« Présidentielle 2024: Comment une 3e candidature de Macky empêche le choc des idées… »
Au Sénégal, on a souvent parlé d’héritage et peu discuté d’avenir.
De Me Lamine Guèye à Macky Sall, le fait de gérer les affaires de la cité, à rebours des codes de la démocratie participative, amène à penser que le pouvoir est un gâteau à se partager quitte à engendrer des contradictions liées à des logiques de succession, qui posent des problèmes de démocratie interne, voire de démocratie tout court.
En 1948 déjà, Léopold Sédar Senghor, en quittant la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), adressa une mémorable lettre à Guy Mollet. Via cette missive, le futur président dénonçait la mainmise que Lamine Guèye exerçait sur l’appareil du parti. Senghor créera le Bloc démocratique sénégalais mais une fois au pouvoir, le Bds va conduire la même politique que la SFIO. Mieux, les deux hommes vont se retrouver dans l’Union progressiste sénégalaise (Ups).
En réalité, il n’y avait que des divergences d’ordre personnel entre ces deux gladiateurs du socialisme sénégalais que rien n’oppose profondément en dehors d’une querelle d’égos surdimensionnés.
En 2000, Me Abdoulaye Wade bâtit campagne en promettant le plein-emploi et sera incapable d’honorer ses engagements, puisqu’en 2008, il avouera son incapacité de résoudre la lancinante question de l’emploi des jeunes.
En fait, à la veille de la présidentielle de 2000, la série de défections connues par le Parti socialiste connut un si grand retentissement médiatique qu’on en a oublié que durant cette décennie 1990-2000, Moustapha Niasse, Abdoulaye Wade et Djibo Kâ ont travaillé dans des gouvernements de Abdou Diouf et qu’aucun changement radical ne pouvait être attendu de l’éclatement de leur mouvance.
Itou en 2012, le débat sur le projet supposé ou réel de dévolution monarchique du pouvoir ne favorisa pas une meilleure compréhension des programmes des uns et des autres.
En élisant Macky Sall, 65 % des électeurs ont, pour la plupart, sanctionné le projet supposément dynastique qui était prêté au pape du Sopi, mais ils n’ont pas été convaincus de la faisabilité de la promesse de création de 500 000 emplois le temps d’un septennat promis par le leader de l’Alliance pour la république.
D’ailleurs, la déchéance va vite gagner ces électeurs, qui ne tarderont pas à pousser la complainte « Deuk bi dafa Macky », devant les flottements du régime issu de la Seconde alternance qui n’a pu matérialiser, à ce jour, la « philosophie de gouvernance sobre et vertueuse » qui devait prétendument opérer la « rupture » tant attendue.
Les Sénégalais ont jusqu’ici éliminer un président de la République sortant sous le mode du « Tout sauf… ». En vérité, ils n’ont pas porté à la tête du pays un dirigeant transformateur capable de concrétiser le Changement sur la base d’une vision originale, pertinente, réaliste et réalisable.
Depuis 2012, différents livres programmatiques ont été écrits par des acteurs politiques réputés tels Abdourahmane Diouf, Ousmane Sonko, Thierno Alassane Sall, Boubacar Camara…Macky Sall lui-même a écrit son autobiographie intitulé « Le Sénégal au cœur », mais la promotion du livre a souffert du bilan immatériel de son magistère fait d’actes de mal-gouvernance et de régression démocratique.
Ainsi, la polémique sur le projet de 3e candidature prêté à Macky Sall est un parasite qui vient brouiller les regards en ne favorisant pas une meilleure lisibilité des programmes.
C’est pourquoi il faut saluer l’initiative du Parti républicain pour le progrès (Prp), qui innove avec la tenue d’un séminaire programmatique prévu du 5 au 7 mai à Dakar.
Ce séminaire à l’instigation des cadres de cette formation politique sera l’occasion de concevoir un projet de gouvernance pour installer le Pays de la teranga sur les rails de la vraie émergence économique. Cela, dans le sillage des livres-programmes déjà publiés par d’autres candidats.
Ce recentrage sur l’exercice intellectuel est d’autant plus nécessaire que la nouvelle ère géopolitique fait que l’Afrique est devenue un plus grand enjeu pour les grandes puissances qui s’y entredéchirent sous le mode d’une guerre froide.
A cet égard, les contrecoups néfastes du Coronavirus et les répercussions de la guerre entre la Russie et l’Ukraine prédisposent à devoir dégager un meilleur profil pour au moins permettre au Sénégal de développer enfin son agriculture et, conséquemment, de ne plus avoir à vivre les affres d’une crise alimentaire reliée à des chocs exogènes.
Dans tous les domaines, des solutions doivent être proposées pour que le débat cesse de porter sur les personnes lorsque l’on déplacera le curseur sur les idées. Pour découvrir une meilleure idée du Sénégal…
* Par Thierno Diop…
Occuper une Fonction dans un Etat Oppresseur
Si soutenir les oppresseurs, même avec un fragment de datte, ou même par le simple souhait qu’ils restent en vie, est une chose contre laquelle les Imams d’Ahl-ul-Bayt ont mis vivement en garde les Musulmans, quel péché impardonnable serait de participer à un gouvernement oppresseur, d’accepter d’y occuper une fonction ou de lui prêter serment d’allégeance, ou pis encore, de faire partie des piliers d’un pouvoir injuste et de contribuer activement à l’installation et à la consolidation de ce pouvoir. Car, comme l’a dit l’Imam al-Çâdeq, « un régime oppresseur, c’est le minage de tout le bon droit, le ravivage total du faux, la résurgence de l’injustice, du despotisme et de la corruption. »