Accusé d’avoir été reçu, en catimini par le Président Macky Sall, lui, Me Amdou Sall et Oumar Sarr, Mamadou Diop Decroix a décidé d’apporter la réplique à Emmanuel Desfourneaux.
In extenso, la réponse de Mamadou Diop Decroix à l’analyste politique…
Dans un long article publié sur les réseaux sociaux, je suis accusé de tous les pêchés d’Israël par un certain Monsieur Desfourneaux. Voici ma réaction initiale:
Premièrement : Je ne connais pas Monsieur Desfourneaux. Je ne l’ai jamais rencontré et je présume que lui non plus ne me connaît pas.
Deuxièmement : Je ne discute avec personne d’une quelconque entrée dans un gouvernement, quelle qu’en soit la nature ou la forme. Cette question, qui n’est pas dans la plateforme du FRN, n’intéresse ni ne concerne notre parti.
Troisièmement : Monsieur Desfourneaux dit une contrevérité au sujet d’une prétendue audience avec Macky Sall à la veille de Biarritz. Il devrait indiquer à ses lecteurs à quelle date, à quelle heure et en quel lieu cette rencontre a eu lieu.
Telles sont les précisions que je tenais à apporter à Monsieur Desfourneaux.
Maintenant quelques commentaires :
Premièrement : Il est clair que la situation du PDS nous désole parce que nous avons connu avec ce parti un long compagnonnage de luttes et de sacrifices bien avant l’alternance de 2000 et depuis lors, nos deux formations sont restés en alliance politique. A cet égard, nous aurions ardemment souhaité voir préservées dans ce parti, l’unité et la cohésion autour du Président Wade. Mais nous ne sommes pas du PDS et les situations qui y règnent ne regardent que ses membres au premier chef. Le Président Wade, avec qui nous cheminons depuis 30 ans sans discontinuer (sauf quand il entrait dans le gouvernement de Diouf), occupe une place particulière dans notre cœur et notre vécu politique, que rien ne saurait plus effacer. Nous avons aussi croisé dans le combat commun, de nombreux militants du PDS responsables ou non, pour qui nous avons du respect et de la considération quant à leur engagement, leur courage, leur fidélité et leur abnégation. Parmi eux, il y a Omar Sarr et Amadou Sall pour ne m’en tenir qu’à ceux qui sont cités par Monsieur Desfourneaux à qui je voudrai dire qu’à And-Jëf/Pads on ne nous choisit nos amis.
Deuxièmement : Rencontrer Macky Sall ne peut pas être en soi un crime, tout comme ne pas le rencontrer n’est pas en soi un quelconque acte d’héroïsme. Le tout dépend des circonstances et des raisons qui fondent la rencontre. Ensuite il n’y a pas pour nous, d’un côté, des princes en politique à qui revient le privilège de rencontrer qui ils veulent, y compris le Président de la République, quand ils veulent et où ils veulent et se faire applaudir et, de l’autre coté, des forçats qui, eux, doivent se tenir à carreaux sous peine d’être présentés comme des traîtres.
Troisièmement : Sur l’entrée dans un gouvernement, je signale à Monsieur Desfourneaux qui ne doit pas le savoir qu’en 1993, lorsque le Président Diouf nous a sollicités pour entrer dans son gouvernement alors que, de l’autre côté, le PDS et son leader étaient dans la tourmente, nous avons décliné l’offre du Président Diouf et sommes partis apporter notre soutien au Président Wade et à son parti jusqu’à la prison où les deux dirigeants, Savané et Wade, ont fini par séjourner de février à Juillet 1994. Nous n’avions pas saisi l’occasion qui nous était offerte pour conforter notre position sur l’échiquier gouvernemental et contribuer éventuellement à la mise à mort d’une force politique dont la disparition aurait affecté pour une longue période historique la construction démocratique qui était en cours dans notre pays.
Je signalerai également à Monsieur Desfourneaux qu’en 1995, lors du 2ème passage du PDS au gouvernement de Diouf, son leader nous avait révélé avoir négocié 2 postes de ministre pour notre parti au cas où cela nous intéresserait. Nous avions alors décliné poliment mais fermement l’offre qui nous était ainsi faite. Cette ligne directrice continue d’être la nôtre. Pour And-Jëf/Pads, l’entrisme n’est pas une option. Les partis sont créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Même si, de nos jours la modalité front ou coalition est la figure dominante, nous mettons l’accent sur la repossession de nos immenses ressources pour un développent inclusif de notre nation multi ethnique, multiconfessionnelle et multi confrérique.
Nous ne pouvons donc pas nous mettre à courir derrière des strapontins, des postes et des privilèges. Ce que nous voulons par contre fortement, c’est le retour à des règles consensuelles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir dans notre pays. C’est cela l’exigence vitale de l’heure. Bien sûr si nous échouons dans cet exercice, ce ne seront pas les autres qui iront tordre le bras au pouvoir mais ce sont les mêmes qui se retrouveront de nouveau dans la rue pour braver encore la prison et les violences. Ceux qui sont armés de la souris et du clavier, ergonomiquement bien installés pour commenter l’actualité et les rumeurs, sont certes utiles à l’armée mais ce sont les soldats du front qui font la différence. Nous, nous sommes des soldats du front.
Je termine en rappelant à monsieur Desfourneaux que dans la plateforme du Frn figure en bonne place l’exigence de retour d’exil et la restitution des droits civils et politiques à Karim Meïssa Wade. Nous ne pouvons donc pas être dans des combines ou des manœuvres pour porter quelque tort que ce soit à ce dernier.
Merci de nous laisser travailler.