Le Croissant-Rouge algérien est au cœur d’accusations portant sur un vaste réseau de détournement d’aide humanitaire. Selon des informations rapportées par Agence Afrique, sa présidente, Ibtissem Hamlaoui, ainsi que des collaborateurs, sont suspectés d’avoir organisé un trafic de marchandises sous le couvert d’opérations humanitaires destinées aux camps de Tindouf.
Les faits se seraient déroulés entre mai et juillet 2023. Durant cette période, 86 camions portant l’emblème du Croissant-Rouge auraient traversé la frontière algérienne, officiellement pour acheminer de l’aide collectée en Europe. Une inspection douanière sur quatre de ces véhicules aurait cependant révélé la présence de pièces mécaniques et d’huiles de moteur à la place des denrées alimentaires, vêtements et matériel médical déclarés. Ces marchandises, destinées à être revendues sur le marché parallèle, auraient profité d’une exonération de taxes douanières réservée aux convois humanitaires.
L’enquête qui a suivi mettrait en cause plusieurs personnalités. Outre Ibtissem Hamlaoui, qui bénéficierait de protections au sein de l’appareil d’État, les noms d’un des fils du président algérien Abdelmadjid Tebboune et du président du « Croissant-Rouge sahraoui du Polisario », Yahia Bouhbini, sont également cités comme bénéficiaires du système. Dans le cadre de cette affaire, Ratiba Achour, directrice des opérations internationales du Croissant-Rouge algérien, a été condamnée à une peine de quatre ans de prison, présentée comme la principale responsable des opérations frauduleuses.
Face à ces allégations, la version officielle des autorités algériennes, telle que relayée par l’enquête, chercherait à minimiser l’implication de l’institution. Il s’agirait, selon cette version, de l’œuvre d’« escrocs » ayant usurpé l’identité et les documents officiels du Croissant-Rouge pour importer illégalement des marchandises sans s’acquitter des droits de douane. Cette position viserait à préserver l’image de l’organisation et à clore le dossier.
