Hommage au professeur Malick Ndiaye : un esprit fécond et généreux (Par Alassane K. Kitane)

Hommage au professeur Malick Ndiaye : un esprit fécond et généreux (Par Alassane K. Kitane)

J’avais décidé de ne plus rendre hommage aux disparus, car il peut paraître indécent de produire autant de textes comme si on trouvait du plaisir dans ces oraisons funèbres. Mais que faire ? On est presque toujours forcé de survivre à certains amis et d’être survécu par d’autres sur cette terre de peine et de larmes que nous partageons avec eux. On pleurera toujours des amis, des parents et des collègues. On sera aussi « pleuré » un jour. La mort n’est certes pas notre destination, mais nous sommes tous appelés à goûter à sa saveur amère avant d’accéder à notre demeure finale. La première victoire contre la mort, c’est donc naturellement cette capacité perpétuer l’œuvre et le nom des morts à travers l’écrit et la parole.

Ainsi donc Malick est parti rejoindre les cieux. Oh mon Dieu ! Quel homme engagé pour le futur de son peuple. Cet homme est fondamentalement passionné du Sénégal debout. L’histoire retiendra que vous avez écrit, manifesté, éveillé
par la parole publique vos concitoyens. Vous avez été un modèle de citoyenneté active. Nous qui vous avons connu à l’université et qui avons gardé des relations amicales avec vous savons à quel point vous avez rendu service à cette nation. Malick Ndiaye enseignait presque comme il vivait : il était passionné, plein d’initiatives. On ne pouvait pas ne pas aimer la sociologie après avoir assisté à un cours de Malick surtout sur les stratifications de la société sénégalaise traditionnelle.

Mais Malick savait surtout que l’enseignement, c’est avant tout la formation à lacitoyenneté, la préparation et
l’entretien de l’avenir dans et par le présent. Il est très difficile de nos jours de voir un intellectuel aussi engagé pour la cause du bas peuple que Malick. Il était tout le temps sur le terrain avec un éventail d’initiatives. Malick était un rêveur comme le sont tous les grands intellectuels : il voulait soumettre le monde à la noblesse et à la justesse des Idées. Tout le temps, Malick était occupé à réfléchir ou à tracer des sillons pour réunir les
intellectuels et les patriotes sénégalais autour de quelque chose de grand.

Malick, c’est aussi une révélation qui a fini par être une boussole pour ses actions citoyennes. Je ne me rappelle pas l’avoir rencontré sans que la discussion ne s’achève par une incursion sur Massalikul Jinàan. Ce texte de
Xadimul Mustafa était devenu un viatique ou un vadémécum pour la voie du salut qu’il s’était frayé et qu’il proposait à son époque. Passionné de Massalik, comme il l’abrégeait, il avait fait de ce texte une sorte de renaissance
intellectuelle et spirituelle pour lui. Les hommes lisent des livres y découvrent des choses communicables et d’autres presqu’ineffables (non pas parce qu’elles sont inconnues, mais par peur de ne pas être compris !). Malick était visiblement​ ébloui (peut-être visité) par quelque chose dans ses lectures de Massalik : que ce soit alors sa voie vers le Paradis !

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