Franc – Maçonnerie et Amalgames….

Au Sénégal comme à leur habitude, les gens parlent et glosent de choses dont ils ignorent totalement. Dans ce pays, où des voix écoutées, mais non-autorisées, tels les prêcheurs des radios et télés ou même des guides religieux, qui parlent de tous les sujets, de toutes les disciplines sans en savoir ni le fond, ni la forme, embarquent les populations dans des approches fausses et déformées qui prennent racine dans l’imagerie populaire. Ils recherchent ces messieurs des sujets sur des « nébuleuses » dont ils ne savent rien, mais qui sont des abominations dans la compréhension des Sénégalais.
Au Sénégal, la Franc-maçonnerie est connue de tous, inconnue de beaucoup, sinon de la majorité. Parce que des pseudos connaisseurs se sont levés pour en parler sans en savoir quoi que ce soit. On est même allé jusqu’à assimiler la Franc-maçonnerie à de la sorcellerie, et maintenant, à une cellule de lutte contre l’Islam. Cette organisation de promotion sociale de ses membres, est loin de l’image qu’on lui donne. Son champ d’action est hors des sphères religieuses, et elle est plus présente dans nos vies que beaucoup de gens le croient. On cherche cette secte dans la Religion, elle est ailleurs. Très présente dans les centres de décisions qui nous concernent directement, et agissant avec ou contre nous, au gré des intérêts de ses membres, sous toutes les latitudes, surtout dans l’espace Francophone qui épouse les contours des anciennes colonies.
L’histoire de la Franc-Maçonnerie est disponible partout. Il n y a pas une Franc – maçonnerie, mais des centaines, d’origine et d’obédience variées. Les loges maçonniques, selon les pays, ont des lois d’entrée, des missions et des rites différents. Dans les pays anglo – saxons, les loges maçonniques avaient des missions essentiellement d’aides aux démunis. En France, les loges étaient des espèces de syndicats d’ouvriers ou de corps issus des ‘’Compagnons de métiers’’ comme les maçons, les charpentiers, etc…
La Franc-maçonnerie qui nous concerne, venue dans les valises de la colonisation, est un prolongement des sectes corporatives. Pour comprendre le contexte d’implantation de la Franc-maçonnerie au Sénégal, un petit rappel historique et contextuel s’impose.
Dans l’implantation de la colonisation, il fallait construire des infrastructures composées essentiellement de bâtiments, de ports et de routes ou rails. Bien évidemment, les Africains n’avaient aucune connaissance de ces techniques de construction. Il fallait donc faire venir la main-d’œuvre qualifiée de la France. La franc- maçonnerie Française étant essentiellement composée de compagnons de métiers, ceux-ci débarquèrent avec leurs habitudes et leurs réflexes de groupes. Les premières compagnies de construction de bâtiments, pont et chaussées étaient en majorité composées de membres des loges maçonniques. Ce qui fait que les entreprises furent des regroupements de francs-maçons, si, elles ne furent pas des entreprises franc-maçonniques depuis le départ de la métropole. C’est comme ça que la Franc-maçonnerie a pris pied au Sénégal et dans les pays dits Afrique Occidentale Française (AOF).
Ce sont ces entreprises qui construisirent les bâtiments officiels coloniaux comme l’actuel palais de la République, les maisons de Gorée, Saint-Louis, Rufisque et Dakar, la cathédrale de Dakar et autres bâtiments que vous pouvez toujours voir. Ce sont aussi, ces entreprises qui mirent en place les maisons de commerce et de navigation.
Ce qui avait donné de la force à la Franc –Maçonnerie, était sa mainmise sur l’essentiel de l’Economie coloniale. A partir de ce moment donc, face aux intérêts financiers énormes, et par rapport à la lutte féroce entre les compagnies coloniales implantées dans les territoires, il fallait bien assoir une base Africaine, une élite capable de perpétuer la domination économique et la perpétuation de leurs activités. C’est là, qu’il y a eu recrutement du personnel local par la Franc – Maçonnerie, particulièrement la loge du Grand Orient, très active dans nos pays. La Franc- Maçonnerie se mit à agir comme un outil de promotion sociale de ses membres Africains. Elle recrutait dans toutes les élites des classes aisées ou dominantes de tous bords. Elle s’impliqua aussi dans les choix des hommes politiques, des leaders religieux ou des chefs coutumiers à même de servir ses intérêts. Ce qu’il faut le plus retenir, c’est qu’on pouvait travailler pour la Franc-Maçonnerie sans le savoir, tant les entreprises francs- maçonniques étaient impliquées et présentes dans le paysage commercial et industriel. Les Sénégalais lambda vivaient les rivalités féroces des différentes loges sans en avoir conscience, au moment, où leurs élites étaient entretenues et propulsées par des forces très agissantes, mais invisibles. Cela, dans le plus grand secret. Les Africains, aimant les pratiques occultes, et cela, le colon le savait. On entoura les loges de tellement de mystère que les rares informations qui en filtraient, faisaient peur. Il fut un temps, où, on en arriva à avoir peur de cette nébuleuse, qui, au même moment, avait pignon sur rue en France, où elle agissait au grand jour, n’ayant rien à cacher.
Beaucoup d’entreprises que les Sénégalais connaissent, étaient des propriétés de Francs-Maçons réputés. La Socopao, devenue SDV, la société Delmas, les Maisons Devès et Chaumet, la plupart des entreprises de BTP, comme Jean Lefevbre. La liste est longue. L’hôtel de la Croix du Sud fut pendant longtemps le siège d’une des loges maçonniques du Sénégal.
Donc, la Franc-Maçonnerie n’est pas une organisation religieuse ou païenne qui lutterait contre une quelconque Religion, mais un regroupement d’intérêts et d’ambitions qui a fait et défait des régimes politiques. A participé à des renversements de pouvoirs qui ne jouaient pas le jeu, ou mettaient en péril leur avenir. Cette secte a agi chez nous, comme une multinationale actuelle. Formatant des intellectuels à sa solde. Favorisant la montée de certains hommes politiques ou religieux qui pouvaient perpétuer leur pouvoir économique. Blaise Diagne fut l’icône de cette classe. Le premier député Noir fut envoyé à l’Assemblée constituante par les Francs-Maçons.
Et au moment où l’on parle, la Franc-Maçonnerie n’est plus cette force qui faisait et défaisait des carrières. Puisque son pouvoir était adossé aux entreprises traditionnelles Françaises qui ne font plus la pluie et le beau temps chez nous, elle reste une organisation dont la force de frappe s’est beaucoup affaiblie.
La Franc-Maçonnerie n’est plus ce qu’elle était, à part les immenses ‘’pouvoirs’’ que lui donnent les prêcheurs ignorants qui embarquent les ouailles qui le sont tout aussi.
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