Assassinat de Khadafi : La vérité éclate enfin
Un rapport du Parlement britannique critique sévèrement l’intervention militaire de la France et du Royaume-Uni à l’origine du renversement du président libyen Mouammar Kadhafi, en 2011.
La France avait surestimé le danger pour les civils de la réplique du régime libyen à la révolution menée par des opposants durant le Printemps arabe, selon le document.
Ce rapport élaboré par une commission parlementaire chargée des Affaires étrangères au Royaume-Uni reproche au Premier ministre britannique de l’époque de n’avoir pas défini une stratégie cohérente d’intervention en Libye. « La stratégie du Royaume-Uni a été fondée sur des hypothèses erronées », affirme-t-il.
L’incohérence de sa stratégie a conduit à la guerre entre plusieurs groupes armés libyens, à une crise migratoire, à des violations des droits de l’homme et à la montée en puissance du groupe Etat islamique en Afrique du Nord, selon les parlementaires.
Des factions rivales
Un porte-parole du gouvernement britannique a réagi au rapport, en faisant valoir que l’intervention de la Grande-Bretagne en Libye était soutenue par la Ligue arabe et l’ONU, deux organisations dont l’Etat libyen est membre. Une coalition internationale dirigée par la Grande-Bretagne et la France a lancé des missiles contre les forces de Mouammar Kadhafi, en mars 2011, après que le régime libyen a menacé d’attaquer la ville rebelle de Benghazi.
La Libye a plongé dans la guerre civile après la révolution menée début 2011 par des opposants au régime de Mouammar Kadhafi, qui a été tué lors de ce soulèvement.
Aujourd’hui, le pays est dirigé par deux factions rivales, qui cherchent à contrôler ses ressources pétrolières. Les Nations unies et plusieurs pays occidentaux soutiennent le gouvernement d' »union nationale » basé à Tripoli et tentent faire ramener le général Khalifa Aftar dans les rangs. Cet officier militaire supérieur et ses hommes contrôlent une bonne partie des ressources pétrolières de l’est de la Libye.
BBC
Depuis l’amorce de la révolution libyenne, le 15 février 2011, dans le sillage des Printemps arabes, la Libye est ravagée par la guerre civile. Alors que la capitale, Tripoli, est définitivement tombée le 27 août aux mains des milices rebelles, les combats font désormais rage aux abords de Syrte, où les derniers soldats loyalistes font face à la suprématie aérienne des avions de l’OTAN. Ceux-ci ont fini par se retrancher dans un quartier qu’ils tiennent à bout de bras : le District 2.
Dans des conditions de vie précaires, le « Guide » et ses soutiens passent de maison en maison pour échapper aux bombardements et tirs de mortiers des rebelles. Tandis que la pression s’accentue, ils se décident à jouer leur va-tout. Et, à l’aube de ce 20 octobre 2011, ils tentent de quitter la ville.
C’est le quatrième fils du « Guide », Mouatassim Kadhafi, qui est en charge de l’opération d’exfiltration. Un convoi impressionnant d’environ 50 véhicules chargés d’essence, d’armes et d’argent prend alors la route du Sud vers une destination inconnue, probablement le Niger.
Les yeux du ciel
Les 4X4 roulent à vive allure. Ils transportent près de 250 personnes dont bon nombre ne se doutent sans doute pas de la présence de Kadhafi parmi eux. Mais la longue file de bolides n’échappe pas aux « yeux du ciel ». Après qu’un drone américain a repéré les véhicules et tiré un premier missile, un avion de chasse français de l’OTAN tire deux missiles vers la colonne motorisée. Une vingtaine de véhicules sont instantanément réduits en poussière.
Les raisons du bombardement restent obscures, puisque l’OTAN affirmera ne pas avoir suspecté la probable présence du « Guide » à la fin du convoi. Ce dernier et ses plus proches collaborateurs sortent d’ailleurs indemnes des multiples explosions. Mais ils n’échapperont pas à la véritable chasse à l’homme qui va s’ensuivre. Escorté et accompagné par ses derniers fidèles (notamment son fils Mouatassim, Abu Bakr Younès, son ministre de la Défense, et Mansour Dhao, le chef de sa sécurité personnelle), Kadhafi s’enfuit vers des villas abandonnées qui jouxtent la route.
PISTOLETS PLAQUÉ OR AUX POINGS, VÊTU D’UN GILET PARE-BALLES ET D’UN CASQUE, LE « GUIDE » SEMBLE PRÊT À VENDRE CHÈREMENT SA PEAU
Pistolets plaqué or aux poings, vêtu d’un gilet pare-balles et d’un casque, le « Guide » semble prêt à vendre chèrement sa peau. Lui et ses sbires sont retranchés dans une habitation vide, mais ils viennent d’être repérés par des troupes rebelles. Les premiers salves de mortiers s’abattent déjà sur leur cachette quand Mouattassim Kadhafi crie à son père : « Je vais te sortir de là », avant de se lancer dehors avec une escouade d’une dizaine hommes pour tenter de trouver une issue. Ce seront les dernières paroles qu’ils échangeront.
Au bout du tunnel
Le dernier acte approche. Quelques minutes après le départ de son fils, Kadhafi et ses derniers fidèles courent en direction de tubes en béton servant à drainer l’eau sous une route. Alors que le « Guide » s’enfonce inexorablement dans une bouche d’évacuation, les miliciens de Misrata font leur apparition. Dans un dernier geste de défense, l’un de ses gardes du corps jette des grenades en direction des rebelles. L’une rebondit contre la paroi et blessera le « Guide » à la tempe.
La mort de Kadhafi, qui intervient quelques instants plus tard, reste entourée de mystère, tant de nombreuses versions sont avancées. Quelques vidéos prises sur le vif au moyen de téléphones portables montrent un homme encore en vie mais hagard et violemment pris à parti par une nuée de miliciens qui crient « Misrata ! », pour signifier le martyr qu’a infligé Kadhafi à cette ville, bastion de la révolution libyenne. Aucun supplice ne sera épargné à l’homme qui gouverna la Libye d’une main de fer pendant 42 ans : crachats, arrachage de cheveux, coups et bien pire encore…
Aux alentours de 15 heures GMT, le porte-parole du CNT à Benghazi annonce au monde la mort de Kadhafi, sans pour autant lever les doutes sur les circonstances de l’événement. Le « Guide » a-t-il été abattu lors d’un échange de tirs entre loyalistes et rebelles, selon la version officielle du CNT ? A-t-il succombé à ses blessures dans l’ambulance qui l’emmena vers Misrata ? A-t-il été tué lors de son lynchage par un simple milicien ou un agent secret français ?Cinq jours plus tard, le 25 octobre, Kadhafi et son fils Mouatassim sont enterrés dans un lieu tenu secret dans le désert libyen. La mort de Kadhafi et la chute de son régime n’empêcheront en rien la dislocation du pays et la poursuite de la guerre civile. La traque du tyran s’est achevée dans le sang. Mais elle laisse un goût de cendres à ceux qui croyaient encore en la justice des hommes.
Les orienteaux ne nous aiment pas et toujours ils là pour leurs propres interets