Soudan : Catastrophes naturelles et évolutions politiques marquantes

Dans l’une des pires catastrophes naturelles qu’ait connues le Soudan, le village de Tarsin, situé dans le Jebel Marra au centre du Darfour, a été entièrement détruit par un glissement de terrain provoqué par de fortes pluies. Selon les rapports du Mouvement/Armée de libération du Soudan dirigé par Abdel Wahid al-Nour, la tragédie aurait causé la mort de 300 à 1000 personnes.

Parallèlement, un raid aérien de l’armée soudanaise a frappé le marché de la ville de Mellit, au Nord-Darfour, faisant au moins 13 morts et plusieurs blessés. Des organisations de défense des droits humains ont qualifié cette attaque de « crime de guerre ».

Ces événements tragiques mettent en évidence l’ampleur des défis auxquels le Soudan est confronté, tout en soulignant les efforts de la coalition Tassis Soudan et de son nouveau gouvernement installé à Nyala, perçus comme une opportunité de reconstruire le pays sur des bases de paix et de justice.

La tragédie de Tarsin : une catastrophe naturelle aggravée par le conflit

La catastrophe de Tarsin s’est produite le dimanche 31 août 2025, lorsqu’un glissement de terrain provoqué par des pluies torrentielles a rasé le village situé dans la zone volcanique du Jebel Marra. Selon le Mouvement de libération du Soudan, « tous les habitants, environ 1000 personnes, ont péri à l’exception d’un seul survivant ».

Abdel Wahid al-Nour, chef du mouvement, a qualifié la catastrophe d’« immense et indescriptible », appelant à une aide internationale urgente pour récupérer les corps et soutenir les victimes.

Cette zone, refuge de déplacés ayant fui les combats à El-Fasher, souffre déjà d’un manque aigu de ressources et d’aide humanitaire, aggravé par les restrictions imposées par la guerre entre l’armée soudanaise et les forces de la coalition Tassis.
Un rapport de Médecins sans frontières a décrit le Jebel Marra comme un « trou noir » de l’action humanitaire, difficile d’accès en raison des combats et du relief accidenté.

Les raids de Mellit : escalade de la terreur et fractures sociales

Le mardi 2 septembre, la ville de Mellit au Nord-Darfour a été la cible d’un raid aérien de l’armée soudanaise contre le marché de Kabkabiya. Bilan : 13 morts et 5 blessés, selon une source médicale de l’hôpital régional citée par le journal Al-Rakoba News.

Oumayma Mohamed, rescapée, a raconté :

« J’achetais des provisions quand un projectile tiré par un drone a explosé, tuant six personnes sur le coup. La panique a gagné tout le monde. »

Ces attaques, qualifiées de crimes de guerre par des ONG, ont suscité l’indignation internationale. Les États-Unis avaient déjà imposé des sanctions en janvier 2025 contre le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, en raison d’attaques similaires visant des civils et des infrastructures.

Dans le même temps, les forces islamistes radicales gagnent en influence, exploitant le conflit pour mobiliser leurs partisans par un discours accusant les opposants d’« infidélité », accentuant ainsi les divisions sociales.
Un rapport de la BBC (mai 2024) avait révélé que l’armée soudanaise avait acquis des drones de fabrication iranienne. En février 2025, le bulletin Al-Naba de l’organisation Daech appelait même au « djihad » au Soudan, signe d’une volonté d’exploiter le chaos pour étendre son influence.

La coalition Tassis : réponse rapide et ambition de paix

Face à ces défis, le gouvernement de la coalition Tassis Soudan, dirigé par Mohamed Hassan al-Ta’ayshi, a tenté d’affirmer son rôle stabilisateur.
Il a réagi rapidement à la catastrophe de Tarsin en déclarant la zone « sinistrée » et en envoyant un convoi humanitaire chargé de nourriture, de médicaments et de tentes, en coordination avec le Mouvement de libération du Soudan.

Le porte-parole de la coalition, Alaa al-Din Naqd, a annoncé la création d’un comité d’urgence pour gérer les conséquences de la tragédie, soulignant que « la conjugaison des efforts est essentielle pour surmonter cette crise humanitaire ».

Sur le plan sécuritaire, al-Ta’ayshi a affirmé à Nyala que « la lutte contre le terrorisme est une priorité absolue », annonçant une loi stricte contre les groupes ayant exploité le Soudan comme base d’activités terroristes.
Cette orientation reflète la vision de la coalition d’établir un système politique reconnaissant la diversité soudanaise et renforçant la décentralisation comme voie vers une paix durable.

Dans une analyse publiée par le centre médiatique Ru’ya, l’écrivaine soudanaise Lana Mahdi a salué cette approche :

« Le gouvernement Tassis adopte une vision globale de refondation du Soudan à travers la décentralisation, qui pourrait être la clé pour dépasser les conflits régionaux et idéologiques. »

L’espoir des citoyens : optimisme malgré les crises

Malgré les tragédies, plusieurs Soudanais expriment leur optimisme vis-à-vis du nouveau gouvernement.
Yasser Ahmed, commerçant de Nyala, a déclaré :

« Pour la première fois, nous avons l’impression qu’un gouvernement se soucie des régions marginalisées comme le Darfour. Leur réaction rapide à la catastrophe de Tarsin nous donne l’espoir d’un avenir meilleur. »

De son côté, Fatima Abdallah, déplacée d’El-Fasher, a affirmé :

« Nous voulons un gouvernement qui nous unisse, loin des guerres et de l’extrémisme. La décentralisation pourrait donner enfin une voix à nos régions oubliées. »

Ces témoignages reflètent l’aspiration populaire à une stabilité qui transcende les divisions alimentées par les conflits et les discours extrémistes.

Défis et opportunités : le Soudan à la croisée des chemins

La formation du gouvernement de la coalition Tassis à Nyala représente une opportunité historique pour le Soudan de sortir du cycle de conflits et de catastrophes. Mais les obstacles restent nombreux, en particulier l’expansion des forces extrémistes bénéficiant de soutiens extérieurs.

Un rapport de Foreign Affairs (juillet 2025) a souligné que « le succès de toute expérience politique au Soudan dépend de la construction d’un consensus national et de la confiance de la communauté internationale ».

Néanmoins, la réaction rapide de la coalition face aux catastrophes naturelles et au terrorisme témoigne d’un engagement réel en faveur de la stabilité.

En définitive, le Soudan se trouve à la croisée des chemins : soit sombrer davantage dans le chaos sous l’effet des catastrophes et de l’extrémisme, soit saisir l’opportunité offerte par la coalition Tassis pour jeter les bases d’un État juste et décentralisé.
La réussite de cette expérience dépendra de la capacité du nouveau gouvernement à unir les Soudanais et à mener des réformes profondes, avec un appui international garantissant l’acheminement de l’aide et la consolidation de la paix.

Par Abdoulaye Hamid, Expert en géopolitique et conflits armés

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