Finale entre Chelsea et Manchester United en 2008.Finale entre Chelsea et Manchester United en 2008.
United – Chelsea en 2008. Bayern – Dortmund en 2013 et Real – Atlético ce samedi, ces dernières années, les finales de Ligue des champions entre deux clubs d’un même pays se sont multipliées. Et à chaque fois, l’impression d’assister au clap de fin d’une coupe nationale plutôt qu’à la plus prestigieuse des compétitions européennes. C’est un fait, les finales de Ligue des champions entre équipes d’un même pays font globalement moins rêver. « Il y a forcément une décote d’audience. Une finale entre deux équipes d’un même pays intéresse un petit peu moins qu’une grosse affiche, confirme Martin Tzara, directeur de production des sports à TF1. Mais en plus de ça, une affiche allemano-allemande intéresse moins qu’une finale 100% espagnole ou anglaise par exemple. Il y a l’intérêt pour le championnat, et l’intérêt du match à prendre en compte, mais au départ, oui, il y a moins de curiosité. Il y a quand même une belle affiche, une rivalité, une équipe un peu surprise. On peut penser qu’il y aura un phénomène de curiosité pour ce match. Mais quand on n’est pas dans l’opposition de styles, il y a un peu moins d’attente. »
« Plus difficile à vendre »
Alors, frustration franco-française, pile quand on « fête » les dix piges de la défaite de Monaco face à Porto ? Pas vraiment. En Allemagne par exemple, qui s’est pourtant retrouvée dans ce cas de figure la saison dernière, l’affiche de demain fait aussi moins se lever les foules. « C’est un peu difficile de vendre cette finale en Allemagne. Elle passe un peu au second plan. Il y a eu plus de 20 millions de téléspectateurs l’an dernier. Cette fois-ci, s’il y en a 10 millions, ce sera déjà très bien, confie Hardy Hasselbruch, journaliste pour Kicker. On insiste sur le côté grand derby espagnol dans les médias, mais chez nous, il n’y a que peu de gens que cela intéresse. L’an dernier, les deux clubs étaient très offensifs, et la finale assez ouverte, mais partout en Europe, les gens veulent voir des matchs entre deux clubs issus de pays différents. C’est plus intéressant de comparer des styles de jeu ».
C’est ce sentiment-là qui ressort le plus à l’approche d’une finale comme celle de demain, l’impression de perdre l’essence même de la Ligue des champions : une compétition qui oppose les meilleurs clubs européens, qui voit des styles antagonistes face à face. Même si le Real et l’Atlético ne développent pas le même football. « Mais ces deux équipes méritent d’être là, nuance Ludovic Giuly. L’Atlético fait de belles choses avec des joueurs de très bonne qualité. Bon, c’est vrai que le Real a Benzema, Bale et le Ballon d’Or… Non, c’est une belle affiche, une belle finale. Même si ce sont deux équipes espagnoles, ça reste un gros match ». L’excitation montante pour la Coupe du monde qui approche, qui prend plus d’ampleur que pour la finale de demain, est aussi un facteur à prendre en compte dans cette perte d’intérêt.
« C’est un derby, c’est différent »
En Espagne, à l’image de l’Allemagne l’an dernier, la vision de cette finale est forcément différente. Surtout qu’il s’agit du derby de Madrid. « Une finale de Ligue des champions entre, par exemple, le Real et Bilbao aurait complètement désintéressé les gens. Là, c’est un derby, c’est différent, et cela pourrait rivaliser en termes d’audience avec un Clásico en Espagne, affirme François David, journaliste français expatrié de l’autre côté des Pyrénées. Mais l’an dernier, je n’ai pas senti un grand engouement pour la finale, évidemment. Le Bayern et le Borussia avaient sorti le Barça et le Real, les Espagnols n’allaient pas se passionner pour ce match ».
Malgré une affiche moins excitante, sans pour autant être fade, sur le papier, est-ce que c’était vraiment mieux avant ? À l’époque où seuls les champions se disputaient le trophée ? Quand des clubs restaient sur le carreau malgré un niveau plus élevé que certains participants ? Pas sûr. « Les vrais fans de foot s’intéresseront de toutes les manières à ce match, qui comporte plusieurs petites histoires, des chapitres passionnants. Le Real veut remporter sa decima, ce qui serait un exploit fantastique, mais il peut s’incliner face à son petit frère. Cela pourrait être la pire défaite de leur histoire. Ce contexte passionne de toutes les manières les gens. Je ne comprends pas qu’un fan de foot puisse s’ennuyer devant un tel match. Ce n’est ni une Coupe d’Espagne, ni un derby madrilène. C’est une finale de Champions League », conclut Gabriel Clarke, journaliste pour ITV Sport au Royaume-Uni. On fera peut-être moins les difficiles quand Monaco et le PSG se retrouveront face à face.
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