Quand les réseaux sociaux détruisent la vie des femmes: l’exemple du “Dashplan” d’un “Habib” en “27 minutes”pour un “Iphone 7” (Reportage)

La vie devient très difficile lorsqu’on a le cœur meurtri. Et c’est ce qui arrive à la femme lorqu’elle a été abusée sexuellement ou que son intimité soit partagé sur les réseaux sociaux. Voici le triste résumé des quatre cas douloureux, portant atteinte à l’image des femmes, qui ont été malheureusement propagés sur le web par des sites. C’est l’affaire « Dashplan » des filles présentées comme étant de mœurs légères, du fameux enregistrement de « Habib », de l’audio qui a duré 27 minutes et celui de l’Iphone 7.

Ce « Habib » est pour nous un reflet de tous les hommes qui passent leur temps a tiré profit de la vulnérabilité, de la fragilité, de la gent féminine pour assouvir leur désir.

Dans ce premier audio partagé sur WhatsApp, l’individu en question s’appelle bien Habib. Et n’eût été les cris de la femme lui implorant de par son nom de la laisser, on n’aurait jamais su qu’il s’appelait ainsi. Toutefois, son nom ne nous intéresse pas pour autant. C’est plutôt son agressivité, son manque de considération envers cette belle créature qui a heurté les consciences.

Dans l’enregistrement, on entend haut et fort les cris de détresse de la fille qui ne pouvait pas le repousser parce qu’il y avait le poids des muscles d’un homme fort qui la retenait. Sa seule issue de secours était ses yeux pour faire couler des larmes. Et sa bouche qui gémissait pour demander pitié.

Habib ne s’est pas arrêté là avec son agressivité. Dans l’enregistrement, on l’entend montrer sa dominance sur la femme, l’obligeant à dire qu’il était son papa.

“Dit que je suis ton père”. “Oui, tu es mon père”, a-t-elle supplié pour se tirer des griffes. Ce qui constitue une humiliation portée à l’endroit des femmes.

Ce qui a fait le plus mal dans cette histoire et qui a suscité l’indignation de tout le monde notamment les militants du genre, c’est que ce bourreau a eu la vergogne d’enregistrer ses ébats, qui ont fini par être divulgués selon nos sources par une amie intime de la femme. Et c’est par son acte, que cette histoire déshonorante a fait le tour du Sénégal détruisant complètement la dignité d’une jeune femme innocente. Et le comble dans tout ça, il nous a été soufflé qu’il s’agit d’un couple qui venait tout juste de se marier et était donc en nuit de noce. À quoi bon y avait-il intérêt à enregistrer leur relation sexuelle ? Ce que nous n’arrivons pas à comprendre jusque-là !

Après “Habib”, un autre comparable à lui, dans un enregistrement toujours sur WhatsApp qui a duré cette fois-ci 27 minutes, suscitant beaucoup de bruits, a terni l’image d’une femme mariée à un émigré.

À l’approche du Magal de Touba, sa discussion avec son amant qui l’a appelée au téléphone pour planifier un rendez-vous avec elle,  a fini sur son groupe WhatsApp par mégarde. Et les participants ont propagé cela sur les réseaux sociaux.

On entend le jeune homme dans l’enregistrement, décrivant des scènes pornographiques qu’il envisage de faire avec la dame une fois qu’elle viendra le joindre. Sachant, que son mari est à l’étranger, il s’est joué de la fragilité féminine pour susciter un fantasme chez la femme mariée. Pour  27 minutes, l’image d’une mère de famille a été vilipendée sur le Web.

Aura-t-elle le courage de continuer à s’occuper en toute quiétude son ménage sachant que les regards seront toujours braqués vers elle? Chose qui sera certainement très difficile!

Dans la même veine, l’image de la femme a été aussi vilipendée à travers le fameux audio Iphone 7. Dans ce dernier, un jeune homme voulant attirer une femme sur son lit, pose comme hameçon un Iphone 7, à travers un plan qu’il a bien mûri avec son ami, faisant croire qu’il aurait acheté ce téléphone pour elle. Une histoire qui présente la femme comme un jouet, un objet, pouvant être utilisé par la tromperie pour satisfaire une libido.

Après ces trois histoires, une autre aussi bouleversante défraye la chronique actuellement et dont les auteurs ont été finalement arrêtés par la police sénégalaise. Il s’agit de 10 individus, qui ont crées un groupe WhatsApp pour ensuite utiliser les données personnelles des filles les présentant aux yeux du public comme étant des “filles faciles”. Ils leur demandaient ensuite des relations sexuelles en contrepartie leurs identités ne seraient pas dévoilées au grand jour. Finalement, une liste de 232 filles a été partagée sur les réseaux sociaux et malheureusement reprise par des sites d’information.

Une rencontre avec le directeur de la division spéciale de cybersécurité, Cheikh Gueye, nous a permis d’en savoir plus sur l’identité des délinquants, qui après avoir été présentés au procureur, ont été tous mis en mandat de dépôt.

