Gambie ! Les Leçons du Dialogue. (Par Ndao Badou Le Médiateur, Fondateur de l’Armée de la Paix)

Le Président Yaya Jammeh est parti de la tête de la République de Gambie. Il n y a eu aucune balle tirée. L’Armée Sénégalaise est entrée en Gambie sans tirer un seul coup de feu, accueillie en liesse par cette même population, qui, sans l’aide ou l’assistance de personne, avait mis hors – jeu Yaya Jammeh. La Paix va s’installer sans le lot de morts qu’une guerre aurait fait. C’était le vœu le plus ardent d’un peuple de Paix, qui a d’autres priorités que la guerre et qui ne le souhaitait pas.
En temps de crise, chacune des parties concernées appuie sur les leviers à sa disposition pour se faire entendre et agit en fonction de sa station et des responsabilités qui sont les siennes. Dans le cas de la crise Gambienne, autant la CEDEAO s’est fourvoyé dès le début de par son attitude va – t – en guerre, qui n’a voulu donner aucune chance au dialogue, autant l’Etat du Sénégal, le premier concerné, a cerné les enjeux et est allé jusqu’au bout de sa logique d’un Etat responsable qui ne doit défendre que ses intérêts.

De l’autre côté, une opinion publique s’est élevée contre toute résolution de la crise politique par les armes en optant pour le ‘’tout sauf la guerre’’. C’est le cas de ‘’l’Armée de la Paix’’.
Dès le début de la crise, nous avions dit que cette crise pouvait se régler pacifiquement en utilisant les ressorts sociaux – culturels qui nous sont propres comme le dialogue et nos croyances cultuelles ou culturelles enfoncées au plus profond de notre tréfonds d’Africains. La majorité d’entre – nous, face à un problème insoluble, se réfugie dans la Religion ou dans les croyances traditionnelles pour trouver solutions. Ce sont nos ressorts, nous y croyons et rien, jusqu’à présent, quelle que soit la vitesse de la modernité, ou les cieux, sous lesquels, nous vivons, nous, les Africains, c’est ce qui nous reste de notre culture, de vivace et totalement présent. Donc, dans la résolution de nos conflits, au lieu d’importer des formats inadaptés, nous pouvons nous appuyer sur ces ressorts pour désamorcer n’importe quelle crise.
C’est ce que ‘’l’Armée de la Paix’’ a fait. Après nous être adressé à toutes les représentations diplomatiques présentes sur notre sol, au Secrétaire Général de l’Union Africaine et des Nations Unies pour leur signifier par lettre, notre option pour le dialogue et notre rejet total de la guerre, nous avons actionné les leviers traditionnels de règlements de conflits.
Nous avons mis en place une cellule qu’on a éclatée à travers tout le Sénégal pour débusquer toutes les personnes détentrices d’un quelconque savoir, religieux ou autre. Nous avons fait réciter 1511 fois le Livre Saint, le Coran. Nous avons fait toutes les offrandes recommandées par les maîtres du surnaturel. Bref, nous avons visité tout le répertoire Négro – Africain que nous avons pu, pour la résolution en paix de cette crise. Chaque membre étant libre de convoquer les esprits de son choix, de sa croyance.
Des personnes honnêtes, patriotes engagés, volontaires, se sont investis en toute discrétion sans attendre de gains autres que le triomphe de la Paix dans cette œuvre. Des gens ont puisé dans leurs poches, ont donné de leurs temps et de leurs énergies, infatigables, ont sillonné les villages les plus reculés pour trouver prières et incantations dédiées à la Paix. Partout, où ces soldats de la Paix sont passés, ils ont pu mesurer la capacité de nos érudits et des tenants du savoir de nos croyances traditionnelles.

Nous ne pouvons pas ne pas louer et remercier ces hommes de l’ombre, ces diplomates imbus des valeurs Africaines qui, chacun dans son terroir, a pu actionner les puissances bienfaitrices au service de la Paix, de l’Afrique.
Le plus anecdotique dans nos pérégrinations, c’est ce vieux sage qui a dit à l’un de nos membres ‘’Si vous entendez un seul coup de feu en Gambie, le temps que vous m’appelez pour me le dire, que ma femme vous dira que je me suis suicidé ’’.
Nous ne dévoilerons pas les innombrables contacts que nous avons eus avec des hommes influents qui se sont mis à notre disposition pour la cellule de Médiation qui devait rencontrer les parties, dont le Pdt Jammeh. Nous avons apprécié les milliers de soutiens de partisans de la Paix qui ont voulu se mettre à notre disposition, mais, dont nos maigres moyens ne pouvaient prendre en charge.
Il y a beaucoup d’hommes de Paix dans ce pays, ils contribuent calmement aux différentes révolutions douces qui rythment la marche de notre pays en allant voter paisiblement, défaisant sans anicroche des pouvoirs. C’est de ces hommes, dont nos pays ont besoin. Des hommes lucides, capables de prévoir les changements de la direction des vents avant d’allumer un tas de pailles qui prendrait les broussailles et se transformerait en feux de forêt. Des hommes qui savent effacer leurs émotions et ranger leurs convictions dans leurs tiroirs au profit de l’intérieur supérieur de la Nation.
Ces hommes, que DIEU Tout Puissant les rétribue à la dimension de leurs sacrifices et de leurs engagements. Ils peuvent crier victoire, non pas, parce qu’ils ont marqué le but de la victoire, mais, de la tribune, ont poussé leur équipe de la Paix qui a remporté haut la main la bataille de la Paix en Gambie.
Si d’aucuns ont considéré que l’usage de la force était la seule alternative pour la Paix, ils avaient leurs raisons, et n’avaient pas peut – être tout à fait tort, mais le menu proposé pouvait être indigeste.
Si d’autres ont privilégié la voie pacifique jusqu’au bout, tout en sachant que la force pouvait être utilisée, ils ont été plus sages. La paix n’a pas de prix.

Essayons toujours de finir le chemin des Sages avant d’emprunter les sentiers douteux. Essayons de trouver ce qui est le mieux pour nous dans tous les domaines qui concernent l’avenir de nos enfants, la quiétude de nos populations par la préservation de la Paix. Nous devons exiger de nos gouvernants qui ont hérité d’un pays en Paix, de le maintenir en Paix, de nous le rendre intact, en Paix. Pour cela, il nous faut une opinion publique forte, consciente et déterminée, capable de barrer la route à nos dirigeants s’ils prennent des voies aux antipodes des intérêts des peuples.

L’opinion publique doit être hors des contingents politiques, proche des intérêts du peuple, et capable de s’opposer aux errements de nos dirigeants quand ils décident mal. Comme tout Etat responsable a aussi besoin d’une opinion publique forte pour mieux irriguer la Démocratie et éviter les décisions fâcheuses.
Il n y a eu qu’un seul vainqueur en Gambie. C’est la Paix.

Vive la Sénégambie de la Paix ! Vive la CEDEAO de la Paix ! Paix en Afrique !