Le retour d’Abdoulaye Wade signerait un échec générationnel au Sénégal. Par Omar Bâ

Ces derniers jours, une vidéo circulant dans les réseaux sociaux montre l’ancien président Abdoulaye Wade, après avoir procédé à son enrôlement sur les listes électorales au Consulat du Sénégal à Paris, laisser entendre qu’il pourrait diriger une liste aux prochaines élections législatives. Il a déclaré que cette question était à l’étude. Certains se sont félicités de cette nouvelle, estimant qu’il s’agirait d’un puissant moyen de contrecarrer l’actuelle mouvance présidentielle.

Même si l’on peut reconnaître à Me Wade le droit d’avoir des ambitions à son âge, l’idée qu’il puisse être perçu comme incarnant le combat pour un changement dans notre pays m’a paru profondément bizarre. Voilà un homme que nous avons combattu et ôté du pouvoir en ayant fait le deuil de quinze (15) de nos compatriotes. Un homme qui a foulé aux pieds la Constitution de notre pays en se présentant pour un troisième mandat sans y avoir droit.

Un homme à qui nous avons reproché une gabegie sans nom et le torpillage de l’indépendance de notre justice. Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres, le peuple souverain a fait le choix, de manière démocratique, de remplacer Me Wade par l’actuel président. Même si ce dernier ne semble pas donner entièrement satisfaction, j’estime que le combat pour un changement de majorité ne doit pas être mené n’importe comment et surtout pas avec n’importe qui. Il serait en outre dévastateur de s’y atteler sur la base d’une amnésie collective.

En effet, si certains estiment que le président Sall « fait du Wade sans Wade », soyons certains que Wade fera du « Wade avec Wade ». Or je crois me souvenir que c’est un pan entier du Wadisme auquel les Sénégalais ont tourné le dos en mars 2012. Face à une telle bizarrerie, la question suivante s’impose : manquons-nous d’imagination au point de penser que celui que nous avons enlevé du pouvoir 5 ans auparavant serait la solution d’avenir pour notre pays ?

Il est important de rappeler que l’enjeu désormais n’est pas de changer les hommes à la tête de notre État, mais de rompre avec un système pernicieux qui nous enfonce dans les abysses de la

misère depuis tant de décennies. L’enjeu est d’en finir avec une certaine manière, scandaleuse, de conduire les affaires de notre pays. Dans un moment aussi crucial, un personnage comme Abdoulaye Wade, en dépit de son charisme, doit être considéré comme faisant partie de notre patrimoine historique.

Nous devons simplement voir en lui un homme qui a fait ce qu’il a pu avec ses qualités et ses défauts. Tel est le meilleur hommage qu’on peut lui rendre. La génération qui doit porter la vraie rupture signerait son échec et prouverait ainsi son incompétence s’il lui faut compter sur un vieillard presque centenaire qui a déjà tout donné à son pays.

Contrairement à bien d’autres, je ne pense pas que tous les moyens soient bons pour combattre un régime, surtout si ces moyens contribuent à étaler nos contradictions, notre amnésie et notre incapacité à envisager l’avenir autrement que dans le carcan de la politique politicienne.

Omar Bâ

1 COMMENTAIRE
  • célagn thieu

    trop maladroit comme analyse le sous verre ethnique pour parler politique.

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