Covid-19 : Le monde des arts et de la Culture après le confinement vu par Moustapha Mané

Après avoir rudement subis les coups de boutoir de la pandémie COVID-19, les lieux culturels vont devoir bientôt reprendre leurs activités et accueillir visiteurs et spectateurs.
Dans cette optique, ils devront se soumettre à des contraintes et exigences qui n’épousent aucunement les contours de la pratique et des activités culturelles qui se veulent être d’ouverture, de brassage et d’échanges. Des modes d’animation, voire de mouvements, antinomiques des obligations de distanciation physique et, par voie de conséquence, de ferveurs collectives partagées
La grande inconnue demeure la réaction et le ressenti du public, entre appétit de culture et prudence dans la méthode d’approche imposée par les règles et mesures de sécurité sanitaire. Il est évident que la crise a révélé au grand jour la place que la culture occupe « dans tous les secteurs de l’action publique de par son impact sur l’attractivité du territoire, l’économie locale, l’emploi. »
Tout au long de la période de confinement dû par la crise sanitaire, les sénégalais ont découvert une autre manière d’aborder et d’apprécier les produits de la création artistique comme littéraire qui se veulent être les ciments de toute activité culturelle qui se veut efficiente parce que épanouissante dans le temps et l’espace de sa mise en mouvement. Sous ce registre, bon nombre de sénégalais ont eu à consommer des produits culturels dématérialisés mais aussi des œuvres et biens culturels dénaturalisés réduits à leur plus simple expression. En ce sens que la pandémie du COVID-19 a imposé, de nouveaux modèles de consommation qui ont fait jour en fonction des impératifs de protection et de sauvegarde de la santé individuelle comme collective des populations.
Une donnée contextuelle qui a donné lieu à une sorte d’explosion du fait culturel numérique, de la « culture chez soi ». Une situation qui a confirmé et consolidé par endroits la valorisation et la diffusion de la production numériques, sur les sites internet, et sur les réseaux sociaux : visite virtuelle d’exposition, films en streaming, jeux, jeunesse, quizz etc….les initiatives sont nombreuses et variées. Ce qui du coup à suscité un engouement des internautes qui sont devenus friands et en redemandent plus d’avantage. Toutefois, il faut souligner que dans le cadre de son épanouissement, le confiné a toujours senti l’utilité et l’impact de la culture, à travers la création artistique pour un engouement et de son épanouissement intégral.
Néanmoins force est de reconnaître que la période de confinement sanitaire imposée aux sénégalais par la crise sanitaire du Covid-19 a imprimé de nouvelles habitudes culturelles. En ce sens qu’elle a été propice à l’imagination créatrice, tonique pour la création, mais aussi salutaire à la créativité parce que propice à l’inspiration. Il ne fait point de doute que l’assouplissement des mesures sera aussi favorable à cette circonspection, voire cette réflexion, qui habite les créateurs sénégalais toutes disciplines confondues.
Reste à savoir ce qu’il adviendra dans les semaines et les mois à venir. Les sénégalais garderont peut-être des modes de consommation de biens culturels via internet ou préféreront-ils retourner dans les musées, dans les salles d’exposition et les salles de concert ? Ou bien les deux pratiques coexisteront ? Il sera intéressant de suivre cette évolution alors que s’ouvre une nouvelle période, celle de l’allégement des mesures sanitaires, mais aussi de respect des gestes barrières. La réouverture des musées et monuments mais aussi des théâtres et salles de spectacle obéira à une «logique de confiance» mais aussi de vigilance, de rigueur et de prudence.
Certes il est évident que les annonces d’annulation des événements culturels ont fait l’effet d’une douche froide pour les activités culturelles, parce que de par leur attractivité ils participent à l’animation, voire la mise en mouvement de l’action culturelle, des territoires et à travers des spectacles divers et variés, mais complémentaires dans leurs objectifs. Une forme de latence, voire d’attente, qui se veut témoin avéré de l’impact de la crise sanitaire à la limite préjudiciable à la création artistique en particulier et les activités culturelles en général.
Alors se pose la question de savoir s’il faut organiser la fête de la musique dans les réseaux sociaux et sur les télévisions en Live TV ? Toutefois il importe de préciser qu’avec la programmation des événementiels culturels préalablement prévus en extérieur, elle risque de s’effectuer d’une manière sensiblement différente des saisons culturelles précédentes. En ce sens que si l’on devait maintenir la traditionnelle fête de la musique, elle se réaliserait d’une forme particulière et inédite du fait de la distanciation physique, la tenue des mesures et gestes barrières édictées.
Le Ministère de la culture, en concertation avec la Ville de Dakar, devrait réfléchir à une variante numérique organisée en LIVEBAND retransmise en direct à la télévision où, les artistes se succéderont sur scène pour montrer le caractère reproductible de la filière musique, ainsi, les images ou extraits de ce live band pourraient être diffusées sur le compte FACEBOOK dédié l’événement en LIVE. Le public est en attente des dernières directives décidées par les organisateurs, chacun dans son domaine de compétence. Le confinement n’est pas une fin en soi. Bien au contraire il participe d’une prise de conscience bénéfique qui invite le monde de la culture en général et des arts en particulier à se réinventer pour stimuler et promouvoir la mise en œuvre des projets artistiques créatifs indispensables à un redimensionnement d’une action culturelle efficiente et mobilisatrice.
Cette pandémie ne doit pas être source d’inquiétude. En ce sens qu’elle offre au monde de la culture l’opportunité de se replonger dans la voie d’une maturité propre à
redorer le blason de la création et de l’invention, et aux populations la joie de se retrouver, malgré les vicissitudes du temps et de l’espace, et de partager la mise à disposition de programmes riches et variés : expositions d’arts visuels, des festivals, concerts et autres événements socioculturels, condition sine qua non d’un plénitude assurée.
Sous le même registre et dans l’optique de compenser les difficultés et autres obstacles liés à l’observation des mesures et gestes barrières pour éviter la propagation et, par de conséquent, la transmission du VIRUS au sein de la population. Il faut noter que les cultures urbaines ont eu à bénéficier d’un financement de l’état pour la poursuite de leurs activités.
Moustapha MANE, diplômé de l’université SENGHOR,
Spécialistes des Industries Culturelles et Créatives
Contacts : manemoustapha@gmail.com
Téléphone : 77.542.94.41