Une lettre confidentielle, envoyée le 6 avril 2024 par Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, au président Emmanuel Macron, a été révélée par l’émission « C dans l’air » sur France 5. Selon des informations rapportées par l’agence Anadolu, ce courrier alertait sur une dégradation significative des finances publiques françaises avant les élections européennes.
Dans cette correspondance, Bruno Le Maire faisait état d’une « chute des recettes fiscales » ayant creusé le déficit public à 5,5 % du PIB pour 2023, bien au-delà des 4,9 % initialement prévus. Il y soulignait la nécessité de présenter des mesures d’économies sans attendre, afin de ne pas être accusé de dissimuler des coupes budgétaires. L’ancien ministre reconnaissait explicitement une erreur d’évaluation, écrivant : « Nous nous sommes plantés sur les recettes », et chiffrait le manque à gagner à « 42 milliards d’euros » par rapport aux prévisions pour 2024.
Invité sur le plateau de l’émission, Bruno Le Maire, aujourd’hui maître de conférences en Suisse, a affirmé avoir des « comptes à rendre » aux Français, qualifiant la dette publique de « notre échec ». Il a cependant assuré n’avoir « jamais menti », rappelant avoir toujours défendu publiquement la nécessité de rétablir les comptes publics. L’enquête diffusée suggère qu’Emmanuel Macron aurait opposé un refus à la proposition d’une loi de finances rectificative, sans que cela n’entraîne la démission de son ministre.
L’actuel ministre de l’Économie, Roland Lescure, a déclaré ce lundi ne pas avoir eu connaissance de cette lettre avant sa révélation. « Je me sens aussi responsable que lui et que tous les autres de la situation dans laquelle on est », a-t-il ajouté. Cette situation a continué d’alimenter le débat sur la gestion budgétaire, le gouvernement ayant par la suite assuré que la trajectoire du déficit était sous contrôle.
La publication de ce courrier a provoqué de vives réactions politiques. Éric Coquerel, président insoumis de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a dénoncé « une omission d’État » et un « budget présenté insincère ». De son côté, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National, a réagi sur le réseau social X, évoquant un « maquillage des comptes publics » qui aurait mené, selon elle, à « une purge fiscale et sociale ».
