La France a exprimé sa position sur un projet de prêt européen destiné à l’Ukraine, financé par les intérêts des avoirs russes gelés. Alors que les dirigeants de l’Union européenne doivent se prononcer cette semaine à Bruxelles sur ce mécanisme, Paris soutient l’initiative tout en insistant sur plusieurs points de vigilance.
Selon des informations rapportées par l’agence Anadolu, la Commission européenne a présenté une proposition juridique pour un « prêt de réparation » de 140 milliards d’euros en faveur de Kiev. Ce dispositif vise à utiliser les revenus générés par les avoirs de l’État russe, bloqués depuis le début du conflit en février 2022, pour financer l’effort de guerre ukrainien sur une période de deux à trois ans. Cette mesure est considérée comme cruciale pour l’Ukraine, qui fait face à un déficit budgétaire estimé à 60 milliards de dollars et à une diminution de l’aide américaine. L’approbation finale des 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE est attendue lors du Conseil européen.
Par la voix de Pascal Confavreux, porte-parole du Quai d’Orsay, la France a salué « l’unité des Européens » dans leur appui à l’Ukraine, mais a appelé à la prudence. Paris a défini plusieurs conditions pour garantir la légalité et la viabilité du prêt. Parmi celles-ci figurent le respect strict du droit international, l’interdiction de confisquer directement les avoirs russes en numéraire, et un partage équitable des risques financiers entre les pays membres du G7. Cette position s’inscrit dans un contexte de soutien constant à Kiev, où, selon nos informations, le gouvernement français a réitéré que son appui se manifestait sur les plans « militaire, capacitaire et financier ».
Au-delà des aspects juridiques et financiers, la France a également avancé une condition d’ordre stratégique. Les autorités françaises ont plaidé pour qu’une « part substantielle des fonds européens soit consacrée à l’achat de matériel militaire européen par l’Ukraine ». L’objectif affiché est que ces ressources contribuent également au renforcement de la base industrielle et de défense du continent. Cette démarche s’aligne sur les préoccupations sécuritaires croissantes face à la Russie, des hauts responsables militaires ayant déjà prévenu qu’il fallait être « prêt à un choc dans trois, quatre ans ». Le dossier sera au centre des discussions à Bruxelles cette semaine.