Des squelettes criblés de balles découverts à Thiaroye : la vérité sur le massacre de 1944 refait surface

Des squelettes portant des impacts de balles ont été découverts dans le cimetière militaire de Thiaroye, en banlieue de Dakar, lors de fouilles archéologiques inédites lancées en mai 2025. Selon AFP, les restes humains exhumés présentent des projectiles logés au niveau de la poitrine, de calibres différents, confirmant l’hypothèse d’une exécution violente. Seule une partie du site a été explorée à ce stade.

Ces recherches visent à faire la lumière sur le massacre du 1er décembre 1944, lorsqu’une centaine de tirailleurs africains, démobilisés après avoir combattu pour la France, furent abattus par l’armée coloniale alors qu’ils réclamaient leurs arriérés de solde. Officiellement, Paris avait reconnu 35 morts. Mais plusieurs historiens avancent un bilan bien plus lourd, allant jusqu’à 400 victimes.

Les fouilles s’inscrivent dans une volonté politique du Sénégal de réclamer justice et vérité historique. Le 19 février, le gouvernement avait annoncé leur lancement, dénonçant la rétention de documents par la France, soupçonnée d’entraver la pleine compréhension de cette tragédie coloniale. Un comité d’experts sénégalais a été mis en place en avril pour produire un rapport, dont la publication est attendue.

Une expertise balistique est en cours pour identifier la nature des balles et des armes utilisées. Parallèlement, des analyses ADN permettront d’identifier d’éventuelles victimes. Les chercheurs espèrent également retrouver d’autres sépultures, notamment dans le camp militaire de Thiaroye, où étaient hébergés les tirailleurs à l’époque.

Ce drame, longtemps occulté dans les récits officiels, a été officiellement reconnu par la France en novembre 2024, à la veille du 80e anniversaire du massacre. Le Sénégal, qui avait organisé une commémoration inédite, entend désormais obtenir une reconnaissance complète des responsabilités et des réparations mémorielles.