Une formation sur les statistiques de la santé en Afrique se tient à Dakar depuis le mardi 14 octobre. L’événement se concentre sur le suivi de la protection financière en santé, un enjeu majeur alors que les dépenses directes des ménages pour se soigner aggravent la pauvreté sur le continent.
Selon les informations rapportées par Sud Quotidien, les chiffres présentés lors de l’atelier sont alarmants. Dr Aloyse Diouf, du bureau résident de l’OMS au Sénégal, a indiqué que les données factuelles disponibles montrent qu’en Afrique, « 152 millions de personnes sont poussées ou encore plus poussées dans l’extrême pauvreté, provoquée par les dépenses de santé à la charge des ménages ». Ce nombre constitue 44,2% de la population mondiale subissant des dépenses de santé appauvrissantes. De son côté, Dr José Awong Alene de Statafrique a rappelé que, selon des estimations internationales, plus de 100 millions de personnes dans le monde basculent chaque année dans l’extrême pauvreté pour les mêmes raisons.
Pour Dr Laurence Lannes, économiste principale au Bureau de la Banque mondiale à Dakar, la protection financière est au cœur de la couverture sanitaire universelle (CSU). Elle a souligné qu’une part trop importante des dépenses de santé est encore supportée directement par les ménages dans la région. « Ces dépenses dites catastrophiques ou appauvrissantes peuvent annuler des années de progrès en matière de lutte contre la pauvreté », a-t-elle déclaré. Selon elle, le suivi de cet indicateur n’est pas un simple exercice statistique, mais « un outil de justice sociale » permettant d’identifier les inégalités et de plaider pour un financement plus équitable des systèmes de santé.
L’importance de disposer de données fiables a été unanimement reconnue par les participants. Le directeur de l’agence nationale de la statistique du Sénégal a qualifié ces statistiques de « boussole » pour évaluer les politiques de santé et cibler les actions vers les plus vulnérables. Abondant dans le même sens, Samba Cor Sarr, directeur de cabinet du ministère de la Santé, a insisté sur la nécessité de « produire des évidences robustes, comparables et exploitables pour orienter les politiques publiques ».
Au cours de cet atelier de quatre jours, les acteurs ont insisté sur la nécessité d’investir dans des systèmes d’enquête auprès des ménages pour collecter régulièrement des données pertinentes. L’objectif est de s’assurer que ces informations soient utilisées concrètement pour élaborer des politiques qui protègent efficacement les populations contre le risque financier lié à la santé.