Jeunes et transitions politiques au Sahel et en Afrique de l’Ouest : Quels bilans d’étape ?

Pourquoi un webinaire régional sur « Jeunes et transitions politiques au Sahel et en Afrique de l’Ouest » au moment où les différentes expériences en cours commencent à interroger les observateurs comme les citoyens des pays respectifs qui traversent cette période décisive et cruciale pour l’avenir de leurs institutions et de manière générale, leur stabilité pour les années à venir ? Comment expliquer l’engouement des jeunes lors des différents coups d’État qui ont réussi dans la région et qui ont débouché sur de « nouvelles pathologies de la démocratie » – qu’elles prennent la forme d’interventions militaires contre le pouvoir civil ou de violations de la Constitution visant à permettre aux dirigeants sortants d’effectuer un mandat supplémentaire ?

Ces phénomènes récurrents méritent d’être analysés en prenant en compte les perceptions des jeunes qui, à l’origine, étaient aux avant-postes des luttes pour la démocratie et qu’on retrouve, aujourd’hui, en première ligne pour acclamer l’arrivée des militaires au pouvoir.

Deux questions centrales se posent avec acuité qui méritent une profonde et sérieuse réflexion : Que s’est-il réellement passé pour que s’impose cette nouvelle dynamique que l’on note aussi bien au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et dans une moindre mesure au Tchad ? En est-on arrivé à une panne du modèle démocratique qui n’aurait tenu ni la promesse du développement ni celle de la sécurité et encore moins celle d’un plein épanouissement d’une jeunesse en pleine « quête de sens et de chance » ?

Les jeunes en sont-ils à une approche « alternative » de la question démocratique parce que le multipartisme qui devait couronner le processus démocratique a, tout au plus, réveillé le spectre de l’ethnicisme et du régionalisme dans les différents pays de la région ? Comment en est-on arrivé à cette situation complexe où à un pluralisme démocratique sain et paisible tant rêvé s’est substitué l’esprit de « népotisme de clans », allumant le feu des crises et conflits intercommunautaires qui font toujours rage sur le continent sur fonds d’une insécurité devenue endémique ?

Aujourd’hui, ces conflits latents ou qui couvent dans nombre de nos pays sont ravivés par les effets du terrorisme et du radicalisme religieux au Sahel et en Afrique de l’Ouest alors que des régimes militaires sont venus sonner le glas de la réelle dynamique de démocratisation des dernières décennies malgré leurs insuffisances. Depuis quelques mois, des transitions politiques sont entamées dans un contexte de vives contestations, d’un vent inédit de « populisme » pour certains et même de surenchères nationalistes voire diplomatiques.

Pourtant, le rôle des jeunes dans cette période reste flou oscillant au gré des instrumentalisations politiques et des revendications souverainistes brandies par les gouvernements de transition comme une nouvelle demande sociale qui serait au cœur des priorités et dont ils seraient les nouveaux chantres légitimes voire incontournables.

Depuis le lancement, en octobre 2021, de l’initiative participative « la Parole aux Maliens » et l’étude de perception menée par Timbuktu Institute dans 10 régions du Mali, il manque une véritable mise à jour sur l’appréciation propre aux jeunes de la conduite des transitions politiques.

Mais, ces transitions ont-elles réussi à répondre, concrètement, aux attentes des jeunes ? Les gouvernements de transition respectifs ont-ils, comme promis à leur arrivée, suffisamment impliqué les jeunes dans la gestion des affaires publiques ? Les gouvernements respectifs et les nouvelles autorités ont-ils effectué un travail d’écoute et de recueil des attentes de cette frange qui constitue l’écrasante majorité de la population des différents pays en situation de transition politique ? Enfin, au-delà des manifestations et des diverses mobilisations politiques des jeunes, quelle est l’appréciation de cette catégorie d’acteurs de la conduite même des transitions en termes d’atteinte des objectifs, d’orientations et de prise en compte de la nécessaire consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit ?

C’est dans cette perspective que le bureau Mali du Timbuktu Institute qui conduit une veille sur ces différents pays à travers ses chercheurs et grâce aux outils technologiques de son Observatoire des réseaux sociaux, organise ce webinaire participatif à dimension régionale. Cet évènement animé par des chercheurs et acteurs de la société civile du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Sénégal et du Tchad entre dans le cadre du concept « Conversations citoyennes » développé par l’Institut et qui couvrira divers sujets de préoccupation dans les pays de la région avec un focus particulier sur les jeunes et leurs perceptions et visions de la démocratie, de l’Etat de droit, des avancées dans la conduite des transitions politiques mais aussi des rapports entre l’Afrique et le reste du monde.

Ce webinaire régional destiné, surtout, à faire entendre la voix de jeunes engagés, aux divers profils ainsi que leur appréciation de la situation verra la participation de : Maix Somé du Burkina Faso, économiste et analyste politique, Nathalie Sidibé du Mali, directrice de Data Tic Consulting, Open Data Activist, Joslain Djeria du Tchad, analyste politique spécialiste des questions de stabilisation, Sally Bilaly Sow de la Guinée, Coordonnateur de l’Association Villageois 2.0 et consultant en CivicTech et de Fanta Diallo du Sénégal, Activiste-féministe et bloggeuse engagée sur les questions de citoyenneté et de participation politique.

Avec timbuktu-institute

1 COMMENTAIRE
  • zik

    Au mali on sait qu’il s’agit de vrais militaires et de vrais patriotes. Pour le Tchad, la france a tué le père pour installer le fils, ça me rappelle le Congo quand ils ont tué Kabila père pour placer Kabila fils.
    En Guinée c’est encore eux.

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