Babacar Ndiaye alerte : « Le sabar, notre patrimoine national, est menacé par le djembé »

Le sabar, instrument emblématique du patrimoine culturel sénégalais, serait aujourd’hui menacé par la montée du djembé, selon Babacar Ndiaye, président de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel Pekk Mess Pekk.

« Le sabar est un trésor national, un héritage unique qui renferme des secrets que peu d’initiés peuvent comprendre », confie-t-il à Senego. « Contrairement au djembé, dont les mystères sont déjà percés par les Occidentaux, le sabar demeure un instrument profondément enraciné dans nos traditions. »

Originaire de Kaolack, Babacar Ndiaye sillonne le Sénégal et le monde pour défendre cet instrument qu’il qualifie de « symbole vivant de notre identité culturelle ». Il explique que son mouvement, Pekk Mess Pekk, regroupe des percussionnistes issus des 14 régions du Sénégal, désormais connectés via un groupe WhatsApp pour échanger autour de leur art.

« Tous ces artistes ont en commun le sabar, notre patrimoine », souligne-t-il, avant d’exprimer sa crainte : « Aujourd’hui, le sabar est menacé par le phénomène du djembé. Certains fabriquent le sabar à la manière du djembé, d’origine guinéenne, malienne ou burkinabè, et dénaturent ainsi notre instrument national. »

Pour lui, le sabar est unique. « Il est à la fois pekk et mess, on le tresse, on le couvre, on lui met des boucles. Ce n’est pas qu’un tambour, c’est une œuvre d’art », insiste-t-il.

Sous le slogan « Le Sabar, notre patrimoine national, ne le fabriquez pas comme le djembé », Babacar Ndiaye mène un combat qu’il juge essentiel à la survie de la culture sénégalaise.

Il constate d’ailleurs que même à l’étranger, les sabars imités selon le modèle du djembé sont facilement repérables. « En Europe, les Toubabs eux-mêmes font la différence. Ils savent reconnaître le vrai sabar du faux. Mais malheureusement, certains de nos jeunes trahissent le serment de nos ancêtres », déplore-t-il.

Et d’ajouter : « Le sabar est un instrument énigmatique. Même un étranger qui maîtrise les notes du djembé ne pourra jamais dompter celles du sabar sans apprentissage profond. Il faut un professeur pour le comprendre, car il renferme des secrets qu’on ne découvre pas en quelques jours. Nous devons le protéger, au lieu de le diluer dans d’autres traditions. »

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