États-Unis : tollé après la proposition de Donald Trump de reporter la présidentielle

Donald Trump a évoqué dans un tweet un éventuel report de la présidentielle de novembre. Une proposition condamnée jusque dans son propre camp.

« Reporter l’élection jusqu’à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité??? » Dans un tweet provocateur dont il est coutumier, le président américain Donald Trump a envisagé jeudi 30 juillet un report de l’élection présidentielle de novembre en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Une suggestion qui a provoqué un tollé des deux côtés de l’échiquier politique américain.

La Constitution américaine est claire : le président n’a pas le pouvoir de décider du report d’une élection. La date des élections étant fixée par une loi fédérale, seul le Congrès peut prendre une initiative en ce sens. Le fait que le président lui-même évoque cette hypothèse pourrait cependant contribuer à alimenter, au sein de sa base électorale, les doutes sur la légitimité du scrutin.

« C’est le Congrès qui fixe la date des élections »

Le tweet est aussi un aveu de fébrilité de la part de Donald Trump, qui redoute une humiliante défaite qui ferait de lui le premier président d’un seul mandat depuis plus d’un quart de siècle.

« Nous sommes en Amérique. Nous sommes une démocratie, pas une dictature. La Constitution fixe la date des élections en novembre. Rien de ce que le président dit, fait ou tweete ne peut changer cela », a réagi Dale Ho, de l’organisation de défense des droits civiques ACLU.

Les Républicains se désolidarisent
 
Fait notable, plusieurs ténors républicains ont rapidement et clairement marqué leur désaccord avec le président, écartant un éventuel report du scrutin.
 
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a rappelé que « jamais dans l’histoire » des États-Unis une élection n’avait été repoussée, que ce soit pendant la guerre civile ou au cœur de graves crises économiques. « Nous nous assurerons que cela soit de nouveau le cas le 3 novembre », a-t-il ajouté.
 
Son homologue à la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy rejete également l’idée.
 
« Jamais dans l’histoire n’ont été annulées des élections fédérales. Nous devons aller de l’avant avec notre élection, » a-t-il déclaré.
 
Steven Calabresi, co-fondateur de l’organisation conservatrice « Federalist Society », qui précise avoir voté pour Trump en 2016 et pour tous les candidats républicains à la Maison Blanche depuis 1980 s’est dit « atterré », évoquant, dans une tribune dans le New York Times, un tweet « fasciste ».
 
La représentante démocrate, Zoe Lofgren, qui préside la commission de la Chambre chargé de la sécurité électorale, a également rejeté un délai
 
« En aucun cas, nous n’envisagerons de [décaler l’élection] pour s’adapter à la réponse inepte et désordonnée du président en matière de Covid-19. Nous ne voulons pas donner de crédit aux mensonges et aux informations erronées qu’il répand », a-t-elle déclaré dans un communiqué envoyé à Reuters.
 
L’ancien président démocrate Barack Obama a lui aussi donné de la voix.
 
« Peu d’élections ont été aussi importantes que celle-ci à de nombreux niveaux », a lancé l’ancien président lors des funérailles de John Lewis, icône de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis.
 
« Les votes par courrier seront cruciaux dans ce scrutin », a-t-il ajouté, dénonçant, sans jamais le nommer, l’attitude de Donald Trump.
 
Interrogé lors d’un point de presse en fin de journée à la Maison Blanche, le président américain a entretenu l’ambiguïté sur le scrutin.
 
« Est-ce que je veux une autre date ? Non. Mais je ne veux pas voir une élection truquée », a-t-il répondu, assurant redouter, en raison du vote par courrier, de devoir attendre les résultats pendant « des semaines », « des mois » voire « des années ».
France24
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