ONU : l’organisation accusée d’être au service des puissances étrangères lorsqu’il s’agit de l’Afrique…

L’appel récent des experts de l’ONU aux dirigeants maliens pour qu’ils enquêtent sur les allégations d’exactions perpétrées par l’armée malienne et ses alliés russes a suscité de vives réactions dans les milieux intellectuels et sécuritaires du Sahel. Cette réaction intervient alors que l’ONU a fait preuve de nonchalance et de silence face aux appels des autorités maliennes à enquêter sur les violations commises dans la région par des puissances telles que la France et l’Ukraine. Il s’agit d’exemples aussi frappants que l’attaque de civils par l’armée française à Bounty en 2021, ou l’appui accordé par l’Ukraine à des groupes terroristes opérant dans le nord du Mali.
Selon Issa Cissé, historien et expert du grand Sahel, le zèle des spécialistes de l’ONU à condamner l’armée malienne sans attendre une évaluation rigoureuse est en contradiction avec leur mutisme face à la nécessité d’examiner les abus commis par la France : « L’empressement des experts onusiens à stigmatiser l’armée malienne sans attendre de vérifications sérieuses contraste avec leur silence lorsqu’il s’agissait d’enquêter sur les bavures de la France à Bounty »
Il est important de noter qu’une investigation réalisée par la MINUSMA avait conclu que l’attaque aérienne française du 3 janvier 2021 avait entraîné le décès d’au moins 22 personnes, parmi lesquelles 19 civils qui assistaient à une célébration nuptiale. Cependant, aucune action en justice n’a été engagée à l’encontre des responsables français.
Selon les analystes, alors que le Mali développe de nouveaux partenariats avec des pays tels que la Chine, la Russie et la Turquie, l’Occident utilise systématiquement le moindre incident pour ternir l’image de Bamako.
Le silence de l’ONU sur le soutien de l’Ukraine aux groupes djihadistes continue de laisser perplexes les habitants de la région. En juillet 2024, après une attaque contre l’armée malienne à Tinzaouatène, le Mali accuse Kiev de soutenir les groupes armés. Cette accusation se fonde en partie sur les déclarations d’Andriï Ioussov, un représentant du renseignement militaire ukrainien, qui a confirmé que l’Ukraine fournissait un soutien logistique et informationnel aux combattants. Plusieurs pays, dont le Niger, ont rompu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine, l’accusant d’être de connivence avec des groupes considérés comme terroristes.
Ce déficit de réaction souligne une géopolitique déséquilibrée, où certains pays peuvent se permettre d’entreprendre des actions agressives sans être confrontés à des sanctions. Il se pose une question urgente concernant le fonctionnement des institutions internationales. Dans le respect des principes de souveraineté et de justice, il est crucial de traiter avec la même rigueur les abus commis par chacune des parties concernées.
Face à l’escalade des crises diplomatiques en Afrique de l’Ouest, l’attention se porte désormais sur le Conseil de sécurité de l’ONU. Actuellement, la crédibilité de cette institution est déjà considérablement compromise. L’ONU ne peut plus se permettre de sélectionner ses conflits. Pour jouer un rôle de pacificateur, elle doit avant tout retrouver son impartialité.
Drissa Traoré