« Idy-Sonko : Une animosité pas que politique… » (Madiambal Diagne)

Je révélais, à travers ces colonnes, avoir rencontré, à sa demande, Ousmane Sonko en 2013. Il n’était pas encore entré en politique mais cherchait à sauver la tête de Tahibou Ndiaye, ancien Directeur des Domaines, emprisonné pour des prévarications de ressources foncières.

Ousmane Sonko était accompagné de Ismaïla Ba, son partenaire des cabinets Mercalex et Atlas (sans doute un jour l’occasion sera donnée d’évoquer les drôles de péripéties de cette affaire Tahibou Ndiaye).

C’était à l’occasion de cette discussion que Ousmane Sonko me confia qu’il songeait entrer en politique et me demandait un avis. Je lui suggérais d’aller militer naturellement dans le Parti Rewmi de Idrissa Seck, qui venait, quelques mois plus tôt, de se séparer de Macky Sall.

Ousmane Sonko révéla avoir essayé de se rapprocher de Idrissa Seck et l’avait rencontré déjà à deux reprises, mais avait fini par se convaincre qu’il ne pouvait rien faire avec cet homme qu’il percevait comme arrogant, trop imbu de sa personne. Je lui conseillais alors de lancer sa propre formation politique, étant entendu qu’il y avait, de mon point de vue, de la place à prendre et qu’une nouvelle offre politique incarnée par des jeunes pouvait prospérer.

Le parti Pastef sera porté sur les fonts baptismaux, quelques semaines plus tard, en janvier 2014. Pour la petite histoire, quand j’en avais parlé à Amadou Bâ, alors nouveau ministre de l’Économie et des Finances, il en avait ri à gorge déployée, faisant remarquer que «Sonko a certes du bagout mais qu’il détruira lui-même tout ce qu’il aura construit».

Idrissa Seck et Ousmane Sonko se retrouveront dans les rangs de l’opposition mais leurs relations restaient des plus exécrables. D’ailleurs, Malick Gakou, leader du Grand Parti avait été amené à s’interposer entre les deux hommes, qui voulaient en venir aux mains au cours d’une réunion de Manko Wattù Sénégal, une coalition de l’opposition créée en 2017.

Leur adversité sera exacerbée par les retrouvailles entre Idrissa Seck et Macky Sall en 2020. Aujourd’hui, de retour dans l’opposition, Idrissa Seck, qui était arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2019, tient coûte que coûte à retrouver la place de leader naturel de l’opposition qu’il avait laissée à Ousmane Sonko.

Ce dernier s’empêtre dans ses déboires judiciaires et cela a donné des idées à Idrissa Seck, de lui rendre visite, à l’heure du laitier, déguisé et à moto, afin de lui proposer un pacte d’alliance. Idrissa Seck considère que Ousmane Sonko devra faire le deuil de sa participation à la prochaine élection présidentielle de 2024 et il l’appelle à se résoudre à s’aligner derrière lui, contre la promesse d’une réhabilitation. Ousmane Sonko ne saurait accepter d’avoir simplement à chauffer la place pour Idrissa Seck, encore moins envisager une autre idée que d’être le successeur de Macky Sall, «quitte à y laisser sa vie».

Par Madiambal DIAGNE

3 COMMENTAIRES
  • Fary

    Belle analyse.
    C’est ça l’information. Pas du people ou du folklore.

  • Ryhb

    Madiambal fene ba kheum va te faire éculée

  • Lamine Diop

    Il ne manquait plus que lui !

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