Communication de crise sur les épidémies: Dr Sahite Gaye alerte sur la « lassitude épidémique partagée »

Dans le cadre d’un séminaire international sur la communication de risque et de crise, organisé à Dakar du 13 au 17 octobre 2025, le Dr Sahite Gaye a partagé son expertise avec une cinquantaine de participants venus du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest et de l’Europe.

L’événement, axé sur les stratégies de gestion des crises sanitaires, a également été l’occasion d’aborder les épidémies en cours au Sénégal et les défis liés à leur communication.

Pour lui, ces épidémies révèlent un phénomène inquiétant : la « lassitude épidémique partagée », un état d’épuisement collectif où populations et autorités, usées par la répétition des crises sanitaires, risquent de banaliser l’urgence et d’en minimiser les risques.

Depuis le 21 septembre 2025, la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) se propage à une vitesse alarmante dans le Nord du Sénégal, avec un foyer actif à Saint-Louis, Richard-Toll et dans les zones d’élevage. Le bilan est lourd : 171 cas confirmés et 20 décès, selon les dernières données du ministère de la Santé.

« Dans les régions pastorales, les éleveurs sont les premiers témoins de l’épidémie », explique le Dr Gaye. Leur rôle ne doit pas se limiter à recevoir des consignes : « ils doivent être associés à la surveillance et à la détection précoce. Un éleveur qui signale une mortalité anormale dans son troupeau est un acteur essentiel de la riposte. »

Pour le spécialiste, la communication ne peut se contenter de messages descendants. « Il faut parler le langage des communautés, impliquer les leaders locaux et reconnaître leur expertise. La crédibilité des autorités passe par cette alliance. »

« La mémoire du Covid-19 nous oblige à éviter deux écueils : le déni initial et la communication trop technique », souligne le Dr Gaye.

« Les épidémies ne connaissent pas de frontières », a rappelé le Dr Gaye. Une communication efficace doit intégrer les spécificités culturelles et linguistiques de chaque région, tout en s’appuyant sur des protocoles standardisés. »

Le Dr Gaye introduit ici le concept de « lassitude épidémique partagée », un phénomène où la répétition des crises sanitaires engendre une forme de résignation, tant chez les citoyens que chez les décideurs. « Quand les épidémies s’enchaînent, le risque est de les considérer comme une fatalité. Or, c’est précisément dans ces moments que la communication doit redoubler d’efforts pour mobiliser et responsabiliser. »

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