Côte d’Ivoire – Premier tour de l’élection présidentielle : Le déroulement de la journée électorale

Près de 7,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes en Côte d’ivoire pour ce premier tour de l’élection présidentielle. Ils ont le choix entre quatre bulletins : Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan et Kouadio Konan Bertin. Un scrutin boycotté par l’opposition qui a lancé un appel à la désobésissance civile. Rfi revient sur le déroulement de cette journée électorale.

Le président sortant Alassane Ouattara a voté sans incident dans le quartier de Cocody.

A Koumassi, l’ambiance était parfois très différente suivant les bureaux de vote. Dans l’un d’entre eux, 200 personnes étaient présentes avant même l’ouverture des bureaux. Des files d’attente se sont formées, de nombreux délégués du RHDP étaient présents. Ils ont réussi à mobiliser les sympathisants d’Alassane Ouattara dès les premières heures du jour. Beaucoup ont confié leur joie de jouir de leur droit civique et ont regretté l’appel au boycott des opposants.

Un peu plus loin, en revanche, un autre lieu de vote est plutôt vide. Les électeurs arrivent au compte-gouttes dans le bureau. Seulement treize personnes ont voté sur les 416 inscrites. « Ils viendront cet après-midi, quand ils verront que c’est calme », se rassure une dame en habit bleu.

La tension est toujours importante dans le quartier. Des camions de CRS ont quadrillé le secteur, notamment autour de la place Inch’Allah, où un centre anti-Covid-19 a été incendié cette nuit. Dans le quartier, des boulangeries ont été prises d’assaut. Les habitants cherchent à faire des provisions. « C’est la peur, c’est la psychose », déclare un père de famille.

Un incident a été signalé ce matin au bureau de vote Sogefiha, dans le quartier de Riviera 2 à Cocody, à Abidjan. Un groupe de jeunes a tenté d’empêcher l’ouverture des bureaux de vote avant d’être poussés dehors. Il n’y a pas de blessés.

Dans ce bureau de vote de Cocody, à Abidjan, cet électeur est le troisième à voter ce matin sur 403 inscrits. « C’est la psychose, les Ivoiriens ont peur, mais il faut voter, moi je n’ai pas peur », déclare-t-il.

Dans le quartier Wassakara de Yopougon, on compte de plus en plus de monde par rapport à ce matin 8h, à l’ouverture des bureaux de vote. Les files d’attente ne cessent de s’allonger. Un bureau de vote a ouvert avec 45 minutes de retard. Les esprits commençaient à légèrement s’échauffer, car beaucoup attendent sous le soleil. Dans l’ensemble, le scrutin se passe bien. Le dispositif rend le vote plutôt rapide.

L’opposition a appelé au boycott actif du scrutin, une attitude que déplorent la plupart des personnes ce matin et qui font la queue. Les électeurs présents tiennent d’ailleurs à montrer leur présence, à montrer que la commune de Yopougon, où beaucoup d’observateurs craignent des tensions en cette journée d’élection, est aussi variée qu’elle est tentaculaire. Tout le monde espère que le déroulement du scrutin continue dans la sérénité jusqu’à la fin de la journée.

« C’est un grand jour pour nous, nous sommes heureuses de voter dans la tranquillité, déclarent ces Ivoiriennes. Tout le monde va sortir cet après-midi pour aller voter ».

A Yopougon, commune d’Abidjan, certains bureaux de vote n’étaient pas encore ouverts un peu après 8h, car ils étaient en attente de matériel électoral. La population en tout cas est au rendez-vous. Certains sont présents depuis l’aube. Yopougon a la réputation d’être un fief de l’opposition. Les lieux sont très sécurisés : 35 000 agents de sécurité sont déployés sur le terrain dans toute la Côte d’Ivoire pour sécuriser le scrutin. Chaque bureau de vote compte environ deux ou trois agents de sécurité. Les observateurs de la Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, sont également présents dans certains bureaux.

Dans ce bureau de l’école Sogeci à Koumassi, seulement trois personnes ont voté depuis ce matin. En plus des deux représentants de la CEI, deux représentants du RHDP sont présents dans ce bureau. Les représentants des autres candidats sont absents.

