En France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé ce mardi avoir saisi le Conseil d’État via une lettre rectificative. Cette démarche vise à officialiser le report de la réforme des retraites dans le budget 2026 de la Sécurité sociale, une mesure qui avait provoqué d’importants mouvements sociaux en 2023.
S’exprimant devant l’Assemblée nationale, le chef du gouvernement a précisé que cette lettre a été transmise « cette nuit ». Selon nos informations, le document doit encore être validé par le Haut Conseil des finances publiques puis adopté en Conseil des ministres cette semaine. L’objectif est d’inscrire formellement la suspension de la réforme, qui prévoit le recul progressif de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation, dans la trajectoire financière de l’État.
Cette annonce intervient alors que les oppositions réclament des garanties. La cheffe des députés du Rassemblement National, Marine Le Pen, a dénoncé une « probabilité non négligeable » que cette suspension « n’ait jamais lieu ». De son côté, le député socialiste Boris Vallaud a interpellé le gouvernement sur l’absence de base législative claire pour ce report. En réponse, Sébastien Lecornu a assuré que « le débat aura lieu quoi qu’il arrive », sans fournir de détails sur le calendrier ou le support législatif.
En déplacement à Ljubljana, le président Emmanuel Macron a également clarifié la position de l’exécutif. Il a confirmé qu’il ne s’agissait pas d’un abandon définitif du projet. « Ce n’est ni l’abrogation, ni la suspension, c’est le décalage d’une échéance », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par l’agence Anadolu. Le chef de l’État a souligné que ce report, qui devait porter l’âge légal à 63 ans et 3 mois dès le 1er janvier 2027, serait financé par des économies. Il a aussi évoqué la possibilité d’un référendum à l’avenir, tout en soutenant la volonté du Premier ministre de dialoguer avec les partenaires sociaux.
La réforme des retraites avait été adoptée en avril 2023 par le biais de l’article 49.3 de la Constitution, sans vote à l’Assemblée nationale. Cette décision avait engendré un vaste mouvement social, avec plusieurs millions de manifestants à travers le pays.