Mamoudou Ibra Kane : «Entre carte d’électeur et coupe-coupe la rime est introuvable»

La Guinée nous parle. Le pays vote dimanche. Les Guinéens retiennent leur souffle et, les Africains avec eux, appréhendent ce qui pourrait advenir au soir d’un scrutin crispant. Sans doute l’élection la plus incertaine de l’histoire de ce charmant peuple qui sait dire non. Cette nation, arc-en-ciel certes, plurielle et complexe à la fois, n’en vit pas moins en harmonie. Une image admirable et enviable que les hommes politiques s’emploient à écorner à des fins électoralistes. Guinéens de l’intérieur et de l’extérieur, le Monde entier vous regarde…

Le Sénégal risque-t-il de perdre le sourire ? Son sourire, si singulier ? Ce sourire de téranga qui fut sa force, son charme. Atout décisif dans le choix de la destination Sénégal. Le sourire au parent, à l’ami, au voisin, à l’étranger. Le sourire à l’adversaire. Et même à l’ennemi. En vérité, un sourire empreint de sincérité. Les crispations identitaires, les fâcheries et les bouderies commencent toujours par l’absence de sourire. Alors que le sourire désarme.

Attention au danger qui guette. Parce que l’atmosphère devient lourde du fait de certains clivages de radicalité qui pointent. Les signaux, en tous cas, clignotent. Le glaive à la place des fleurs ? Dans un pays qui a toujours fait le choix des urnes, le « coupe-coupe » n’a pas voix au chapitre. Entre carte d’électeur et coupe-coupe la rime est introuvable. Les propos du député Aliou Dembouro Sow sont graves. Si on n’y prend garde, ils peuvent porter atteinte à la cohésion nationale et à la paix sociale. Nous sommes en République, donc nous sommes républicains. Tout propos ou comportement de nature à mettre en péril notre volonté du vivre-ensemble doit être banni.

La leçon d’humilité, mieux la leçon de vie ne nous vient-elle pas de L’aventure ambiguë ? « Ce jour-là, Thierno l’avait encore battu. Cependant, Samba Diallo savait son verset. Seulement sa langue lui avait fourché. » Cette scène d’ouverture du best-seller de Cheikh Hamidou Kane, traduit dans une dizaine de langues à travers le monde, est transposable à plusieurs situations. Acceptez donc Monsieur le député, que votre langue vous a trahi et tirez-en les conséquences.

L’écart de langage qui n’engage que le parlementaire est d’une gravité extrême. Les esprits lucides l’ont compris. Ils l’ont déjà dit sans ambages. Personne ne gagne dans les histoires d’hostilité. Au contraire, c’est tout le monde qui perd pour peu qu’on soit responsable. Une question majeure interpelle néanmoins notre société toute entière. Dans quelle mesure peut-on revendiquer une identité sans stigmatiser et discriminer une autre identité ? A force de fouetter les bas instincts, on instaure un communautarisme dangereux pour la Nation qui se veut une et indivisible. Cultivons davantage notre Sénégalité, notre Africanité et notre Universalité.

Jamais l’armée sénégalaise ne s’est dissociée de la nation qui l’enveloppe. Si elle venait à être chahutée, la nation n’en serait que plus fragilisée. Qui y a intérêt ? L’appétit foncier gagne toutes les couches sociales et n’épargne pas les militaires. L’émotion s’est emparée de l’affaire des maisons de Terme Sud occupées par d’anciens soldats. Moment choisi par général Mamadou Mansour Seck pour lancer un appel à la raison. « Il ne faut pas qu’on politise cette affaire », avertit l’ancien chef d’état-major général des Armées. Rompez !

Mamoudou Ibra Kane

4 COMMENTAIRES
  • Leuse

    pertinent.

  • Damel

    Bien dit Mr Kane . Convenez cependant avec moi que le silence du Président de la République ne milite pas en faveur de la pensée de lhomo senegalensis ,celui la qui ne connait pas par essence La violence. Comme disait l’autre, Qui ne dit rien consent . Njitou rew dou parparloo ci lou doul deugg ,lou mana tall deuk . Géné par le silence des « honorables » députés je le suis profondément ; et je doute objectivement de la protection de l’Etat pour nous autres Apolitiques ou opposants honnêtes citoyens. Que hacer ? Que faire ?

  • Malick Diallo

    nos chef detats sont pas digne sont tous des pouvaristes il nous prennent nous tous le peuple africain en otage il ne veulent pas que lafrique se devolope sont tous des conronpus comme disait lautre lafrique est male partie une gropuscule dindivus qui prennent en otage tout un continant .cest inadmissible . je cite les president les plus nule sont Alpha condè macky sall est le singe ivorien Watara il sont sale indigne pas de civisme .il retardent le continant africain .que Dieu les maudisent.

  • Cheikh Amidou TOURE

    Honnêtement pour des raisons politiciennes, on aggravé les propos du député Sow. C’est juste une mauvaise façon de parler. il est courant d’entendre dans des discussions ou des blagues, des gens employer le terme « damalaye Réyy » qui n a rien de méchant. Mêmes certaines mamans emploient ce terme pour rappeler leur enfant à l ordre. C est une façon de parler. Le député Sow surpris par certaines réactions ne sait même pas comment expliquer sa pensée. Il doit être malheureux. Pour les croyants, je dis bien les croyants, c’est un très grand péché que de vouloir interpréter les propos de Sow pour faire mal. La politique ne doit conduire à un état d esprit destructeur

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