Le procès du cimentier français Lafarge et de huit personnes physiques, accusés de « financement du terrorisme » et de « violation d’un embargo » en Syrie, a été reporté. L’audience, qui s’était ouverte ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, a été renvoyée au 18 novembre prochain en raison d’une irrégularité de procédure.
Selon nos informations, la décision de report a été prise après la constatation d’une erreur dans l’ordonnance de renvoi visant l’un des prévenus, Bruno Pescheux, ancien dirigeant de la filiale syrienne du groupe. La période des faits pour lesquels il est mis en examen, de 2012 à juillet 2014, ne correspondait pas à celle mentionnée dans le document, qui s’étendait jusqu’au 19 septembre 2014. Le parquet national antiterroriste a été saisi pour régulariser l’ordonnance. Les nouvelles dates du procès sont désormais fixées du 18 novembre au 19 décembre.
Le groupe Lafarge, en tant que personne morale, et huit de ses anciens cadres et intermédiaires sont poursuivis pour avoir versé plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, dont Daech, entre 2013 et 2014. Ces fonds auraient servi à maintenir l’activité de la cimenterie de l’entreprise en Syrie, en violation de l’embargo international en vigueur à l’époque. L’affaire avait été révélée en 2016 par le journal Le Monde, conduisant les ONG Sherpa et ECCHR à déposer plainte.
Des documents précédemment révélés par l’agence Anadolu en septembre 2021 suggéraient que Lafarge avait informé les services de renseignement français de ses arrangements avec les groupes armés. Par ailleurs, la société a déjà fait l’objet d’une condamnation aux États-Unis, où elle a accepté de payer une amende de 778 millions de dollars en octobre 2022 dans le cadre d’une procédure de reconnaissance de culpabilité. En France, une instruction distincte pour des faits de « complicité de crimes contre l’humanité » se poursuit et pourrait aboutir à un second procès.
