Décès de Desmond Tutu : l’Afrique du Sud fait ses derniers adieux

Les obsèques de Desmond Tutu ont lieu, samedi, à la cathédrale anglicane du Cap. Une cérémonie très simple, épurée et confidentielle, conformément au souhait de l’archevêque. 

Desmond Tutu voulait une cérémonie simple et épurée et avait tout réglé dans les moindres détails. Après une semaine d’hommages, l’Afrique du Sud fait ses adieux, samedi 1er janvier, à cette icône de la lutte anti-apartheid et prix Nobel de la paix. Ses obsèques ont démarré à 9 h (heure de Paris) à la cathédrale anglicane du Cap, dont il a été longtemps l’archevêque.

Sous un ciel gris et une fine bruine, la famille et les amis de Desmond Tutu, mais aussi la veuve du dernier président blanc du pays Frederik de Klerk et de nombreux prêtres sont arrivés au compte-gouttes dans l’église.

« Papa dirait que l’amour que le monde entier nous a montré (cette semaine) réchauffe le cœur », a déclaré sa fille Mpho à l’assistance. « Nous vous remercions de l’avoir tant aimé. »

Le président Cyril Ramaphosa dira l’éloge funèbre, après la communion. Il remettra à la veuve de Mgr Tutu, « Mama Leah » comme l’appellent les Sud-Africains avec tendresse, un drapeau sud-africain, seul hommage militaire autorisé ici. Car « The Arch » avait tout prévu et voulait une cérémonie simple, épurée.

Le cercueil dans lequel il a reposé les deux jours précédents dans la cathédrale Saint-Georges, pour que des milliers de personnes viennent l’honorer et se souvenir de ce pour quoi ils lui sont reconnaissants, est en pin clair. Il avait demandé « le moins cher possible », dans un pays où les obsèques sont souvent l’occasion de montrer qu’on a dépensé sans compter pour le défunt. 

Ici pas de poignées en or, de simples bouts de corde pour pouvoir le transporter, évoquant la ceinture sobre des frères franciscains. Dessus, un bouquet d’œillets blancs. Mgr Tutu ne voulait pas d’autre fleur dans l’église. Que ceux qui veulent en offrir fassent plutôt un don à sa fondation. 

Une cérémonie confidentielle

Un ami de longue date de Mgr Tutu, l’ancien évêque Michael Nuttall, a été choisi par le défunt pour la dire et faire le sermon lors de cette messe « de requiem ». Quand Desmond Tutu était archevêque, Michael Nuttall, qui a écrit un livre intitulé « Numéro deux de Tutu » sur leur amitié, était son doyen.

Leur lien, « a sans doute touché une corde sensible dans le cœur et l’esprit de beaucoup : un dirigeant noir dynamique et son adjoint blanc dans les dernières années de l’apartheid, ce n’était pas rien. Et le ciel ne s’est pas effondré ! », a-t-il raconté depuis l’autel. « Nous étions un avant-goût de ce que pourrait être notre pays divisé. »

Il a également rappelé que Nelson Mandela qualifiait Mgr Tutu de « voix des sans-voix », une voix « parfois stridente, souvent tendre, jamais effrayée et rarement dénuée d’humour ».

La cérémonie réunit amis et famille, prêtres et quelques invités de marque comme l’ancienne présidente d’Irlande Mary Robinson, qui doit participer à la lecture de la prière universelle, et Letsie III, le roi du Lesotho voisin.

Pour ses obsèques, le berger Tutu a choisi, dans son dernier message aux hommes, le passage de l’Évangile selon St-Jean où Jésus s’adresse à ses disciples après leur dernier repas. Un message d’amour. « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »*

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