« Elles veulent donner la vie, elles en meurent trop souvent : inacceptable ! »

« Les larmes d’une femme, quand elles ne sourdent pas d’une belle émotion, déshonorent tout homme qui les cause.. ». Fatou Diome, Les Veilleurs de Sangomar

S’il m’était permis de parodier Dostoïevski (son propos sur l’état des prisons comme mesure du degré de civilisation d’un pays) je dirais que le calvaire de toutes ces femmes qui meurent en couche montre l’ampleur de notre peu de respect de la vie humaine. C’est facile de plaindre et de condamner les médecins, souvent coupables de négligences ou d’erreurs médicales, mais il serait plus juste de poser la question de savoir : et si toutes ces erreurs étaient dues à des facteurs objectifs ? Très peu de médecins généralistes, de gynécologues, d’anesthésistes, etc. qui font un travail éreintant dans des conditions de travail absolument vétustes. Le plateau médical de notre pays est une atteinte aux droits de l’homme.

S’il est indéniable qu’il y a des coupables parmi les professionnels de la santé, leur culpabilité est assurément assistée par celle des autorités politiques qui sont promptes à consentir des dépenses de prestige à la place d’un investissement dans la construction d’infrastructures vitales. C’est proprement inacceptable que même des bêtes meurent à ce rythme dans des structures de santé ; c’est inacceptable que des femmes meurent comme de vulgaires bêtes en donnant la vie. L’ingratitude de la nation envers les femmes est le plus grand péché après celui originel : c’est par elles que passe et se reproduit la vie. Nous leur devons plus de respect, d’empathie, à défaut de vénération. Une société qui maltraite des femmes et ses enfants ne mérite pas la paix et l’épanouissement. Changeons la façon dont nous traitons les femmes et les enfants si nous voulons voir le bout du tunnel.

Les organisations des droits de l’homme, et à leur tête les féministes, devraient porter plainte contre l’Etat du Sénégal pour déficit d’investissement dans un domaine prioritaire. Les défenseurs des enfants également doivent vilipender l’Etat du Sénégal pour ses choix hasardeux et parfois injustes en défaveur des couches vulnérables. Quand je pense qu’il y a des femmes qui ont choisi délibérément de ne pas donner la vie (c’est leur droit inaliénable) et que nos braves volontaires pour la vie sont quasiment « des laissés pour compte » ; quand je pense qu’un rêve aussi violemment brisé ne décourage pourtant pas les volontaires de la vie d’être prêtes pour la prochaine nativité… C’est vraiment injuste et cruel. Personne n’a jamais dit qu’elles ne doivent pas mourir, personne n’a dit qu’il ne doit pas y avoir d’erreurs médicales, mais par la grâce de Dieu consentons à faire des sacrifices pour arrêter cette hémorragie, cette hécatombe, devrais-je dire.

A quoi ça sert de donner des bourses de sécurité familiale à des gens qui ne peuvent pas accéder aux soins vitaux ? A quoi ça sert de faire des cash transfert alors que les personnes censées en bénéficier ne peuvent même espérer une espérance de vie 45 ans ?

* Par Alassane K KITANE

3 COMMENTAIRES
  • Lamine Diop

    Le déficit dont personne ne parle est le manque d’empathie et professionnalisme du corps médical.
    La maltraitance allant jusqu’à la torture émotionnelle est la norme érigée systèmatiquement dans les structures sanitaires au Sénégal.
    Même les déchets y sont mieux traités.
    C’est une véritable honte ce qui se passe au Sénégal.

    • Jules

      Arrêter vos mensonges !
      Dans tous les secteurs il y´a des brebis galeuses.
      Ce n´est pas une raison pour mettre tout le personnel sanitaire dans le même sac.
      Je n´ai jamais maltraité qui que se soit. Je traite tous mes patients avec respect. Plusieurs de mes collègues ont le même comportement vis-à-vis des malades.

      • Lamine Diop

        Quel mensonge ?
        Les brebis galeuses sont devenues l’arbre qui cache la forêt.
        Ces brebis galeuses ne sont pas égarées,loin de là.
        Elles sont devenues des armes de destruction massive et le syndicat de la santé protège ces criminels.

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