Biennale : Rencontre entre Agsila et Anouchka ou l’Afrique et l’Europe

La rencontre entre Agsila, chanteuse- compositrice sénégalaise et l’artiste française, Anouchka
Desseilles est justement artistique, un pont qu’offrent deux personnes qui s’interrogent
sur la culture de l’autre. Elle s’est tenue, ce samedi, au BAAT (voix en wolof) qui se
décline sous les abréviations Bureau Africain des Arts et Techniques, un petit centre
culturel créé par M. et Mme Breuil.

Le BAAT, une rencontre entre le son (Agsila) et l’image (Hervé

C’est une réunion du talent et du savoir-faire technique qui doit aboutir à la création. C’est la
deuxième biennale dans ce site majestueux au cœur du village traditionnel, en bordure
de l’océan atlantique, marquant le début de la Petite- Côte à partir de Dakar, la capitale
sénégalaise.

La première était en 2018 dans ce même lieu. Cette deuxième édition est plus basée sur la peinture, la qualité picturale de Anouchka Desseilles, qui maîtrise la matière.
Pendant ce vernissage, Agsila a développé ses chansons. Elle a ressorti un album de dix morceaux avait été enregistré au BAAT même en 2017 et qui s’appelle Soupirs.

Ce sont des chansons en wolof, et en français. Et qui sont plus sur le rapprochement entre ces deux continents, l’Afrique et l’Europe.

Les dessins d’Anouchka Desseilles

Les derniers dessins d’Anouchka Desseilles tournent autour de l’idéologie de la domination. «Je me suis appuyée sur l’ouvrage d’Anne Lafont. L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières» qui analyse au XVIII siècle la représentation des Noirs dans l’art Français avant l’abolition de l’esclavage ».

D’abord, elle s’est attachée à un thème universel : l’adolescence, en faisant correspondre des dessins avec des extraits des romans d’Alain Mabanckou. Ensuite, elle s’est interrogée sur l’indécence de représenter des individus d’autres cultures que la sienne. Ce qui l’intéresse dans sa pratique de plasticienne, c’est d’interroger les rapports de domination dans nos sociétés quels que soient les continents.

Rappelons que Hervé Breuil est cinéaste. Il est français résidant au Sénégal depuis plusieurs années. La première fois qu’il est venu au Sénégal, c’était en 2008 pour la Biennale justement; un événement qui l’a fait découvrir ce pays de la ‘’Téranga’’.

Agsila, entre l’Europe et l’Afrique, la France et le Sénégal

«C’était la première fois que je venais changer ma vie puisque j’ai décidé de
venir m’installer au Sénégal. Depuis quelques années, nous sommes installés ici à Yène
Kao avec ma femme, Agsila; une chanteuse-compositrice avec un répertoire surtout
wolof. Elle chante aussi en français et dans d’autres langues africaines», a relevé M.
Breuil.
Son épouse, Agsila, de son vrai nom Daba Diop, et lui sont très sensibles au pont entre
les deux continents africain et européen.

«En toute simplicité ce pont qui puisse exister entre l’Europe et l’Afrique, la France et le Sénégal, des liens très forts qui se nouent entre des humains, indépendamment de la politique, de l’économie, sans vouloir non plus dissimuler l’histoire tragique entre ces pays. Et, nous avons conscience des traumatismes qui subsistent mais notre relation peut-être saine et c’est un tout petit peu dans ce rapport des choses dont on se place, 60 ans après l’indépendance», explique M. Breuil estimant qu’on a le temps de tisser de nouvelles histoires.