Dans l’arène politique sénégalaise, le parti PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité) se distingue depuis sa fondation par son opposition résolue à la transhumance politique. Cette pratique, consistant pour un politicien à changer d’allégeance de manière opportuniste, est souvent perçue comme une compromission des valeurs éthiques, au profit d’intérêts personnels. Pourtant, malgré cette position de principe, les défis de la « réalité politique » imposent au parti des choix parfois contradictoires.
Une Opposition Principielle à la Transhumance
PASTEF a toujours affiché une ferme hostilité envers la transhumance, voyant en elle une menace pour la crédibilité politique et la stabilité institutionnelle. Selon les responsables du parti, accueillir des figures politiques ayant déjà montré un manque de fidélité pourrait compromettre l’intégrité de leur parti et engendrer des frictions internes. Cependant, avec la montée en puissance de PASTEF et ses ambitions pour les élections, des compromis se dessinent inévitablement. L’adoption d’un comité « Contact et Accueil des alliés » en témoigne. Cet organe dans le Directoire de Campagne de PASTEF pour les législatives a pour mission de structurer les alliances et de consolider les soutiens, mais il pose inévitablement la question de la flexibilité des idéaux du parti face à l’urgence électorale.
Entre Intégrité et Pragmatisme Politique
La création de ce comité laisse penser que PASTEF envisage une stratégie d’ouverture, y compris envers d’anciens transhumants. Cependant, nombreux sont ceux, parmi les militants et observateurs, qui craignent un affaiblissement de l’idéologie fondatrice du parti. Selon eux, cette ouverture pourrait attirer des opportunistes uniquement motivés par des gains personnels et désireux de « partager le gâteau », pour ensuite repartir dès lors que leurs intérêts ne sont plus satisfaits. Pour certains, la vigilance est donc de mise pour éviter que des « bandits financiers » ne s’emparent de ressources déjà limitées et censées bénéficier à la population.
Un Cas Épineux : Samba et la Définition de la Transhumance
Le débat s’intensifie notamment autour du cas de Samba NDIAYE, un allié ayant rejoint la Coalition « Diomaye président » avant les élections et activement contribué aux efforts de campagne. Peut-on pour autant le qualifier de transhumant ? Si l’on en croit à certains partisans du parti et même le Président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye FAYE, son engagement démontré lors des dernières batailles électorales plaide en sa faveur. D’autres estiment toutefois que la logique d’intégrité du parti devrait conduire à son exclusion, ainsi qu’à celle de tous les autres individus aux parcours similaires. Cette posture, bien qu’exigeante, garantirait une ligne politique cohérente et conforme aux idéaux initiaux de PASTEF. D’ailleurs, beaucoup ont salué la fermeté et la rectitude de Diomaye qui, tout en maintenant une ligne stricte et en étant au-dessus des mêlés, accepte-les repentis sincères. De l’autre côté, le Président de PASTEF M. Ousmane SONKO semble tout de même s’opposer fermement à la promotion de transhumants opportunistes. Est-ce une stratégie pour calmer les colères en veille des campagnes législatives ? Sachant que M. SONKO en tant que Premier Ministre contre signe les décret Présidentiels.
La Nécessité d’une Cohésion Stratégique au Sommet
Pour assurer une gouvernance cohérente et préserver la stabilité de l’organisation, le duo Diomaye-Sonko est appelé à renforcer le dialogue interne. Les décisions politiques de grande envergure, souvent irréversibles ou sinon lourdes de conséquences, méritent une concertation approfondie. Il est crucial, surtout dans un contexte où des tensions peuvent être attisées par des acteurs externes, de privilégier une approche inclusive et concertée au sein du parti. Une telle cohésion permettrait de limiter les dissensions, de renforcer l’efficacité du leadership et de préserver les orientations stratégiques de PASTEF.
Conclusion
Le défi auquel PASTEF est confronté illustre les dilemmes universels des mouvements politiques cherchant à conjuguer principes et maximisation de voix électorales. En s’efforçant de maintenir une ligne idéologique stricte tout en gérant des alliances pour rester compétitif, PASTEF doit naviguer habilement entre les écueils de la compromission et de l’intransigeance. Les choix actuels, qu’ils concernent l’accueil ou l’exclusion de figures controversées, pourraient définir la nature même de son engagement envers le peuple sénégalais et sa capacité à incarner un modèle politique nouveau.
*Citoyen Sénégalais