Echauffourées à Mbacké : Pourquoi pouvoir et opposition cherchent la confrontation (Assane Samb)*

La confrontation tant redoutée a débuté ce vendredi à Mbacké et à Touba. La sacralité des lieux n’y a rien changé. Pouvoir et opposition ont tenu à aller vers la confrontation. Et, en voici les raisons :
Du côté du pouvoir, il faut empêcher le leader du Pastef, en pleine expansion politique avec une popularité toujours montante, de dérouler paisiblement son agenda. Le souhait est de lui mettre autant que faire se peut des bâtons dans les roues. A cela s’ajoute l’envie pour les autorités de tester leur dispositif de riposte afin de se préparer davantage lorsque des troubles plus graves se manifesteront. Il va sans dire que, faisant d’une pierre deux coups, ce sera l’occasion de neutraliser certains éléments jugés radicaux de l’opposition, de couper leurs têtes aux meneurs et d’affaiblir ainsi leurs forces de frappe aussi bien opérationnelles qu’électorales. Car, autrement, personne ne comprendrait que même des ‘’nemeku tuur’’ (visites de proximités) mobilisent tant de forces de l’ordre et que des meetings puissent être interdits sur la base d’une signature manquante alors qu’il était possible d’informer qui de droit pour rectification.

Du côté de l’opposition, une telle stratégie de résistance avec le ‘’gatsa gatsa’’ a été perçue comme une forme bénéfique de communication politique par ailleurs très efficace. Du coup, elle est souvent dans une logique de confrontation, de bras de fer pour défier l’autorité et ceci à tous les niveaux. La victimisation ayant son charme ne serait-ce que le fait de diaboliser l’adversaire.

Autrement, il était aisé pour Sonko et ses ouailles de différer la manifestation afin de se conformer à une formalité très bénigne d’autant plus que le Préfet n’a pas invoqué de trouble à l’ordre public.

C’est dire que les uns et les autres ont manifestement opté pour une logique de confrontation afin d’en découdre. Ce qui, du reste, est préjudiciable à la stabilité du pays. Malheureusement, cela ne fait qu’augurer de ce qui risque de se passer dans les prochaines semaines. La tension ira grandissante au fur et à mesure que les échéances électorales approchent. Il va sans dire que le Sénégal n’est nullement alors à l’abri du chaos. Car, ce qui est sûr, c’est que si on laisse les hommes politiques dérouler leurs stratégies, ils ne se feront aucun scrupule à semer le chaos si cela leur semble nécessaire pour arriver à leur fin. Car leurs logiques partisanes et leurs préoccupations électoralistes sont, pour eux, au-dessus de toute autre considération.

C’est d’ailleurs ce qui fait que l’adversaire est de plus en plus perçu comme un ennemi.

* Par Assane Samb

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