L’ancien président français Nicolas Sarkozy connaîtra le verdict du tribunal correctionnel de Paris ce jeudi 25 septembre, dans l’affaire dite du « financement libyen » de sa campagne présidentielle de 2007. Il est accusé de « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de détournement de fonds publics libyens ». Le parquet national financier a requis contre lui sept ans de prison ferme, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
L’affaire, qui a débuté en janvier dernier, s’est achevée début avril après plus de trois mois de débats. Treize prévenus, dont d’anciens ministres comme Claude Guéant et Brice Hortefeux, comparaissaient aux côtés de Nicolas Sarkozy. Ce dernier a toujours nié les faits, dénonçant un « réquisitoire politique et violent ». Ses avocats ont mis en avant l’absence de preuves concrètes et accusé Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, d’avoir utilisé à des fins personnelles les fonds libyens qui lui étaient destinés. Ziad Takieddine est décédé mardi à Beyrouth, à la veille du délibéré, à l’âge de 75 ans.
De son côté, le parquet national financier a rappelé les nombreux indices à charge : valises d’argent liquide remises entre 2006 et 2007, circuits financiers opaques, dépôts suspects sur des comptes étrangers, le tout coïncidant avec la campagne présidentielle de 2007. L’ONG Sherpa, partie civile au procès, attend que la justice confirme la solidité du dossier, instruit pendant treize ans. Pour son avocat, Me Vincent Brengarth, « le procès a été à la hauteur des attentes et a parfaitement invalidé la thèse selon laquelle il serait vide ». Il espère que la juridiction reconnaîtra « l’existence d’un circuit parfaitement sophistiqué et opaque pour financer une campagne électorale par le biais d’une puissance étrangère ». L’affaire trouve son origine dans les accusations du clan Kadhafi après la rupture entre Paris et Tripoli en 2011. Depuis, témoignages, documents et déclarations médiatiques se sont succédé, alimentant le dossier. « L’attente citoyenne est incommensurable », souligne Me Brengarth, qui voit dans ce verdict l’occasion de restaurer la confiance dans les institutions.