« Il s’agit pour la plupart des étudiants, des élèves, des footballeurs, mais également d’autres personnes qui travaillent dans d’autres secteurs comme la restauration etc. Il y a certains d’entre eux qui ont une connaissance en informatique, mais la plupart d’entre eux ne sont pas des informaticiens. Ils utilisent ce qu’on appelle l’ingénierie sociale qui consiste à exploiter la faille humaine liée à la négligence de la personne », renseigne-t-il lors d’un face à face avec la Presse.

Notre investigation ne s’est pas arrêtée là, nous avons fait aussi un tour au commissariat central de Rufisque pour des statistiques par rapport au nombre de cas qu’ils recevaient relativement aux dérives sur les réseaux sociaux. L’adjointe du Chef qui nous a reçus, dit ne pas disposer du nombre exact de plaintes à ce sujet. Toutefois, il ne se passe pas un mois sans qu’il ait une affaire à ce propos. Et qu’à leur niveau, ils se limitent seulement à constater s’il y a bien divulgation des données à caractère personnel pour transmettre le dossier au procureur.

Même si l’on a pas eu les informations qu’on espérait, c’est assez suffisant pour comprendre que nous sommes en présence d’une infraction réprimée par le législateur sénégalais à savoir la divulgation des données à caractère personnel. De ce fait, un coup d’œil dans la réglementation y afférent,  nous a permis de constater que des sanctions sévères ont été prévues pour une quelconque violation de la loi.

Les risques encourus par les auteurs de divulgation des données à caractère personnel

Des dispositions protectrices des victimes ou réprimant des délinquants ont été prévues à travers la loi n° 2008-11 portant Cybercriminalité. Son article 431-30 dispose que: “Quiconque aura recueilli à l’occasion de leur enregistrement, de leur classement, de leur transmission ou d’une autre forme de traitement, des données à caractère personnel dont la divulgation aurait pour effet de porter atteinte à la considération de l’intéressé ou à l’intimité de sa vie privée, porté, sans autorisation de l’intéressé, ces données à la connaissance d’un tiers qui n’a pas qualité pour les recevoir sera puni d’un emprisonnement d’un 1 ans à 7 ans et d’une amende de 500000 francs à 10 000 000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement”.

Ce texte a été presque repris à travers loi n°2016-29 du 8 novembre 2016 modifiant le Code pénal en son article 431-27 qui dispose ceci: « Celui qui recueille des données à caractère personnel dont la divulgation aurait pour effet de porter atteinte à la considération de l’intéressé ou à l’intimité de sa vie privée, transmet, sans autorisation de la personne concernée, ces données à la connaissance d’un tiers qui n’a pas qualité pour les recevoir, est puni d’un emprisonnement d’un an à sept ans et d’une amende de 500.000 francs à 10.000 000 francs ou l’une de ces peines »

Cette nouvelle infraction réprime les enregistrements clandestins audio ou vidéo et la prise de photo sans le consentement de la personne concernée. Elle vise la personne qui enregistre l’information, celle qui la partage avec des tiers et celle qui la diffuse par exemple sur les réseaux sociaux.

Le recours des victimes à l’égard des sites Web

Au-delà des dispositions du Code pénal et de la cybercriminalité, l’article 69 de la loi n°2008-12 du 25 janvier 2008 sur les données à caractère personnel, complète ce dispositif en précisant que « toute personne physique justifiant de son identité peut exiger du responsable d’un site que soient, selon les cas, rectifiées, complétées, mises à jour, verrouillées ou supprimées les données à caractère personnel la concernant, qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées, ou dont la collecte, l’utilisation, la communication ou la conservation est interdite ». Cette article prévoit en réalité la demande de retrait à l’amiable des données personnelles publiées sur un site Web.  

Toutefois, en cas d’ostentation d’un responsable de site, il est possible pour la victime d’entamer une procédure judiciaire afin que la publication soit retirée. À cette étape, il est vivement conseillé d’établir, en urgence, un procès-verbal de constat d’huissier. Ce dernier fera une capture d’écran de l’information publiée en ligne. Une fois informé du caractère manifestement illicite des informations, le responsable du site sénégalais est tenu de supprimer les contenus portés à sa connaissance.

À défaut, la victime peut saisir la Commission des données personnelles (CDP) ou porter plainte à la Gendarmerie, à la Police de son domicile ou auprès du Procureur de la République.

En saisissant le Tribunal, la victime peut également demander une décision en référé pour que le responsable du site web sénégalais supprime les informations litigieuses. En application de l’article 431-64 du Code pénal, le juge peut faire injonction au responsable du site ayant servi à commettre l’infraction de mettre en œuvre les moyens techniques nécessaires en vue de garantir l’interdiction d’accès, d’hébergement ou la coupure de l’accès au site incriminé. 

Reportage réalisé par Mame Amath Diouf

2 COMMENTAIRES
  • ngooor

    J’apprecie votre article. Il faut aider nos soeurs. Tant qu’elles dependeront financierement des hommes, elles se feront toujours avoir.

  • Gentale Pa

    Tu devais dire aussi a nos soeurs d etre fidelles et moins materialists
    Naniou regle t khamne alal gui day diekh

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