A bien suivre l‘évolution de la crise au Gabon, l’on est tenté de se demander : Qu’est-ce qui se cache derrière le jeu de la communauté internationale ?
Loin de moi, toute intention de donner du crédit à la posture du président sortant Ali Bongo Odimba, mais force est de reconnaître que celle de son rival, en l’occurrence Jean Ping est vraiment belliqueuse. Qui n’a pas entendu, Jean Ping revendiquer la victoire avant la proclamation officielle ou officieuse des résultats ? Une telle attitude est non seulement provocatrice, mais aussi porteuse de tous les germes conflictuels. A l’annonce officielle des résultats provisoire, les partisans de Ping étaient déjà dans la rue pour dénoncer « le holdup » ! L’Union européenne exige le recomptage des voix dans les bureaux de vote de la seule Province du Haut Ogooué, d’où est originaire Ali Bongo Odimba. Il est vrai que les scores de ce dernier dans cette province, rappellent ceux des candidats du parti communiste Bolchevik dans l’ancienne Union soviétique.
En effet, la mission d’observation de l’Union européenne a déclaré que l’analyse des résultats définitifs révélait une « évidente anomalie dans la province du Haut-Ogooué », qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93 % (contre moins de 60 % dans l’ensemble du pays), avec 95,46 % de votes en faveur du président sortant ». Mais, de l’autre côté, l’on rétorque pour dire que : « Si on veut relever tous les cas d’anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté », a répliqué Ali Bongo, selon qui, les critiques de l’Union européenne sont trop favorables à Jean Ping : « J’aurais aussi apprécié qu’on note quelques anomalies dans le fief de M. Ping, qui a fait les 100 % dans certains bureaux. En ce qui concerne le Haut-Ogooué, je dirais tout simplement que la campagne menée par M. Ping, qui est honteuse, a mené à une participation massive », a-t-il argumenté.
Ce n’est qu’au dernier moment que la communauté internationale a convaincu Jean Ping de déposer un recours devant le Conseil Constitutionnel ! Là encore, M. Ping sermonne les juges et étale un chapelet de préjugés défavorables à leur égard. Dans tout cela, personne ne condamne une telle attitude, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas pacifiste.
L’on susurre que que la disgrâce de Bongo serait la conséquence de redressements fiscaux dont certaines entreprises européennes notamment françaises seraient victime au Gabon, depuis l’arrivée d’Ali Bongo Odimba au pouvoir. Mais il y aurait également la politique de diversification des partenaires, inaugurée par Bongo, ces derniers temps. Bref, tout le cocktail qui aurait fait disparaître bien des aînés avant lui, dont notamment l’ancien président du Sénégal Me Abdoulaye Wade…
L’évolution actuelle des évènements au Gabon, risque de conduire à la dégénérescence. Or, l’Union africaine hésite, comme toujours, à assumer ses responsabilités avant le pourrissement de la situation. Au cas où Ping ne serait pas satisfait par l’arrêt de la Cour, il serait fort possible qu’il prêche pour l’embrasement d’autant que ses partisans sont déjà chauffés à blanc.
Face à ce danger rampant, les chefs d’Etat africains et leur syndicat moribond, l’Union africaine font preuve de manque d’inspiration, d’initiative et de courage, alors que l’Union européenne, arborant la toge de la Communauté internationale s’active et s’agite pour ternir l’image du président sortant avant d’envoyer le coup de grâce !
Il est temps de mettre fin à l’immixtion de la Françafrique dans les affaires africaines, notamment dans le choix des hommes qui doivent diriger les pays africains. Albert Bourgi vient de révéler à la face du monde, le rôle prépondérant de s anciens pays coloniaux dans la gouvernance africaine.
L’on se rappelle, la liquidation physique de Mouammar Ghadafi, sous des prétextes fallacieux, élaborés sur la base de faux rapports, concoctés dans de sombres officines. N’est-ce pas ces bourreaux et assassins au nom de l’ingérence humanitaire qui avouent aujourd’hui que : « La France avait surestimé le danger pour les civils de la réplique du régime libyen à la révolution menée par des opposants durant le Printemps arabe, selon le document.
Ce rapport élaboré par une commission parlementaire chargée des Affaires étrangères au Royaume-Uni reprochent au Premier ministre britannique de l’époque de n’avoir pas défini une stratégie cohérente d’intervention en Libye. La stratégie du Royaume-Uni a été fondée sur des hypothèses erronées », ont-ils reconnu…
Il est temps d’agir pour sauver le Gabon d’un complôt qui risque d’embraser la sous-région voire le continent africain. Dans cette affaire, ce n’est, ni l’intérêt d’Ali Bongo ou de Jean Ping qui doit primer, mais plutôt celui du Gabon et de l’Afrique.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien Ministre des Affaires Religieuses,
Président du Mouvement « Pour une Afrique debout »
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