Dans le bureau de l’école Lagune 2 de Koumassi, 16 des 416 électeurs inscrits ont voté. Le bureau est vide, comme la plupart des 12 bureaux de ce centre de vote.

A l’hôtel Tiama où l’ONG Indigo dispose d’une salle de veille pour centraliser les infos qui viendront de l’intérieur du pays.

Cette ouverture s’est effectuée dans le calme. Une voiture de police est stationnée devant l’école, mais cela ne doit pas faire oublier la tension qui entoure ce scrutin. Hier soir, dans cette même commune, un centre anti-Covid-19 a été incendié, et certaines listes d’électeurs ont été arrachées.

Peu avant l’ouverture de ce bureau de vote de Koumassi, des files d’attente d’une vingtaine de personnes se sont formées devant chacun des sept bureaux de vote. Il s’agit, évidemment, de supporters du président sortant. Beaucoup de fonctionnaires ou de membres du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), convaincus de la victoire de leur leader dès le premier tour, sont présents. « Nous sommes satisfaits, dit l’un d’eux, cette journée récompense le travail effectué depuis dix ans ».

Dans le quartier plutôt favorable au pouvoir de Koumassi, dans la commune d’Abidjan, les lieux de vote ont ouvert ce matin à 8h heure locale. Une centaine de personnes attendaient cette ouverture depuis une heure. Certaines, depuis 6 heures du matin. Des hommes âgés pour la plupart, mais aussi quelques femmes apprêtées de leurs plus beaux tissus.

Pour voter, les électeurs doivent tremper leur doigt dans de l’encre puis tamponner la case du candidat de leur choix, ou simplement signer avec un stylo bille.

Au centre de vote UGTCI (Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire) du quartier Koko de Bouaké, dans le centre du pays., trois gendarmes sont présents pour assurer la sécurité de ce centre qui regroupe quatre bureaux de votes.

« C’est mon droit civique, c’est important. Je n’ai peur de venir voter aujourd’hui », dit un électeur, petit chapeau de prière sur la tête, habillé d’un ensemble en tissu jaune et bleu, dans un bureau de vote de Koumassi, à Abidjan.

​Beaucoup de gens ont quitté la ville d’Abidjan pour se mettre au vert quelques jours. D’autres ont fait des stocks de produits de première nécessité dans les boutiques ou les supermarchés.Dans ce contexte, les chiffres de la participation revêtent une importance plus grande qu’en temps normal, puisqu’une grande part de la légitimité du vainqueur en dépendra.

Nombre d’électeurs s’abstiendront également, par crainte des violences. Ces derniers ont, en effet, été marqués par des troubles politiques, parfois meurtriers. Ce vendredi encore, Yamoussoukro, la capitale politique, était le théâtre de tensions. Des barricades y bloquaient certains axes. Des troubles étaient également signalés hier, dans la ville de Bonoua, à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan. Dans la capitale économique du pays, la psychose est palpable. En tout cas, les rues sont anormalement vides, le soir, depuis quelques jours.

En Côte d’Ivoire, 7,5 millions d’inscrits sont appelés aux urnes ce 31 octobre, mais nombre d’entre eux n’iront pas. L’opposition boycotte, en effet, le processus électoral depuis deux semaines et tient à empêcher la tenue de l’élection en vertu de leur mot d’ordre de désobéissance civile. Elle estime, cette opposition, qu’Alassane Ouattara n’a pas le droit de s’y présenter et accuse la Commission électorale d’être inféodée au pouvoir.

Les Ivoiriens sont appelés aux urnes ce samedi 31 octobre pour une présidentielle sous haute tension. Alassane Ouattara brigue un troisième mandat face à un candidat indépendant surnommé « KKB », Kouadio Konan Bertin. L’opposition, qui conteste les conditions dans lesquelles se tient ce scrutin, appelle à empêcher la tenue de cette élection. Les autorités annoncent qu’elles ont déployé 35 000 hommes pour sécuriser le vote. Mais la principale question de cette journée de vote est bien : les électeurs de Côte d’Ivoire iront-ils aux urnes ?

RFI