Interpellation de Macky Sall sur le règlement 14 de l’Uemoa, le ‘’coq à l’âne’’ de Mansour Faye…

Il y a quelques jours, des organes de presse ont publié des informations en rapportant des propos prêtés au ministre en charge des Transports terrestres. Ces propos qualifiés dans les médias de ‘’démenti du ministre’’ Mansour Faye à l’endroit des transporteurs sur une supposée baisse des prix du pesage à l’essieu déploré par les transporteurs, nous vaut cette sortie médiatique pour remettre les pendules à l’heure. Nous estimons que cela n’est pas un comportement que nous attendons d’un ministre du gouvernement du Sénégal qui se respecte.

Après quelques jours de réflexion, pour voir quelle attitude prendre face à ces propos, nous estimons qu’il est de bon ton de rappeler à l’opinion publique que ce que le ministère a fait, c’est ce que plus d’un qualifieraient de ‘’coq à l’âne’’. Nul part dans le communiqué envoyé aux organes de presse nous n’avons fait état de prix. Nous devons, aux Sénégalais, de leur signaler que chronologiquement, il y a d’abord eu un agenda. C’était pour qu’au 30 juin, qu’on passe dès le 1er juillet sur des modifications sur le Règlement 14 de l’Uemoa relatif au contrôle de la surcharge à l’essieu. C’est cela qui avait motivé la publication de notre dernier communiqué.

Un comportement que nous attendons pas d’un ministre

Force est de reconnaître également, qu’après cette sortie médiatique, nous avons constaté un certain recul du ministère. Mais la réaction du ministère dénote une certaine volonté de se voiler la face. Son attitude face aux préoccupations majeures des acteurs du secteur des transports s’apparente à de la ‘’politique de l’autruche’’. La preuve, dans ce communiqué indexé, Mansour Faye et ses collaborateurs qui ont tenté de nous démentir, ont parlé d’un groupe de transporteurs qui dénonçaient la hausse des tarifs de la charge à l’essieu. Ce qui est faux. Nous estimons que ce communiqué, d’où qu’il vienne, est de la manipulation, parce qu’en aucun moment nous n’avons parlé de prix, dans le document rendu public.

Dès lors, invite est faite au ministère de citer nommément la cible de son démenti et lui rappelons que nul n’a le droit, du moins ici au Sénégal, de désinformer ses concitoyens ou de tenter de les manipuler avec des contrevérités. Nous avons été surpris par cette réaction de la tutelle. Ce serait malheureux si ce document venait du ministère, puisqu’il démontrerait l’amateurisme avec lequel ledit département est géré. Cela montrerait que nous sommes gérés au pif et que la gouvernance du secteur des transports terrestres n’obéit à aucune logique ni à une quelconque pertinence. Etre à court d’argument, ne devrait pas être une raison, pour une autorité qui se respecte de tenter de manipuler les Sénégalais en prêtant à des transporteurs des propos qu’ils n’ont jamais tenus.

L’amateurisme du  ministère du Transport

Nous prenons les Sénégalais pour témoins de tout ce qui a été dit. Nous en profitons pour lancer l’alerte sur les intentions inavouées de Gecamine sur les poids. Ce qui est une énième tentative pour mettre en vigueur le règlement 14.

Au nom des organisations dont je suis le responsable moral, je voudrais interpeller les Sénégalais, mais en particulier, Son Excellence, le président de la République, Macky Sall. Il ne faudrait pas qu’on tente de lui faire croire que c’est le règlement 14 qui est en application au Sénégal. D’ailleurs, chaque pays applique ce règlement qui est là depuis 2005, à sa façon. Et c’est pour dire au président Macky Sall qu’on n’a pas un règlement 14 relatif au contrôle de la surcharge à l’essieu parce que cela suppose que ce sont les essieux qui sont pesés. Et que dès qu’il y a une surcharge sur un essieu, même si le poids total autorisé est exact, le transporteur est condamné à payer une amende sur la base de l’essieu en surcharge. Parce que les techniciens sont tous d’accord sur le fait que c’est la surcharge sur l’essieu qui détruit la route. Donc ça, c’est le principe de la surcharge à l’essieu et du contrôle de la surcharge à l’essieu.

