3é candidature : entre le droit, la morale et la paix sociale, qu’est-ce qui en souffre le plus ?

Le débat sur la question du 3e mandat ne cesse d’être alimenté par des personnes qui semblent se soucier peu de la crédibilité de notre tissu constitutionnel, de l’entretien et de la revivification de la morale ou de la quiétude sociale.

En effet, en révisant la constitution en 2016,le Président avait le sentiment de mettre fin à toute possibilité de discours sur la faisabilité d’une 3em candidature, il a « verrouillé la constitution » pour reprendre ses termes. Le brillant professeur Ismaël Major Fall qui a joué un rôle crucial dans ce verrouillage constitutionnel a été très clair la dessus : »l’article 27 de la constitution est très clair et ne laisse place à aucune interprétation. Le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs » déclarait_ il dans une interview. Plusieurs de ses honnêtes pairs constitutionnalistes épousent la même interprétation constitutionnelle car puisant de la même science juridique et politique qu’ils inculquent à leurs étudiants. Si quelques mois plus tard, le discours de ce même brillant professeur, constitutionnaliste évolue, tendant même à vouloir revenir sur ses déclarations, qui sont, non de simples déclarations mais des leçons de droit enseignées aux étudiants de son pays, des vérités juridiques consacrées dans la charte mère de notre pays, il y a absolument de quoi avoir peur quant au devenir de notre éducation, de notre charte fondamentale qui sont ridiculisées, dégradées par des positions et interprétations qui ne relèvent que de la mauvaise foi et de la malhonnêteté intellectuelle. Entre les enseignements du savant d’hier et les sombres déclarations et positions de l’homme politique d’aujourd’hui, l’étudiant en droit des universités du Sénégal se perd et cherche où se trouve « la lumière juridique » pour se départir de l’une des faces du Professeur Ismaël Major Fall. Pour la sauvegarde et la crédibilité des sciences juridiques et politiques, pour le respect à la gent intellectuelle, Monsieur le Professeur devenu Ministre, ne sacrifiez jamais le droit sous l’autel de la politique politicienne car les régimes passent mais la fac droit demeure. Vous devez cet ultime honneur à la famille universitaire particulièrement à celle des sciences juridiques et politiques qui souffre de l’évolution douteuse de votre discours sur le 3e mandat. Il n’y a de plus admirable et de plus respectable qu’une tête pleine de sciences et qui s’assigne la noble tâche de combattre l’ignorance et répandre la lumière partout peu importe le prix. Des hommes de ce genres sont des élus de Dieu et devraient être fiers de leur mission qu’aucune position politique ne devrait souiller.

Au delà de la probité intellectuelle, de l’honnêteté juridique qui devraient interdire toute interprétation inculte et insincère de la constitution, charte mère autour de la quelle nous nous retrouvons, nous nous identifions, la politique devrait laisser place à la morale, juge de la conscience qui réprime tout acte et comportement déshonorants. Considérée par certains penseurs comme étant l’ensemble des règles instituées par une société et obligeant les individus à faire le Bien et éviter le Mal, la morale doit trouver pleinement sa place dans l’échiquier politique. Elle serait alors cet appel à l’âme pour reprendre Pascal, ou un juge intérieur pour paraphraser Rousseau qui nous obligerait à bien se conduire en société. Dans notre leg traditionnel, cette morale est importante. Dans une société comme la nôtre où la parole donnée est sacrée et son respect un honneur, la morale réprime sévèrement le fait de se dédire et de revenir malhonnêtement sur sa parole. Daniel Defoe nous enseigne que « le plus haut degré de la sagesse humaine est de savoir plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs ». Ainsi, crier sur tous les toits, sur tous les plateaux télévisés que ce mandat est le second et dernier mandat ,allant même jusqu’à vouloir immortaliser cette parole en l’inscrivant dans un bouquin et vouloir revenir pour entretenir le doute sur la question ou promouvoir des alliés qui alimentent ce débat qui abîme la morale, dégrade notre tissu constitutionnel et menace notre quiétude nationale est indigne et malhonnête. Le Président doit écouter cette voix intérieure qui lui demande de bien agir et non d’écouter ses alliés et chasseurs de primes qui le conseillent à se dédire. Le Président est à la fois le gardien de la constitution et des valeurs morales. Toute action qui concourt à violer ces jardins sacrés ne doivent point venir de lui. Pour la sauvegarde de l’héritage traditionnel de la sacralité de la parole donnée, pour être le miroir des bonnes conduites citoyennes, il ne devrait point se dédire sur la question. Il a intérêt à faire un bon ménage avec sa conscience avant d’en faire avec les pyromanes, machiavelistes qui l’entourent. » Il en est des conseils comme des médicaments, les plus amers sont les meilleurs » disait Rabindranath Tagore. Ceux qui vous conseillent Monsieur le Président de ne pas s’aventurer à faire une troisième candidature, vous donnent des conseils amers mais sans doute les meilleurs.

