« Les chiffres de la Covid-19 sont plus terrifiants dans la réalité…« , a alerté le Pr Cheikh Ibrahima Niang. Devant le Jury du dimanche (JDD), ce 08 août, l’ex-Conseiller technique spécial de l’ancienne Directrice générale de l’OMS, durant l’épidémie d’Ébola, en Afrique de l’Ouest de confier que Delta tue plus que les chiffres officiels du ministère de la Santé.
Le socio-anthropologue qui donne l’exemple des « embouteillages de corbillards« , « la saturation de cimetières« , et « la non comptabilisation de décès communautaires« , explique que « comparée à Ebola et au Sida, la Covid-19 se distingue par son amplitude« .
4e ou une 5e vague…
« Nous avons une épidémie à la fois du point de vue mondial et du point de vue local, qui touche un grand nombre d’individus. Et les variants sont de plus en plus contagieux. On n’entrevoit pas le bout du tunnel. Parce qu’on pensait qu’au bout de trois ou quatre semaines, on en aurait fini. Après, on parle de première vague, deuxième, puis troisième vague. On ne sait pas s’il y aura une 4e ou une 5e vague. Nous sommes dans le domaine de l’incertitude« , souligne le Pr Niang.
Incertitude…
Avant de poursuivre : « Quand les sociologues et les anthropologues travaillent sur les maladies, ils intègrent, dès le départ, la notion d’incertitude. Parce que l’incertitude a un fondement épistémologique. On ne peut pas tout résoudre, contrôler, en s’appuyant simplement sur les Sciences exactes. L’anthropologie et la sociologie montrent l’inexactitude relative des Sciences. C’est à ce niveau-là qu’on peut donner un sens qui complète le sens biomédical. Il ne l’élimine pas. Mais qui s’il n’est pas là, on sent un vide« .
Embouteillages de corbillards, de saturation de cimetières…
« On a, si on regarde les faits épidémiologiques, la morbidité, la mortalité, des images qui frappent. On me parle d’embouteillages de corbillards, de saturation de cimetières, de décès communautaires qui ne sont pas pris en compte par les statistiques officielles. Le reportage des chiffres que vous avez est terrifiant mais je peux vous dire que c’est plus terrifiant dans la réalité du terrain. Ces embouteillages dans les cimetières, le prouvent. Il y a également ces personnes qui meurent dans les maisons et qui ne sont pas déclarées comme tel« , souligne-t-il.
La mort d’une personne âgée…
Selon lui, « les dégâts au sein de la communauté peuvent être désastreux. La mort d’une personne âgée, et la mort de plusieurs personnes âgées qui se succèdent dans la même concession ou dans la même famille peut impacter la cohésion de la famille, pouvant même entraîner le démembrement, les tensions, et la psychose. Étant donné que la peur est la principale cause des fuites désordonnées ou de la stigmatisation, heureusement que celle-ci est en train de diminuer, mais en tout cas de réponses qui ne sont pas appropriées face à l’ampleur de la maladie« .