Mais monsieur le président, je voudrais convoquer également votre casquette d’ingénieur pour vous dire que ce qui est appliqué au Sénégal, c’est le contrôle de la surcharge par pont bascule. Parce qu’un camion peut passer au pont bascule dès qu’il a le poids autorisé. Si le véhicule passe chez Afrique Pesage, même si un essieu accuse une surcharge, le conducteur n’encourt aucune sanction pécuniaire. Ce qui est contraire à l’esprit du règlement 14. Donc cela montre que l’essieu n’est pas pris en compte, même si constat est fait d’une surcharge sur l’essieu. Cela est le fruit d’accords à la suite des 24 jours de grève que les transporteurs avaient initié, alors que Me Oumar Youm avait en charge le ministère consacré aux transports terrestres. On avait pris 10 mesures dont deux retenues.

C’est contraire à l’esprit du règlement 14

Nous attendions l’effectivité des deux mesures pour nous concentrer sur le contrôle de la surcharge à l’essieu. Parce que nous sommes conscients que préserver les routes, c’est préserver notre matériel. Nous ne comptons jamais aller à l’encontre du règlement fait pour préserver les routes. Mais, il faudrait au préalable la mise en place d’un bureau de fret. Il se trouve que le ministère avait un projet de mise en place d’un bureau de fret et que le Cosec était très en avance sur la mise en place d’une bourse de fret. Il était convenu qu’on aille vers la mise en cohérence de la bourse de fret et du bureau de fret pour avoir un Centre national pour la gestion du fret. Un comité a été mis en place. 2 ou 3 réunions ont été tenues dans les locaux du Cosec. Cela fait 2 ou 3 ans, mais figurez-vous monsieur le président, ce comité ne s’est pas réuni depuis au moins 24 mois. Et les deux représentants du ministère des infrastructures notamment, relevant de la division des transports terrestres, ont été affectés au niveau du Fond de développement des transports terrestres. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, le Cosec est très en avance et envisage d’abord de prendre une région comme région pilote. A ce jour, nous craignons une volonté manifeste du ministère de ne pas mettre en place le Centre national pour la gestion des frets. On en parle. Ils en parlent, mais rien n’est encore sur la table.

Mise en place d’un bureau de fret

Son Excellence, Monsieur le président,

Nous vous interpellons, encore une fois pour solliciter votre arbitrage dans le secteur des Transports terrestres. En effet, quand un conteneur quitte l’Europe avec son plomb, qu’il arrive et qu’il accuse une surcharge, nous savons que ce n’est pas la faute du transporteur. Et si ce conteneur est en partance pour le Mali, personne ne peut faire sauter le plomb qui est l’arbitre entre le transporteur et le destinataire de la marchandise. Et c’est de la marchandise en transit. C’est dire qu’il y a tout un ensemble de choses au niveau du règlement 14 qui mériterait votre attention.

Ce qui est mieux pour l’intégration africaine est que ce règlement soit revu au niveau de l’Uemoa pour son application simultanée dans tous les pays. Il nous faut signaler, en définitif, qu’au Sénégal nous n’avons pas un contrôle de la charge à l’essieu, mais nous avons un contrôle de la surcharge par pont bascule. Nous vous invitons à vous référer au ministère pour vérifier ce que je dis et surtout à en parler avec vos homologues pour une révision de ce règlement. Parce que le règlement qui est appliqué, en l’espèce, est l’autel sur lequel l’agneau du sacrifice n’est autre que le Port autonome de Dakar.

En tant que privé, j’assume ces propos. Parce que dans les autres pays, ce règlement est appliqué, mais chacun a sa manière. Voilà les raisons qui font qu’aujourd’hui, nous avons voulu vous inviter à porter une attention particulière sur ce règlement 14. Beaucoup de correspondances vous ont été adressées, pour vous signaler qu’il était grand temps que vous interveniez, mais elles sont toutes restées lettres mortes, malgré les décharges après réceptions.

*Momar SOURANG

Coordinateur du Collectif des Professionnels des Transports routiers du Sénégal

Président de la Commission Transport du Groupement économique du Sénégal (G.E.S)

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