Algérie : Idrissa Seck prône la revivification du panafricanisme pour une Afrique unifiée (Discours)

Idrissa Seck a été invité ce samedi 6 mai en Algérie par le Harakat El Binaa Il Watani Mouvement pour la Construction de la Nation Algérienne. Le leader de Rewmi a tenu son discours en présence des autorités algériennes; il prône la revivification du panafricanisme pour une Afrique unifiée.

Voici son discours

Chers amis, il y a seulement quelques jours, j’ai décidé de quitter ma fonction de Président du Conseil Economique, Social et Environnemental du Sénégal et de même de la Coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar, en vue d’être candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal. Sur l’insistance de Barka, j’ai interrompu ma tournée à l’intérieur du Sénégal
pour venir vous dire 4 vérités qui me paraissent essentielles de comprendre pour notre continent
1- L’Algérie a un destin panafricain éternel, un destin lié à celui de l’Afrique subsaharienne.
Depuis le Moyen-âge, le développement des routes du commerce a favorisé la densification des rapports entre le Magreb et l’Afrique Sub-Saharienne. Les régions berbères étaient reliées au Haut Sénégal. Les villes algériennes de Bougie (Bijâaya, en arabe) et Constantine, Kairouan en Tunisie, Tripoli en Libye et même Venise, Pise et Gênes en Italie, envoyaient leurs marchandises dans les centres urbains des empires africains, d’Aoudaghost à Tombouctou. C’est l’Aghouat algérien, qui a vu naître la Tijâniyya qui illumina, ensuite, le Maroc, la Mauritanie jusqu’aux plaines de mon Cayor natal du Senegal.
Le destin panafricain ressurgit aujourd’hui dans le discours et le ressenti de la jeunesse africaine, avec beaucoup de passion. Ce destin a besoin, aujourd’hui, d’une revivification positive, avec raison, que l’Algérie et le Sénégal devraient légitimement porter en lui redonnant tout son sens, mais aussi toute sa portée, à la mesure des ambitions de tout un continent.

