Afrobasket – Maurice Ndour: « Avant d’aller à Kigali, je disais à mes coéquipiers que si le Sénégal ne gagne pas, nous ferions mieux de ranger nos chaussures »


A la retraite depuis le dernier Afrobasket masculin, Maurice Ndour, ne cache pas sa déception d’avoir raté le titre au Rwanda. Dans cet entretien exclusif accordé à nos confrères de Record exploité par Senego, l’ancien joueur du Real Madrid donne la voie à suivre pour reconquérir le titre en 2025. Enfin, il parle de ses relations avec Gorgui Sy Dieng

Kigali 2021 était votre 2ème Afrobasket. Déçu par le résultat au regard de l’espoir suscité par l’équipe?

Je suis profondément déçu du résultat, à 100% même. Parce que même avant d’aller à Kigali, je disais à mes coéquipiers que cette fois, ça devrait être la bonne. Que si le Sénégal ne gagne pas, nous ferions mieux de ranger nos chaussures, car c’était vraiment le moment pour nous de prendre le trophée. C’est une déception double, parce que je n’ai pas terminé le tournoi. Donc je n’ai pas pu aider mes coéquipiers jusqu’à la fin à cause d’une blessure. Je ne m’attendais pas à ce genre de scénario. Mais c’est ça le sport, tu peux te préparer de la meilleure des manières et ensuite ne pas faire un bon tournoi. L’équipe s’est, toutefois, donnée à fond. Mais j’espère que la prochaine fois, la chance sera avec nous.

Vous n’avez pas fini le match contre l’Angola en quart de finale. Qu’avez-vous ressenti en quittant vos coéquipiers ?

Dans ma tête, je me disais qu’il était impensable que j’abandonne mes coéquipiers. Car je savais que ça n’allait pas être un match facile. Qui connait l’Angola sait qu’elle a toujours posé problème au Sénégal. Mais quand je me suis blessé et que je devais rentrer dans les vestiaires, après le troisième et le quatrième quart temps, je recevais les notifications sur mon téléphone portable. J’ai constaté que le match était très serré, et je me suis dit qu’il fallait que je rejoigne le banc pour motiver mes partenaires. Je ne dirais pas que c’est grâce à ça qu’on a gagné, mais je pense que ça leur a donné un coup de pousse pour gagner ce match.

Certains pensent que la jeunesse de l’équipe a été un frein ?

Je ne pense pas que ça ait été un frein. Car ce sont des jeunes qui ont beaucoup de talent. Et qui dit jeunesse parle de manque d’expérience. Je pense que ça a un peu joué. Si vous regardez le match contre l’Angola, c’était face à des joueurs qui ont beaucoup d’expérience. C’est pourquoi le match était serré. Pareil contre la Côte d’Ivoire. On a manqué un peu d’expérience, mais le talent est là. Et je pense que si on garde ce groupe et qu’on travaille encore plus, ils peuvent relever le défi et amener la coupe au pays.

Comment reconquérir le titre africain qui nous fuit depuis 1997 ?

Je pense que dans un premier temps, c’est extrêmement difficile de former une équipe à un ou deux mois d’une compétition. Surtout l’Afrobasket. Pour moi ce que nous devons faire, c’est d’essayer d’organiser des camps d’entraînement où les joueurs pourront venir s’entraîner et jouer des matches 5 contre 5, parce que la plupart de nos joueurs viennent au Sénégal en vacances. C’est cela qui va créer la camaraderie et la confiance entre joueurs, entre coéquipiers. Si chaque année nous pouvons aider ces jeunes, organiser des camps de regroupement, des matches amicaux ou juste des journées de travail individuel, je pense que ce serait bon pour l’équipe et pour les joueurs. Ça leur donnerait la chance de s’entraîner au Sénégal et d’être en équipe. Je pense qu’ainsi, notre sélection sera plus soudée. Et c’est ce qui manque à notre équipe. La Tunisie, la plupart des joueurs sont ensemble depuis 5 ans 6 ans, ils se connaissent. Nous aussi, cela doit être notre objectif pour ramener la coupe en 2025.

Durant la compétition, vous avez annoncé votre retraite internationale. Est-ce toujours d’actualité ?

Jusqu’à présent, je suis plus vers la retraite que d’un retour en équipe nationale. Parce que quand même, j’ai beaucoup donné à cette sélection. Depuis 2014, j’ai participé à beaucoup de campagnes et ça a pris également beaucoup de temps pour moi et pour ma famille. C’est pendant l’été que tu peux vraiment être en famille. Donc pendant plusieurs années je n’ai pas pu profiter de ma famille. Même quand ma femme était enceinte, je n’étais pas à ses côtés à cause de l’équipe nationale. J’ai donc fait d’énormes sacrifices, mais je pense que comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis aujourd’hui plus proche de la retraite internationale. Donc je vais prendre le temps qu’il me reste, les étés qu’il me reste, pour être en famille. Je pense que c’est quelque chose d’important pour moi. J’aurais aimé ramener la coupe au Sénégal, malheureusement ce n’est pas le cas. Mais ce qu’on peut faire maintenant, c’est d’encadrer nos jeunes et les aider sur et en dehors du terrain. Je vais continuer à soutenir nos équipes nationales et prier pour qu’elles continuent de briller.

Des regrets d’arrêter avec les Lions sans gagner de trophée…

Je ne dirais pas que j’ai des regrets. Je regretterais si je n’avais pas tout donné pour mon pays. Mais là, j’ai la conscience tranquille parce que ceux qui me connaissent savent que je me donne toujours à 100%. J’ai toujours été présent. Et pour moi, c’est toujours l’équipe qui vient en premier. C’est un sacrifice à faire en tant que joueur et je l’ai fait. Donc je ne regrette rien du moment où je sais que j’ai donné le meilleur de moi-même pour offrir le titre au Sénégal.

On parle souvent des problèmes d’ego entre Gorgui Sy Dieng et vous. Quelles relations entretenez-vous ?

Je n’ai jamais eu de problème avec Gorgui. Il faut comprendre que Gorgui Sy Dieng est un joueur que je respecte beaucoup. Mais ce n’est pas un ami que j’appellerai au téléphone pour lui demander comment il va ou des trucs comme ça. Ce n’est pas un ami avec qui je vais passer des heures. Mais je respecte la personne et le joueur, parce qu’il représente le Sénégal au niveau de la NBA. On n’a pas de problème. Certes, il peut y avoir quelques différences de point de vue sur certaines choses, comme c’est le cas dans toutes les familles. Mais sur le terrain, nous avons toujours fait notre boulot. Ce n’est pas des problèmes d’ego, mais juste des malentendus purement sur le basket. Quand on se croise, on rigole ensemble. Je me rappelle une année à New York, il avait un match là-bas, après on est allé ensemble dans un restaurant pour dîner. Voila, c’est un coéquipier, mais ce n’est pas une relation amicale comme par exemple moi et Hamady Ndiaye ou un autre. Mais on n’a aucun problème, c’est juste une différence de vision sur certaines choses.

Avec Record

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