Carême : du mercredi des Cendres à Pâques, que veulent dire ces 40 jours pour les chrétiens ?

Le Carême correspond à 40 jours de jeûne chez les chrétiens, mais pas seulement. D’où vient cette pratique qui débute par le mercredi des Cendres et que veut-t-elle vraiment dire ?

Le Carême va, pour les chrétiens, eux au-delà du simple jeûne alimentaire. Ce mercredi 1er mars ou « mercredi des Cendres » marque le premier jour du Carême 2017. Et le démarrage, chez les croyants, d’une période de présence à soi, à Dieu et aux autres s’ajoutant à une nourriture frugale. Le Carême mène chaque année à Pâques (il a lieu 46 jours avant) et commémore des épisodes bien précis de l’existence de Jésus Christ tels que décrits par les évangiles. Pour les croyants catholiques et orthodoxes, la période du Carême commence à la fin de l’hiver pour finir  au début du printemps. Elle contraste fortement avec les carnavals, beignets et Mardi gras d’avant le mercredi des Cendres, date de pénitence selon et pour les croyants.

Parenthèse importante pour les chrétiens, le Carême demeure un rite mystérieux pour les autres. Le mot Carême tire ses racines de « Quadragesima ». En latin, ce mot signifie quarantième : il rappelle la durée de cette période qui démarre au lendemain de Mardi Gras pour se terminer le Samedi Saint, veille de Pâques. Pour les chrétiens pratiquants, elle est marquée par une consommation réduite d’aliments mais aussi et surtout une recherche spirituelle. De nombreux rituels et moments forts marquent ce temps : Mercredi des Cendres, Dimanche des rameaux, Jeudi Saint, Vendredi Saint… Quelles sont les dates importantes en 2017 ? Comment cette tradition est-elle née ? Date, origine, signification, calendrier, symbolique :

Date du Carême

A la différence d’une célébration fixe comme la Chandeleur, qui tombe chaque année le 2 février, le Carême est une période mobile. Elle ne compte pas de jours fériés en France, en dehors du Vendredi Saint, qui est chômé en Alsace-Moselle. Les dates du Carême évoluent chaque année en fonction de celle de Pâques, journée qui marque sa clôture. La méthode de fixation de la date de Pâques remonte au concile de Nicée, qui s’est tenu en 325, puis aux travaux du moine byzantin Denys le Petit. Cette fête intervient le premier dimanche suivant la pleine lune ayant lieu après le 21 mars.

Par référence à la tentation du Christ (voir plus loin), le Carême dure 40 jours. Les six dimanches de la période sont exclus de la période de jeûne : elle s’étend donc sur 46 jours calendaires (40 jours ordinaires et six dimanches). Etant donné qu’il prend fin lors du Samedi Saint – veille de Pâques – le début du Carême a lieu 46 jours avant Pâques (quand Mardi gras a lieu 47 jours avant le dimanche de Pâques).

Carême 2017

La période du Carême se déroule du 1er mars au 16 avril en 2017. Elle a eu lieu du 10 février au 27 mars l’an dernier. Les dates du Carême orthodoxe demeurent plus tardives : cette branche de la chrétienté n’a pas adopté le calendrier grégorien (celui utilisé en France), en 1582. Le décalage est aujourd’hui de 13 jours entre les deux calendriers. Le Carême se termine par la Semaine Sainte, dont les temps forts sont le Dimanche des Rameaux, le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et Pâques (voir ci-dessous).

Carême 2018

En 2018, le Carême aura lieu du mercredi 14 février (par coïncidence, également jour de la Saint-Valentin) au dimanche 1er avril 2018 (jour du poisson d’avril !).

En 2019, le Carême s’étalera entre le mercredi 6 mars et le dimanche 21 avril 2019.

Période du Carême

Le Carême est marqué par plusieurs dates importantes pour les chrétiens.  Le 4e dimanche du Carême – dit dimanche des Lætare (du latin « se réjouir ») – est l’un de ces moments forts. Il s’agit d’un temps de pause dans l’austérité du Carême, où les célébrations retrouvent un aspect plus festif (fleurs, cloches, vêtements…). Objectif : laisser entrevoir aux fidèles les joies de Pâques.

En fin de Carême se produit un autre temps fort : la Semaine Sainte, commémorant la Passion du Christ. Elle s’ouvre une semaine avant Pâques, lors du Dimanche des Rameaux. Ce jour-là, dans le rite catholique, les fidèles apportent des rameaux (branches), qui sont bénis lors de la messe. Cette cérémonie est un hommage à l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem : selon la Bible, le peuple l’avait alors salué avec des palmes.

La Semaine Sainte se poursuit lors du Jeudi Saint : dans les Evangiles, ce jour est celui de la Cène, dernier repas partagé entre Jésus et ses apôtres et première Eucharistie. Vendredi Saint est le jour de commémoration de la mort de Jésus-Christ. Il est d’usage de ne pas célébrer de messe, mais de suivre un chemin de croix (une procession rappelant les épisodes de la crucifixion). Samedi Saint est consacré au jeûne et à la réflexion. Le soir, les catholiques pratiquants se réunissent pour la veillée pascale. Cette nuit-là marque la fin du Carême et le début des célébrations de Pâques.

