaindé » dans la tanière sénégalaise !
Paix à ton âme, Essamay !
Abdoulaye Seydi – Le Petit-fils spirituel de Senghor.
Inspecteur de Jeunesse
Merci Abdoulaye de nous avoir rafraîchi la mémoire et votre reconnaissance envers ce GAÏNDÉ qui ne tariera pas d’éloges. Voilà un bon exemple de patriotisme. Merci.