Feu au Cesti et à la fac de droit : ce qui a été brûlé au-delà des infrastructures

Lors des récentes vagues de manifestations violentes qui ont installé le pays dans le cahot suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko sur le dossier de viol qui l’opposait à la plus célèbre masseuse du pays,Adji Sarr, des attaques et incendies volontaires d’espaces privés et publics ont été noté. Après les propriétés françaises Auchan et TOTAL(symboles du néocolonialisme économique), et des structures bancaires, les furieux manifestants n’ont pas hésité à déverser leur bile en mettant le feu sur le Chapiteau de la fac de droit et au Cesti, deux espaces scolaires publiques, où sont formés ceux qui assurent deux piliers fondamentaux de nos droits: le droit à une information juste et vraie et celui d’une justice libre et équilibrée.

Alors pourquoi devrait on s’attaquer à de tels édifices aussi mythiques et importants dans l’histoire de la défense et la sauvegarde des droits essentiels du citoyen à être jugé et se faire justice en toute transparence et équité et à être informé sans réserve aucune en toute liberté et vérité ?

Comment ceux qui ont incendié ces lieux interprètent la posture des produits sortis de ces écoles et qui de près ou de loin ont géré ou influencé d’une manière ou d’une autre l’affaire dite Ousmane Sonko-Adji Sarr ?

Au début de cette affaire, nous, citoyens de tout bord avions été informé par la justice suite à la plainte de la victime qu’il s’agissait d’une affaire de viol et de menace de mort. Tout au long du déroulement du feuilleton judiciaire pas mal de choses qui semaient le doute sur la véracité et la sincérité de ces accusations se sont passées : De la radiation du capitaine Touré, acteur majeur de l’enquête, aux déclarations sur fond d’audios de la victime qui reconnaissait elle même que toute cette histoire n’était que mensonge cousu de fils blancs en passant par le certificat médical, pièce scientifique et maîtresse qui décharge l’accusé sans nommer les témoins, qui tous ont démenti la victime, sans oublier que l’accusatrice n’a jamais mis à la disposition de la justice le moindre élément de preuve de ses allégations. Voilà autant d’éléments qui pour beaucoup de personnes suffisaient pour acquitter l’accusé et classer sans suite ce dossier. Cependant malgré toutes ces preuves à décharge, l’accusé, qui n’est pas seulement un simple justiciable mais un redoutable opposant et qui criait haut et fort qu’il s’agissait d’un complot politique se voit condamner non pour viol et menace de mort, éléments que visaient la plainte et sur lesquels les instructions ont été mené, mais pour une supposée corruption de la jeunesse, jusque là inconnue des annales judiciaires du monde depuis Socrate et le tout, justifié sur la base du droit, enseigné nous dit on à la faculté de droit.

A ces incompréhensions du droit et des décisions de justice liées à ce dossier s’ajoutent celles liées aux positions à géométrie variable du professeur de droit et Ministre de la justice Ismail Major Fall,qui hier défendait l’impossibilité d’une troisième candidature du Président Sall et qui, a aujourd’hui complètement changé de discours. Alors, ces criminels qui ont mis le feu au mythique fac de droit, ne voudraient-ils pas également brûler le droit et les décisions de justice incompréhensibles? Reconnaissent-ils la légalité et la nécessité de fréquenter cette faculté dont les produits ont causé tout ce tort au pays ? Voilà autant d’interrogations qu’il faudrait se poser pour comprendre peut être leur attitude.

Le Cesti où les journalistes sont formés à délivrer une information juste et vraie n’a pas été épargné des flammes.
Depuis quelques temps l’éthique et la déontologie du journaliste sont mises en cause dans un contexte politiquement difficile. Ainsi, ce que ces pyromanes n’ont pas peut être compris c’est la position de certains groupes de presse, qui, hier étaient du côté du peuple et traitaient et prenaient en charge les souffrances du peuple. On a tous vu comment certains de ces groupes de presses et de leurs patrons ont combattu les dérives du Président Wade , à qui on prêtait des ambitions de monarchisation du pouvoir et en même temps de vouloir briguer une troisième candidature, jugée illégitime et illégale pour beaucoup. Si de 2012 jusqu’à maintenant des choses ont changé c’est sans doute la posture et les positions incompréhensibles de ces groupes de presses et de leurs patrons, les souffrances du peuple et les dérives autoritaires du pouvoir politique demeurant les mêmes.

Ainsi, au delà des structures du Cesti, les auteurs de ces incendies volontaires ont peut être voulu montrer que la presse de ce pays est à genoux, corrompue et prise en otage. Et que les seuls journalistes ou groupes de presses encore debout sont persécutés et emprisonnés.

De ce fait, ces événements malheureux qui ont secoué le pays doivent interpeller chaque personne qui se trouve à des stations politiques, judiciaires ou journalistiques de procéder à un examen de conscience profond pour pouvoir éviter ces pertes en vies humaines et matérielles à l’avenir et garantir Une paix durable ,une justice équitable et une presse libre et juste.

Prof Modou Aissa seye

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