Au delà des considérations juridiques et morales, la paix et la stabilité sociales ne valent elles pas plus?
Des vies, la nation en a suffisamment sacrifiées pour le rayonnement de sa démocratie, l’instauration d’une justice équitable. En bon acteur, vous avez joué un rôle crucial dans cette longue marche vers la démocratie en 2011.Devrons nous recommencer les mêmes luttes ? Avons nous le droit d’ôter d’autres vies au nom de l’idée fantaisiste du maintien de l’ordre ? Les dizaines de vies sacrifiées en 2011 devraient être le dernier chapitre de notre sombre histoire des luttes démocratiques. D’autant plus que personne n’est indispensable et que la construction de ce pays est une œuvre qui ne finit jamais, chaque artisan-président devrait poser sa brique et céder la place à un autre car l’objectif final de tous est de léguer aux générations futures un Sénégal riche, prospère et stable.

Ainsi, au nom de la survie de la longue tradition démocratique de ce pays, au nom de la perpétuité de notre paix sociale, au nom de la préservation et sauvegarde de la crédibilité de notre Droit constitutionnel, au nom de la préservation et de la revivification de la morale, cette règle sociale à la quelle nous mesurons nos actes, les promoteurs du 3e mandat doivent se ressaisir et se conformer au droit constitutionnel et « moral » établis. Vouloir maintenir des privilèges ne devrait pas nous amener à sacrifier ce leg démocratique, moral, qui, jusque là fait l’exception sénégalaise dans le monde.

Prof Modou Aissa Seye.

8 COMMENTAIRES
  • Fall Yaram

    Sur la question du troisième mandat, il n’y’a que les ennemis de la Républiques qui font bruits mais le conseil constitutionnel avait déjà tranché en plus il faut saluer l’élégance du président Macky Sall qui a retourné demander le conseil constitutionnel sur son premier mandat et ce dernier avait répondu que le mandat de 2012 est hors de portée. Il n’y a que les opposants qui s’opposent sur cette question mais ils savent bel et bien que Macky Sall a bien le droit de se présenter en 2024.

  • jullio

    la candidature du president macky sall cest une demande nationale

  • Hamidou Sarr

    Un grand OUI POUR LE SECOND QUIQUENAT

  • matay

    le 3eme mandat, on ne devrait même pas utiliser ces termes mais on devait parler du 2eme quinquennat de macky. Alors que cette candidature est déjà validée par les dispositions de la constitution en plus toute la population sénégalaise est d’accord donc on se donne rendez en 2024 pour voter macky.

  • majib alpha

    macky sall meilleur préésident

  • soumaya sarr

    the best 2e quinquennat par force in sha ALLAH

  • Babacar diagne

    gnoune akk dieum dji ba 2029 in sha ALLAH

  • Samuel Doe

    On va faire de lui comme on a fait avec Samuel Doe. Dina niou oubi sarap ndeyame si deukk bi. Just watch inshalah…

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