Mercredi des Cendres

La période du Carême s’ouvre par le Mercredi des Cendres, lendemain sévère de Mardi gras. L’an dernier, il a eu lieu le mercredi 10 février, cette année ce sera le mercredi 1er mars. Dans le rite catholique, le prêtre dessine une croix sur le front des fidèles et déclare : « Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Cette évocation symbolique de la mort existe depuis le VIe siècle. Dans leur représentation, les Cendres se rattachent toutefois à plusieurs phases de la relation du croyant au Christ : 1°la condition vulnérable de l’homme, en d’autres termes sa faiblesse, sa vanité et sa propension à commettre des pêchés ; 2°la prière intense de l’homme à Dieu pour que ce dernier lui vienne en aide ; 3°la résurrection à laquelle participe tout homme dans le cadre du « triomphe du Christ ».

Signification du Carême

Le Carême tire ses origines d’un épisode biblique : la tentation du Christ. D’après les Evangiles, peu après son baptême (vers l’âge de 30 ans), Jésus a passé quarante jours de jeûne dans le désert de Judée, à l’est de Jérusalem. Là, le Diable lui serait apparu pour le tenter. Ce sont les textes de Matthieu et Luc qui donnent le plus de détails sur cet évènement supposé. Après avoir passé cinq semaines de jeûne parmi les bêtes sauvages, Jésus-Christ est visité par Satan, qui lui fait trois propositions. D’abord, changer les pierres en pain pour soulager sa faim. Ensuite, le malin aurait proposé à Jésus de prouver sa nature divine en sautant du haut du Temple de Jérusalem et en se faisant rattraper par des anges. Enfin, au sommet d’une montagne, le Diable propose à Jésus de lui offrir tous les royaumes du monde en échange de sa soumission… Dans les trois cas, Jésus refuse de se laisser tenter.

L’Eglise catholique résume cet épisode et la tradition du Carême ainsi : « L’Eglise s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus dans le désert » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 540). Toutefois, historiens et théologiens demeurent divisés sur la nature de l’événement : retraite réelle dans le désert ou parabole des tourments moraux du Christ ? Quelle que soit la « réponse », la période du Carême invite les chrétiens à se souvenir de cet épisode dans un esprit de retraite collective pendant un mois. Et ladite réflexion se poursuit jusqu’à la Semaine Sainte, période du souvenir de la mort puis de la résurrection du Christ pour les chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants…). Le Carême représente donc aussi pour les pratiquants chrétiens l’occasion de se préparer sereinement à célébrer les solennités pascales, via une purification de leur coeur ; ce qu’ils considèrent comme une bonne pratique de la vie chrétienne et une attitude de pénitence.

Histoire du Carême

Le jeûne est une pratique religieuse très ancienne qui ne concerne pas que les chrétiens. Par exemple, elle est déjà signalée dans de nombreux passages de l’Ancien testament ou dans certains enseignement bouddhistes, et concerne aujourd’hui les musulmans, lors du Ramadan, et les juifs, à Yom Kippour. Si les apôtres ne commémorèrent pas la mort de Jésus en se privant de nourriture, la pratique s’installa chez les premiers chrétiens. C’est au IVe siècle que les célébrations de Pâques et du Carême sont formalisées par l’Eglise (pas encore découpée entre catholiques, orthodoxes et protestants) : dates et rituels se fixent progressivement dans l’Antiquité tardive et au Moyen-Âge. Beaucoup de croyants pratiquaient alors la xérophagie (consommation de pain et de fruits secs uniquement) et se privaient du repas du soir.

Dès la Renaissance, la relative sécularisation de la société occidentale et la relaxation des consignes données aux chrétiens ont rendu les pratiques plus souples. Le jeûne peut être remplacé ou complété par des bonnes actions ou des prières. Traditionnellement, il était d’usage de ne pas consommer de viande le vendredi, en souvenir du Vendredi Saint (jour de la crucifixion). Un usage qui demeure courant dans de nombreuses familles – y compris peu ou pas pratiquantes – en France comme ailleurs. Les protestants, eux, considèrent cette période comme un moment de réflexion où l’on doit se tourner vers le Christ, sans pour autant recommander de pénitence alimentaire.

Traditions du Carême

Un grand nombre de traditions trouvent leur origine dans le Carême. A commencer par le Carnaval, culminant à Mardi gras (veille de la période d’abstinence et de jeûne), exutoire précédant les rigueurs de la pénitence.

La Semaine Sainte est également marquée par de nombreuses traditions. Ainsi, à Séville en Espagne, elle est l’occasion de processions lentes et spectaculaires. Les « nazarenos », pénitents silencieux, avancent dans les ruelles aux sons cuivrés des fanfares jouant des airs solennels. Les orthodoxes (majoritaires en Russie, en Grèce…) pratiquent des rites différents des catholiques lors du Carême : la prière d’Éphrem le Syrien est répétée deux fois par jour tandis que les prescriptions alimentaires demeurent plus strictes.

Les « efforts de Carême », c’est quoi ?

Pour les croyants qui le pratiquent, le Carême ça n’est pas forcément que le jeûne alimentaire. En plus de la méditation, pour une meilleure présence à Dieu, des aménagements de vie sont préconisés : il s’agit par exemple de s’engager dans des actions bénévoles, de prendre le temps de discuter chaque jour avec une personne seule ou encore de désactiver Facebook et d’éteindre la radio. Des actions qui permettent, dans l’esprit de l’Eglise, de faire silence et de se mettre davantage dans « l’esprit de retraite du Carême ».

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