Une commerçante de 40 ans, Ndèye Seynabou N., a été condamnée par le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye à une peine de trois mois d’emprisonnement avec sursis. Selon les informations rapportées par Kawtef, elle était poursuivie pour atteinte à la vie privée et copie frauduleuse de données après avoir découvert et partagé des messages vocaux de sa voisine, Maguette N., qui discutaient d’un sortilège la visant.
L’affaire a débuté suite à la manipulation du téléphone portable de Maguette N. par sa voisine. Devant le tribunal, Ndèye Seynabou N. a fourni des versions contradictoires sur la manière dont elle a eu accès à l’appareil. Elle a d’abord évoqué un simple emprunt pour joindre sa fille, avant de déclarer avoir gardé les téléphones de plusieurs femmes hébergées chez elle durant le Gamou de Tivaouane, manipulant ainsi celui de la plaignante.
C’est en consultant la messagerie vocale qu’elle serait tombée sur une conversation entre sa voisine et un charlatan. Selon ses dires, il y était question de lui jeter un sort. « J’ai été bouleversée, terrorisée. J’ai pensé à toutes les souffrances étranges que j’ai vécues par le passé », a-t-elle déclaré, selon des propos relayés par L’Observateur. Sous le coup de la peur, elle a admis avoir copié les messages audio et les avoir partagés avec son mari, sa mère et d’autres proches.
Au cours du procès, le parquet a fermement recadré la prévenue, se concentrant sur les faits juridiques. Le procureur a souligné qu’elle avait violé la vie privée de sa voisine et diffusé illégalement ses conversations personnelles, sans son autorisation. « Au lieu de chercher des explications auprès de la concernée, vous avez transformé ces messages en scandale familial », a insisté le magistrat. La défense a plaidé que sa cliente avait agi sous le choc, tétanisée par la gravité des messages à caractère mystique, et non par malveillance. L’avocat a également évoqué une rivalité existante entre les deux femmes, toutes deux influentes dans leur quartier et à la tête de groupements de tontine.
La plaignante, Maguette N., a nié avoir prêté son téléphone mais a affirmé avoir pardonné à sa voisine. Le tribunal, après délibération, a finalement disqualifié les faits reprochés et a condamné Ndèye Seynabou N. à une peine de trois mois de prison avec sursis, mettant un terme judiciaire à une amitié de longue date brisée par cette affaire.