Guerre, cancer et faim… une bataille pour la survie au Soudan au milieu des appels à la paix

À Merowe, au nord du Soudan, Asmaa, une Soudanaise quadragénaire, a décidé de s’installer après un long périple de déplacement depuis Khartoum, fuyant l’insécurité et la dégradation des conditions de vie. Atteinte d’un cancer du sein, elle ne compte plus que sur sa sœur, Eman Hussein, qui s’occupe d’elle depuis leur arrivée à Merowe, où elles luttent désormais pour obtenir les traitements nécessaires.

Dans un rapport publié le 1er novembre 2025 par le Forum des médias soudanais, Eman raconte : « Nous avons énormément souffert pour arriver jusqu’à Merowe, et aujourd’hui, nous faisons face à la rareté des traitements et à leur coût exorbitant. »
Le cas d’Asmaa illustre celui de milliers de Soudanais confrontés à la même épreuve. Le cancer se propage dans un pays déjà dévasté par la guerre qui ravage le Soudan depuis la mi-avril 2023, aggravant ainsi la crise humanitaire.

Des milliers de cas

Le rapport indique que près de 28 000 nouveaux cas de cancer sont enregistrés chaque année au Soudan, faisant de la maladie l’une des principales causes de mortalité.
Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (GLOBOCAN 2020), le taux d’incidence du cancer du sein au Soudan dépasse 41 cas pour 100 000 femmes, la plupart étant diagnostiquées à un stade avancé.

Une étude du Centre de radiologie et d’isotopes de Khartoum révèle que le taux de survie atteint 79 % pour les cas détectés précocement, contre moins de 10 % pour les stades avancés.
La situation est aggravée par l’effondrement du système hospitalier, la plupart des établissements ayant été détruits ou mis hors service par les bombardements, tandis que de multiples épidémies se propagent.

Les appels à la paix se multiplient

Face à cette tragédie, les civils soudanais réclament la fin immédiate du conflit afin d’alléger la souffrance de la population et de mettre un terme à la destruction du pays.
Le 1er septembre 2025, le Groupe de plaidoyer pour la paix au Soudan a lancé l’initiative « Appel pour la paix au Soudan », visant à instaurer une paix durable et équitable, dirigée par les Soudanais eux-mêmes.

Issam Eddin Abbas, membre du groupe, a présenté la vision stratégique de l’initiative, expliquant qu’elle répond à une urgence historique et qu’elle se veut inclusive et non partisane, cherchant à réconcilier les communautés locales et à impliquer les élites politiques dans un processus de paix global.

Il a ajouté que cette initiative repose sur la consultation populaire nationale, la promotion d’une culture de la paix et l’engagement du soutien régional et international.

Fin octobre 2025, des militants ont également lancé la campagne « Save Sudan – Stop the War » (Sauvez le Soudan – Arrêtez la guerre), dénonçant « deux ans et demi d’enfer » vécus par le peuple soudanais sous les bombes, appelant à mettre fin à une guerre qui « n’a apporté que souffrance et ruine à un peuple qui mérite la paix et la dignité ».

Ils soulignent que le conflit a engendré mort, famine, maladie, pauvreté et déplacement forcé, transformant des villes prospères en cendres et en souvenirs douloureux.

Mobilisation internationale

Sous la pression populaire, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Égypte ont proposé en septembre 2025 une initiative conjointe pour restaurer la paix et la sécurité au Soudan.
Leur déclaration commune appelle à une trêve humanitaire de trois mois, première étape vers un cessez-le-feu permanent, puis vers un processus de transition inclusif et transparent sur neuf mois, menant à un gouvernement civil indépendant.

Elle insiste sur la préservation de la souveraineté et de l’unité du Soudan, ainsi que sur la nécessité d’intensifier l’aide humanitaire et d’endiguer les flux d’armes qui prolongent le conflit.

L’ONU a salué cette initiative. Son porte-parole, Stéphane Dujarric, a déclaré à New York : « Nous reconnaissons l’importance de l’initiative du Quartet. Les Nations unies restent pleinement engagées dans toute démarche visant à mettre fin à cette guerre dévastatrice. »

Il a réaffirmé que le conflit soudanais n’a pas de solution militaire, exhortant les parties à protéger les civils, à instaurer une trêve humanitaire immédiate, et à garantir l’accès sûr et sans entrave de l’aide humanitaire.

Soutien humanitaire

Dans le cadre de ces efforts, Mohamed Abushahab, ambassadeur et représentant permanent des Émirats arabes unis auprès de l’ONU, a appelé au respect du droit international humanitaire et à la mise en place de corridors sécurisés pour acheminer l’aide vers les populations les plus vulnérables — femmes, enfants et personnes âgées.

Il a annoncé un don supplémentaire de 100 millions de dollars pour soutenir les opérations humanitaires au Darfour, où la situation humanitaire se détériore gravement.
Depuis le début du conflit, les Émirats arabes unis ont accordé 600,4 millions de dollars d’aide au peuple soudanais, dont 200 millions de dollars promis lors de la conférence humanitaire d’Addis-Abeba (février 2023).
Au total, l’aide humanitaire émiratie au Soudan sur la dernière décennie atteint 3,5 milliards de dollars.

Les Émirats ont également consacré 70 millions de dollars à des agences onusiennes, dont 25 millions au Programme alimentaire mondial, et 20 millions au HCR, ainsi que 18 millions entre l’OMS, le FAO, l’OCHA et puis l’UNICEF.

Des navires d’aide humanitaire ont été dépêchés vers le Soudan, le Tchad et l’Ouganda, transportant 13 168 tonnes de vivres, de médicaments et de matériel d’urgence, dont 6 388 tonnes de denrées alimentaires et 280 tonnes de matériel médical.

Soutien médical

Face à l’effondrement du système de santé soudanais, les Émirats arabes unis ont construit deux hôpitaux de campagne à Am-Djarass et Abéché au Tchad, ayant accueilli 90 889 patients.
Ils ont aussi inauguré un hôpital à Madol, dans l’État de Bahr el-Ghazal au Soudan du Sud, et fourni une assistance à 127 établissements de santé répartis dans 14 États soudanais.

Votre avis sera publié et visible par des milliers de lecteurs. Veuillez l’exprimer dans un langage respectueux.

Laisser un commentaire