Crise à La Poste : les syndicats dénoncent un plan de départ volontaire « opaque et socialement dangereux »

La crise qui secoue La Poste sénégalaise prend une nouvelle tournure. Réunis au sein d’une convergence syndicale, le Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications (SNTPT), le Syndicat national des agents de la poste (SINAP) et le Syndicat libre du groupe La Poste (SLGP) ont tenu, ce vendredi, une conférence de presse pour alerter l’opinion nationale et interpeller les plus hautes autorités de la République sur ce qu’ils qualifient de « graves manquements » dans la gestion de l’entreprise, notamment dans la mise en œuvre du plan de départ volontaire en cours.

Selon les responsables syndicaux, La Poste traverse aujourd’hui une crise aiguë, marquée par un quasi-arrêt de ses activités. Une situation qu’ils jugent ni fortuite ni récente. Ils rappellent avoir, par le passé, alerté sur les dérives répétées des directions générales successives, accusées d’avoir conduit l’entreprise dans l’impasse avec la complicité de certains acteurs syndicaux et d’une classe politique jugée complaisante.

Les syndicats pointent particulièrement la responsabilité de la direction générale actuelle, qu’ils accusent d’« incompétence manifeste ». Ils soulignent le contraste avec d’autres sociétés nationales comme Dakar Dem Dikk, l’AIBD ou la Sonacos, qui, bien que confrontées à des difficultés structurelles, ont bénéficié de conseils interministériels et amorcé un redressement visible. À l’inverse, La Poste, selon eux, s’enfonce dans l’inertie.

Pour masquer cette situation, la direction générale se retrancherait, d’après la convergence syndicale, derrière un plan de départ volontaire négocié, mais géré « avec une maladresse déconcertante ».

Les syndicats rappellent avoir accepté, dans un esprit de responsabilité, de négocier et signer, le 21 août 2023, une convention-cadre sur un plan de départ volontaire négocié. Cet accord visait à rétablir les équilibres financiers de l’entreprise, préserver la paix sociale et éviter des procédures longues et préjudiciables.

Cette démarche, affirment-ils, avait été confortée par des directives claires du Premier ministre, lors d’un conseil interministériel consacré à La Poste : maintien d’un climat social apaisé, sécurisation des ressources nécessaires et réalisation d’un bilan de compétences au plus tard en décembre 2025.

Cependant, la convergence syndicale dénonce une remise en cause de cet accord. Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique est accusé de s’être substitué à la tutelle financière, en invoquant la situation économique du pays, pour demander une réduction de l’incidence financière du plan.

Dans ce contexte, les syndicats disent avoir consenti un effort significatif, en renonçant à 12 mois sur les 60 mois initialement prévus pour le bonus de départ, ramené à 48 mois. Une proposition qui, selon eux, avait été acceptée publiquement par les autorités compétentes.

Toutefois, au moment de la notification officielle, les termes auraient été « totalement dénaturés ». Les syndicats accusent la tutelle et la direction générale d’avoir choisi « la voie du dilatoire et de la manipulation », en produisant une simulation financière opaque, sans transparence sur les critères de sélection des agents concernés par le départ volontaire.

Ils dénoncent également l’absence de bilan de compétences, pourtant exigé par le Premier ministre, ainsi que le maintien d’un staff jugé pléthorique, avec une quarantaine de directeurs et assimilés.

La convergence syndicale dit avoir appris l’existence d’un prétendu accord indexé sur 30 mois, conclu avec certaines organisations syndicales, prévoyant pour certaines catégories du personnel une prime de départ plafonnée à 6 millions de FCFA. Une proposition qualifiée d’« inacceptable », « méprisante » et « socialement dangereuse », au regard des sacrifices demandés aux travailleurs et de l’absence de garanties réelles pour leur avenir.

Pour les syndicats, cette approche risque de jeter de nombreux pères et mères de famille dans une précarité totale, sans prise en compte des engagements bancaires ni du solde de tout compte.

Clairs dans leur position, le SNTPT, le SINAP et le SLGP affirment que seule la convention signée en 2023 demeure légalement valable et que le nouvel accord évoqué ne les engage en rien. Ils estiment que les méthodes employées vont à l’encontre des directives du Premier ministre et préviennent que le ministre de tutelle et le directeur général porteront l’entière responsabilité de toute dégradation du climat social.

Tout en se disant ouverts à la négociation, les syndicats insistent : la relance de La Poste ne peut se faire contre les travailleurs, mais avec eux, dans le respect de leurs droits, de leur dignité et du pacte social. Leur combat, concluent-ils, n’est pas un blocage, mais une lutte pour la justice sociale, la responsabilité et l’avenir de l’entreprise postale nationale.

 

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Un commentaire

  1. Vendez les bâtiments et partagez l argent aux employés. Il est difficile, voire impossible de relancer la poste conccurecee par TIC


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