Invité de l’émission « Jury du Dimanche » sur iRadio et iTV, l’économiste et philosophe Elhadj Ibrahima Sall a livré son analyse sur la gouvernance publique au Sénégal. Selon des propos rapportés par Emedia, il a plaidé pour une dépolitisation de l’action de l’État comme condition essentielle pour améliorer l’efficacité des politiques mises en œuvre.
Selon Elhadj Ibrahima Sall, l’un des principaux obstacles réside dans une focalisation excessive sur la production de plans et de documents stratégiques, au détriment de leur application concrète. « Il faut les repenser, les améliorer et surtout mieux les exécuter », a-t-il affirmé, soulignant que la mise en œuvre sur le terrain constitue le maillon le plus faible du processus. Pour lui, la priorité ne devrait pas être la multiplication de nouvelles stratégies, mais bien l’optimisation de l’exécution.
L’économiste a attribué cette faiblesse à des causes structurelles, pointant du doigt une administration qui n’a pas été réformée et qu’il juge elle-même « défaillante ». Il a également mis en lumière une absence quasi totale de mécanismes de suivi et d’évaluation. « Il y a eu des frissons de tentatives d’évaluation au Sénégal, j’y ai participé, mais elles se heurtent à de fortes résistances : sociales, ministérielles et administratives », a-t-il confié. Cette analyse sur le manque de cap dans les réformes fait écho à celle d’autres experts, comme Souleymane Nasser NIANE, qui a récemment estimé que la direction à prendre n’était pas assez précisée pour mobiliser un engagement fort.
Face à ce constat, Elhadj Ibrahima Sall préconise une rupture profonde : la dépolitisation de l’État et de l’action publique. « Tous les pays qui avancent sont ceux qui ont réussi à dépolitiser leurs politiques publiques », a-t-il soutenu. Il plaide pour l’instauration d’une administration neutre, professionnelle et indépendante des luttes de pouvoir, une préoccupation qui rejoint d’autres points de vue soulignant que les débats politiques peuvent parfois détourner des priorités essentielles pour les populations.