Les archives gardent, indélébile, cette assertion historique parue le 1er novembre 1957 dans « Al Moudjahid », la voix du FLN de l’époque : « En imposant un recul du colonialisme, la libération de l’Algérie rend possible, en tout cas moins illusoire, la revendication nationale des autres colonies. L’indépendance de l’Algérie cristallise les volontés nationales des autres colonies Africaines, ébranle dans ses fondements le système, oblige le colonialisme à se repenser. »
Ensemble, nous disposons, donc, d’un socle historico-symbolique qui est en soi, une force motrice, (Harakat), et qui peut sous-tendre la construction (Binâ), voire la réinvention d’un avenir commun face aux défis qui nous interpellent. Nos amis du Mali nous l’enseignent par leur éloquente sagesse millénaire : « Le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé ».
2-Au peuple algérien frère, je voudrais aussi dire ceci: Vous avez en Afrique, plus d’amis et de frères, je dirais même frères d’arme, que d’adversaires. La raison en est simple: même avant leur accession à la souveraineté, vos frères africains au Sud avaient répondu à l’appel de la liberté que le peuple algérien avait lancé au continent, par son mouvement de libération national. La sagesse d’Al Maktoum nous enseigne de ne pas confondre l’ami qui tarde à vous rejoindre mais qui est en chemin, avec l’ennemi (jaawalé kharit bu ékséegul ak noon).
C’est tout naturellement que les peuples africains avaient manifesté leur solidarité et leur soutien à l’implantation du mouvement nationaliste algérien en France métropolitaine. Il faut en tenir compte et l’énergie dépensée à combattre pour des causes doit être accompagnée par la volonté de construire une alliance nouvelle.
C’est le cas de Abdoulaye Wade, ami de mon cousin germain Alioune Badara Niang, avec qui il a co-fondé le PDS, et Président du Sénégal de 2000 à 2012, qui m’a initié à la politique quand je n’avais que 15 ans et dont je suis devenu l’adjoint au PDS, Ministre d’Etat, Directeur de cabinet et Premier ministre.
Abdoulaye Wade a fait une partie de ses études à Besançon. Il y a fondé la branche locale de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France). En 1957, il est avocat stagiaire au Barreau de Besançon. Au printemps de 1957, plusieurs procès se tiennent contre les militants nationalistes algériens pour « atteinte à l’intégrité́ du territoire français ». Précisément, en juin 1957, 27 prévenus du FLN résidant dans la région de Besançon comparaissent au Tribunal correctionnel. Ils avaient comme avocats Me Abdoulaye Wade, le seul avocat africain qui s’était engagé aux côtés du FLN, en plus de l’avocat français Me Faivre d’Arcier.
3-L’Algérie indépendante fut un pilier essentiel de la construction de l’Unité africaine. Il est le seul pays au monde dont l’hymne national commence par « Nous jurons » (Khassamane).
L’Algérie a très tôt compris que le Sahara n’a jamais été une barrière infranchissable, mais une véritable mer intérieure panafricaine, qui nous invite encore aujourd’hui, à, constamment passer d’un rivage à l’autre. C’est pourquoi votre pays reste un acteur incontournable dans le Sahel, mot qui veut simplement dire « rivage »: l’autre rive du grand désert.
Lorsque le passé panafricain assumé se conjugue avec l’intelligence des situations et la vision stratégique des enjeux d’aujourd’hui, qui peut encore douter des capacités de l’Algérie, avec son pied stratégique au Sahel, à contribuer aux solutions africaines constructives qui, seules, rendront possible notre salut commun?
Sept (7) ans après son indépendance acquise de haute lutte, l’Algérie avait accueilli le premier festival panafricain (Panaf) qui était l’une des plus grandes manifestations culturelles d’Afrique regroupant artistes et intellectuels africains, ou issus de la diaspora africaine. Il fut organisé en 1969, puis 40 ans après, en juillet 2009 à Alger. Le discours historique du grand africain Houari Boumédiene, lors de l’inauguration de ce festival retentit encore dans nos oreilles, tel un rappel plein de sens et d’actualité (fa zakkir in na fa’ati zikrâ) : « Notre continent aux ¾ libéré, mais en pleine possession de son destin, entreprend, certes, avec ce premier Festival culturel panafricain, de réussir le plus grand rassemblement des arts et des lettres de l’histoire qui soit à l’échelle d’un continent et à la mesure de la totalité de ses expressions. Il entame, par là même également, une étape nouvelle dans la lutte conséquente contre toute forme de domination ». Il se faisait, ainsi, l’écho fraternel du message d’un certain Président Léopold Sédar Senghor, prononcé lors du Premier festival mondial des Arts Nègres, en 1966, à Dakar.
On connaît aussi le rôle du Parti démocratique sénégalais, créé par Abdoulaye Wade, qui a été le premier parti d’Afrique noire à assumer son soutien à la lutte du Polisario
4- Enfin, en véritable trait-d’union, l’Algérie a toujours été le porte-flambeau de la solidarité afro-arabe, devenue aujourd’hui un puissant levier de la diversification nécessaire des partenariats et de la souveraineté constructive.
En plein cycle de sécheresse des années 70 au Sahel, et alors que les partenaires européens classiques étaient rudement frappés par le choc pétrolier, sous l’impulsion de l’Algérie, les pays arabes avaient décidé, au cours du sixième Sommet des chefs d’Etats arabes, tenu à Alger, du 26 au 28 Novembre 1973, d’apporter une aide à l’Afrique subsaharienne et de jeter les bases institutionnelles de la coopération financière arabo-africaine.
Les résultats furent immédiats :
– Création de la banque pour le développement économique en Afrique (BADEA);
– Début de l’année 1974 : le 22 janvier, la conférence des ministres arabes du pétrole recommande la création d’un organisme d’aide à vocation africaine, le « Fonds arabe spécial d’aide à l’Afrique » (FASAA);
– Le Conseil de la Ligue arabe, réuni à Tunis du 25 au 28 Mars, approuve le principe de la création d’un « fonds arabe d’assistance technique à l’Afrique » (FATAA);
– Suite aux Sommets d’Alger et de Tunis, pour la première fois, une conférence ministérielle conjointe arabo-africaine s’était tenue, à Dakar, du 15 au 22 Avril 1976, en vue d’examiner le projet de coopération afro-arabe, son contenu, ses modalités et ses moyens d’action;
– Cette conférence de Dakar, réunissant pays arabes et africains, devait jeter les grandes lignes d’un programme d’action pour une coopération « globale à long terme » intéressant les domaines diplomatique, économique et financier, l’éducation et la culture, la science et la technique.
L’histoire se répète, dans laquelle le Sénégal reprend sa place historique de leader dans les rapports arabo-africains. Et cela se passe, encore une fois, à Alger, lors du 31ème Sommet arabe, où Son Excellence Abdelmajid Tebboune fit de son frère Macky Sall son invité d’honneur.
Avec les bonnes perspectives qu’ouvre la ZLECAF, au moment où le leadership dans les deux ensembles maghrébin et subsaharien saisit pleinement le poids qu’ils auront ensemble dans un contexte de renégociation des rapports internationaux, l’Afrique a plus que jamais besoin d’une Algérie forte, réconciliée avec elle-même et avec tous ses voisins, au Maghreb comme sur l’ensemble du continent.
Le Président Macky Sall avait, sans doute, bien raison de rappeler, lors de sa participation au dernier Sommet d’Alger, les efforts de l’Algérie, en tant que « pays-pivot dans la région », pour le renforcement des mécanismes infrastructurels en Afrique, à travers son engagement constructif en matière d’infrastructures dans le continent, mais aussi dans le cadre de l’Initiative africaine pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dont elle est l’un des pays fondateurs.
Je suis persuadé que, comme dit le « Khassaman », votre si retentissant hymne national, que « l’Algérie vivra ». Mais, je suis tout autant convaincu, au regard des moments historiques exceptionnels et constructifs que nous venons de vivre, ici, à Alger, que si vous en décidiez, en synergie et en parfaite solidarité avec tous les peuples africains du Maghreb et du Sud du Sahara réconciliés, « L’Afrique unifiée aussi vivra ».

5 COMMENTAIRES
  • Salam

    Un grand voleur qui n’a jamais connu la valeur du travail dur et honnete, avec un discours vide et denude de foi. Celui qui ne croit pas (comme les juifs et temoins de jehova) que le paradis est reel n’aura point de place au paradis selon les textes musulmans. Rien qu’a voir son visage, on comprend l’effet de manger et nourrir sa famille de ribah. Le senegal a beaucoup de politiciens, mais la plupart ne peuvent gagner leur vie de maniere decente dans le prix, mais ne mange que du ribah et passent leur temps a comploter contre le peuple.

    • wa salaam

      Quelle preuve avez-vous des thèses que vous avancez?
      Au moins, il est invité pour son savoir, libre, sans bracelet électronique, sans procès aux trousses, libre de tous mouvements, ….

  • Afrik

    Comédien dans l’éternel repose toi même un discours sur mars n’y changera rien. Tout le monde n’est pas idiote à tout compris. Pauvre politic méprisant tu es une vraie honte une catastrophe humaine

  • Waw Idy

    Rien à voir avec le niveau du type d’une carence intellectuelle rare, qui ne sait même pas lire un discours.

  • Ngom

    Vrai homme d’état

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