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Distribution des films en Algérie : « Aller voir un film, ça s’apprend », le constat des professionnels africains à Timimoun

Dans le cadre de la première édition du Festival International du Court Métrage de Timimoun, en Algérie, une table ronde s’est tenue le dimanche 16 novembre pour aborder les enjeux de la circulation des films africains à l’international. Des programmateurs, distributeurs et experts du secteur ont débattu des obstacles majeurs qui freinent la diffusion des œuvres cinématographiques du continent au-delà de leurs frontières.

Le constat dressé par les intervenants est celui d’un secteur confronté à de multiples défis. Selon les informations rapportées par Sud Quotidien, la discussion a mis en lumière la fragilité des marchés domestiques et un réseau de salles de cinéma quasi inexistant dans plusieurs pays. Ousmane Boundaone, programmateur et consultant culturel, a illustré cette réalité en expliquant que dans une capitale comme Ouagadougou, « deux salles seulement fonctionnent réellement et peuvent projeter le même film pendant trois mois, laissant peu d’espace aux autres productions ». Dans ce contexte, les festivals deviennent souvent le principal, voire l’unique, circuit de diffusion pour les cinéastes. Une difficulté supplémentaire a été soulignée : les frais d’inscription aux festivals, autrefois gratuits, représentent désormais une charge financière pour les jeunes productions.

L’organisation même du festival de Timimoun, qui a pour invité d’honneur le Sénégal, témoigne de cette difficulté à capter les productions africaines. Nassim Belkhaït, programmateur de l’événement, a indiqué que sur près de 2 800 films soumis, seule une centaine provenait d’Afrique. Face à cette situation, les organisateurs ont affirmé leur volonté de prioriser les distributeurs africains pour cette édition.

Parmi les pistes de solution évoquées, la formation du public a été jugée essentielle. « Aller voir un film, ça s’apprend, tout comme on apprend une langue », a souligné Nassim Belkhaït. La directrice du Festival de Lausanne, Sam Genet, a insisté sur l’importance des réseaux humains, affirmant que « la circulation des programmateurs crée la circulation des films ». Elle a précisé que son festival, bien que non compétitif, joue un rôle de vitrine en allant activement chercher des projets en développement sur le continent, une démarche qui fait écho au plaidoyer des professionnels pour une meilleure valorisation des œuvres.

Une annonce concrète a marqué la journée : le distributeur égyptien Ayaan Films offrira un prix de distribution d’une valeur de 1 500 dollars à un film algérien en compétition, et s’engage à convertir gratuitement les films au format DCP, une étape technique indispensable à leur diffusion en salle. Cependant, les débats ont aussi rappelé que l’instabilité institutionnelle dans de nombreux États africains freine les projets de coopération à grande échelle. Selon Ousmane Boundaone, « les vraies alliances se construisent souvent par affinité entre directeurs et programmateurs, davantage que par les structures officielles ».

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