Le Sénégal mise sur l’industrie textile et prévoit d’interdire les exportations de matières premières

Le ministre sénégalais de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a annoncé lundi une mesure forte : l’interdiction prochaine des exportations de matières premières textiles pour stimuler l’industrie locale. « Si nous voulons développer une industrie locale, il faut la protéger », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle stratégique de son ministère pour soutenir les entreprises nationales.

Lors d’une rencontre organisée par la Coopération allemande dans le cadre du programme Invest for Jobs, qui soutient les PME dans des secteurs clés tels que l’industrie et le textile, le ministre a évoqué des réformes nécessaires mais difficiles. « Quand des pays comme la Chine, le Japon ou les États-Unis protègent leur marché par des taxes, pourquoi le Sénégal ne le ferait-il pas ? » a-t-il interrogé, en appelant à une volonté politique forte.

Répondant au plaidoyer des acteurs du textile, M. Diop a souligné l’importance de ce secteur pour l’économie sénégalaise, rappelant que l’industrie contribue à hauteur de 25 % au PIB national. Il a promis de porter ces préoccupations devant le Conseil des ministres afin de mobiliser le gouvernement autour des solutions possibles.

Parmi les mesures envisagées, l’interdiction d’importer des vêtements de seconde main a été particulièrement soulignée. « Nous exportons du cuir brut et le réimportons ensuite pour le traiter. Cette logique est incompréhensible », a-t-il martelé, en appelant à une meilleure exploitation des ressources locales.

Fatou Cissé Ndiaye, directrice de la Plateforme industrielle du textile à Louga, a salué cette annonce. Selon elle, l’arrêt des importations de friperie pourrait offrir une réelle opportunité de renforcer la souveraineté industrielle et de créer des emplois pour les jeunes. « Cela permettra à de nombreux Sénégalais d’éviter l’émigration irrégulière », a-t-elle affirmé.