Dakar accueille le Fonds norvégien : Pour industrialiser le Sénégal à l’horizon 2050

Le Sénégal a accueilli mardi un nouvel acteur de poids dans le financement du développement économique. Le ministre du Commerce, Serigne Guèye Diop, a présidé la cérémonie de lancement du Fonds norvégien d’investissement, une initiative destinée à appuyer durablement le secteur privé national, en présence de plusieurs partenaires institutionnels, techniques et financiers.

« C’était une rencontre très importante », a souligné Serigne Guèye Diop. « Le Fonds norvégien, présent dans 30 pays avec une enveloppe globale de 4 milliards de dollars, vient combler un vide pour nos entreprises locales. Il s’adresse aux petites, moyennes et grandes entreprises sénégalaises qui peinent à accéder au financement. »

Le ministre a dénoncé un système bancaire local peu favorable à l’investissement productif, en raison notamment de taux d’intérêt jugés prohibitifs.

« Alors qu’en Europe, les taux gravitent autour de 2 à 3 %, ici, ils atteignent 10 à 11 %. C’est tout simplement insoutenable pour nos entreprises », a-t-il regretté.

Dans la perspective du Plan Sénégal 2050, qui ambitionne de porter la part du secteur secondaire de 25 % à 50 % du PIB, le ministre estime que « ce fonds vient à point nommé ». Il permettra, selon lui, de financer des investissements à long terme, notamment dans l’industrie, l’agroalimentaire, les énergies renouvelables ou encore l’aménagement d’infrastructures.

« Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est un financement patient, qui s’étale sur 12 à 15 ans. Ce fonds répond à cette exigence. Il va nous aider à transformer localement nos matières premières, comme le fer de la Falémé », a insisté Serigne Guèye Diop.

Outre les prêts à long terme, le ministre a salué l’autre volet du dispositif : l’investissement en capital.

« Le fonds pourra devenir actionnaire dans des projets structurants, au côté de l’État. Et c’est précisément ce type d’investisseurs qui nous manque pour accélérer notre industrialisation. »

La représentante du Fonds norvégien, également présente à la cérémonie, a exprimé son optimisme quant au potentiel du Sénégal.

« Nous sommes très heureux d’être ici. Le Sénégal est un pays clé pour nous. Nous y voyons des entreprises prometteuses, capables de croître et de créer des emplois durables », a-t-elle déclaré.

Le fonds oriente ses interventions vers quatre secteurs prioritaires : les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l’accès à l’eau et le secteur financier. Une orientation qui s’inscrit dans une démarche résolument tournée vers la transition verte.

« Le climat est au cœur de notre action. Nos investissements visent un avenir durable, avec une forte ambition de réduction des émissions. Nous croyons fermement qu’en soutenant le privé, on peut faire émerger un tissu économique solide et responsable », a-t-elle précisé.

En réponse à une question sur la nature du partenariat avec l’État sénégalais, elle a tenu à souligner l’importance d’un cadre institutionnel clair :

« Nous ne réalisons pas forcément des investissements conjoints avec le gouvernement, mais nous comptons sur lui pour assurer des conditions propices : infrastructure, réglementation, gouvernance. C’est une coopération essentielle pour que le secteur privé puisse réussir. »

Ce lancement marque donc le début d’un partenariat stratégique entre le Sénégal et la Norvège, tourné vers une croissance inclusive, durable et portée par un secteur privé mieux outillé pour relever les défis du futur.